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Billet de blog 19 octobre 2021

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Danse avec Ivan Viripaev

Dix ans après la création de « Danse « Delhi » » du russe Ivan Viripaev par Galin Stoev, Gaëlle Hermant renoue avec cette pièce en sept pièces où la vérité, la mort et l’amour ont et donnent le tournis. Les acteurs se régalent. Leur plaisir contamine le public.

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Depuis son arrivé à Moscou en décembre 2000, en provenance d’Irkoutsk, avec sa première pièce Les rêves présentée au premier festival de théâtre documentaire moscovite (bien qu’elle soit nullement documentaire), Ivan Viripaev n’a cessé d’être l’agité du bocal du théâtre russe. Par son écriture, ses postures, son activisme ( participant à la création de Teatr.doc, dirigeant quelque temps le théâtre Praktica voué aux auteurs contemporains) et surtout écrivant des pièces aux structures déjantées peuplées de personnages peu habitués à frayer les scènes des théâtres russes. Sa seconde pièce Oxygène allait faire le tour du monde.Dès le début, l’originalité de l’écriture de Viripaev est repérée à Moscou par Tania Moguilevskaïa et Gilles Morel qui allaient par la suite traduire la plupart de ses pièces dont Danse « Delhi » en 2011, l’année où Galin Stoev crée cette pièce piégée au Théâtre de la Colline après avoir mis en scène Oxygène en bulgare puis en français.

Dix ans plus tard, Gaëlle Hermant s’y attelle à son tour, cette fois au Théâtre Gérard Philipe de Saint Denis, un projet longtemps retardé pour cause de Covid. Le soir de la première avaient pris place dans la salle plusieurs actrices de la création dix ans plus tôt, venues voir par quel bout leurs camarades (et souvent ami.e.s) avaient abordé cette pièce étrangement et savamment structurée. Dans la navette du retour, Caroline Chaniolleau qui interprétait la femme âgée il y a dix ans a longuement parlé avec Laurence Roy qui lui a succédé dans ce rôle, On se serait cru au cœur d’une pièce de Viripaev où les glissements identitaires sont monnaie courante.

C’est le cas pour Danse « Delhi ». Tout se passe dans une salle d’attente d’un hôpital où quelqu’un.en est sur le point de mourir, est déjà mort ou bien se remet miraculeusement, mais nous n’en dirons rien car le plaisir du spectateur est dans le cheminement tapissé de surprises, entre vie, mort et amour. Dans cette pièce gigogne, la tragédie naissante est étouffée dans l’œuf par la comédie. « Détendre les gens et les ouvrir , voici les deux objectifs de mon travail » déclarait Viripaev au moment de la création dans un entretien avec ses traducteurs.

C’est ainsi que le comique de répétition s’invite à l’hôpital à l’heure où l’infirmière doit faire signer des papiers pour le transport du corps à celui ou celle qui vient de perdre un être cher. C’est le cas dès le début de la première des sept pièces composant Danse « Delhi » (je vous laisse découvrir le pourquoi de ce titre) où dans le rôle de Catherine, l’actrice Manon Clavel, donne le bon tempo de ce qui va suivre : mi-figue, mi-raisin. En outre, la metteure en scène Gaëlle Hermant a demandé à Viviane Hélary de ponctuer la fin de chacune des sept pièces d’une création musicale qu’elle interprète sur scène derrière un voile blanc et s’accorde bien, elle aussi, avec l’écriture ritournelle de ce diable d’Ivan Viripaev..

Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis jusqu’au 22 oct. Reprise en 22 au Théâtre de la Criée (Marseille) du 18 au 20 janv ; les 28 et 29 janv au théâtre Eurydice à Plaisir (78), enfin les 14 et 15 juin à St-Quentin-en-Yvelines.

La pièce est publiée en traduction aux éditions Les Solitaires intempestifs comme tout le théâtre de Viripaev.

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