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Billet de blog 21 septembre 2023

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Allô Delphine Seyrig ? Ici Raphaëlle Rousseau

Pour son premier spectacle, « Discussion avec DS », Raphaëlle Rousseau s’entretient avec un fantôme, celui de Delphine Seyrig. Elles en ont des choses à se dire...

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Illustration 1
Scène de "Discussion avec DS" © India Lange

Les archives de l’INA sont une formidable machine à ressusciter les morts, à les faire dialoguer avec les vivants. Il y a longtemps, au Festival Passages, j’avais ainsi dialogué avec Tadeusz Kantor quelques années après sa mort. Adossé sur le décor de Wielopole Wielopole, assis sur une chaise vide, il répondait à mes questions et ses réponses étaient le fruit d’un montage serré de bandes d’archives sonores venant de l’INA. En écoutant sa voix, je me suis souvenu de nos rencontres dans son petit bureau à la Cricothèque à Cracovie.

Dans Discussion avec DS, Raphaëlle Rousseau va beaucoup plus loin. Elle puise dans les archives sonores mais elle n’a pas connu son héroïne, Delphine Seyrig, décédée deux ans avant la naissance de la jeune actrice sortie de l’école du TNB et qui signe là son premier spectacle.

C’est en tombant sur une interview d’elle sur internet que tout à commencé. « Je me suis demandé comment, au début des années 60, elle avait pu formuler les questions que je me posais des décennies plus tard, et apporter des réponse en avance sur son temps. Cela m’a fasciné, j’ai eu une sorte de coup de foudre et à partir de là j’ai tout regardé, tout lu. » Élève à Rennes à l’école du TNB « elle m’accompagnait tellement que j’aimais prendre sa voix ». Dès lors, on peut penser que son spectacle tient à la fois de l’exutoire, de l’hommage et du geste amoureux.

Son spectacle, au titre non usurpé, Discussion avec DS, a été créé dans la salle Christian Bérard en haut du Théâtre de l’Athénée, il est repris dans la petite salle, eu haut du théâtre de la Bastille. Des bougies au sol éclairent des photos de la déesse DS, pour la plupart des photos de films et quelques effigies cartonnées des affiches de ses films tiennent la garde autour de l’autel.Autant d’images qui font référence à ses films, seulement ses films

Le spectacle n’évoque pratiquement pas la belle et longue carrière théâtrale de Seyrig, son parcours avec Claude Régy ou ce texte de Samuel Beckett qu’elle a joué sous sa direction. Ce volet théâtral, c’est aussi ce qui manque au seul et beau livre introspectif sur le jeu de l’actrice, Delphine Seyrig en construction signé Jean Marc Lalanne (éditions Capricci), livre que Raphaëlle Rousseau cite en tête de ses références.

Peu à peu la voix enregistrée de l’une et et la voix parlée de l’autre s’épaulent, se répondent, font la conversation.Tout se passe comme si l’actrice mythique et adorée changeant de place comme de tenues supplantait le fantôme de DS au point que… Simple illusion. Raphaëlle Rousseau revient saluer. Seule. Mais en tenant une image figée de DS par la main.

Théâtre de la Bastille jusqu’au 7 oct à 19h, les sam 23 et 30 à 17h, le sam 7 oct à 20h

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