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Billet de blog 20 juin 2025

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Merlin enchante l’école de Limoges

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Illustration 1
Scène de "Merlin ou la terre dévastée" © Maïssa Attallah

Auteur dramatique très prisé en Allemagne, Tankred Dorst reste relativement méconnu en France. Patrice Chéreau nous avait fait découvrir son Toller sur la brève histoire de la République des conseils en 1919. Plusieurs de ses pièces comme La Grande Imprécation devant les murs de la ville ,Moi, Feuerbach ou encore Fernando Krapp m'a écrit cette lettre ont été traduites et publiées à l‘Arche tout comme Merlin ou la terre Dévastée (dans une traduction de Hélène Mauler et René Zahn), grande pièce échevelée autour des figures de La table Ronde (le roi Arthur, Guenièvre, Lancelot et les autres).

La compagnie Les possédés de Rodolphe Dana avait mis en scène en 2009 Merlin ou la terre dévastée, un spectacle qui tourna et vint au Théâtre de la Colline. C’est cette dernière pièce aussi conséquente que foutraque que la metteure en scène Ambre Kahan (dont on n’a pas oublié la version scénique de L’art de la joie dont on attend la suite) a choisi pour le spectacle de sortie des élèves de la onzième promotion e l »ESTU, l’école théâtrales supérieure de Limoges en sorte que les seize élèves soient tous ensemble sur le plateau et contribuent à l’adaptation de la pièce. Belle et juste idée car la pièce est un peu comme ces magasins où on trouve de tout. « Il s’agit de leur offrir une matière et un terrain de jeu propice à ce qui marquera la fin de leur apprentissage dans le cadre de l’école » souligne Ambre Kahan. Avant de basculer dans la profession, avant de chercher leur Graal. Comme si le spectacle était aussi une métaphore de leur vie, là où elle en est : à la croisée des chemins.

Tout commence par la naissance de Merlin, ce fils du diable. Et très vite voici le geste fameux : Arthur, coaché par Merlin, là où tous les chevaliers ont échoué, tire l’épée Excalibur du bloc de pierre dont elle est prisonnière. Sur ce le roi Arthur sans va commander au menuisier un table ronde suffisamment imposante pour être une métaphore du monde et accueillir une belle brochette de chevaliers. Pendant que l’on fabrique la table on fait connaissance avec le beau Lancelot qui en pince pour la reine Guenièvre laquelle lui rend la politesse ce qui ne l’ a pas empêché de faire un enfant à Hélène , etc. Et voici que Perceval (bientôt chevalier) et une belle déjà sous le charme qui se regardent les yeux dans les yeux . Amours, illusions, ambitions, rivalités, jalousies, traîtrises, peurs, bravoures, morts vont se succéder, s’entremêler, se chamailler. Et ainsi de suite

Au soir de toutes ces batailles et de tous ces combats amoureux dont il a été le témoin et parfois l’instigateur, Merlin est fatigué. « J’en ai assez de tout le monde ». Il dit vouloir disparaître dans la forêt de Brocéliande. Mais à la toute fin, il reviendra mourir en scène sur un air de Purcell.

Beau travail, très riche, très touffu (trop peut-être), les seize élèves et déjà ex élèves -Aya Ben Cacou, Lilou Benégui, Sidi Camara, Justine Canetti, Samy Cantou,Hector Chambionnat, Marcel Farge, Nils Farré, Amer Ghaddar, Chahna Grevoz, Anna Mazzia, Juliette Menoreau, Inès Musial, Lila Pelissier, Barthélémy Pollien, Baptiste Thomas - qui interprètent le plus souvent plusieurs rôles, sortent de scène rassasiés de théâtre. Et ils en redemandent.

Créé au Théâtre de l’Union à Limoges les 18 et 19 juin, le spectacle sera à l’affiche des Plateaux sauvages du 22 au 26 sept

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