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Billet de blog 23 mai 2024

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Simon Falguières allume trente six chandelles

Dans « Le cœur de la terre », Simon Falguières entraîne dans son univers, en les questionnant et en les mettant en scène, 36 élèves sous peu bacheliers de Vire et de La Garenne-Colombes. Le spectacle ouvrait le festival A vif au Préau, CDN de Vire et viendra à Nanterre-Amandiers.

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Illustration 1
le coeur de la terre , scène © Alona Zhuravel

Dans l’univers de Simon Falguières il y a toujours des êtres qui se perdent pour mieux se retrouver, qui s’endorment pour mieux se réveiller, et qui voyagent dans les lisières -lesquelles riment avec mystères-  et au-delà pour mieux connaître, décortiquer et chatouiller le verbe aimer. On retrouve ces enchantements dans cette nouvelle pièce Le cœur de la forêt en deux parties, comme les deux faces d’une même pièce.

« J’ai depuis de nombreuses années le désir d’écrire sur ce double mouvement poétique de la Catabase (descente dans le monde des morts) et de l’Anabase (ascension vers les sommets lumineux) » écrit Simon Falguières. Le fait de travailler à la fois dans des établissements scolaires du bocage virois et dans un lycée pro de la banlieue parisienne du côté de Nanterre lui a permis d’assouvir pleinement cette envie  poétique. « Dans la Catabase ce sont des jeunes gens de milieu rural qui s’enfuient par un souterrain forestier dans le coeur de la terre. Dans l’Anabase, c’est une bande de jeunes citadins qui s’enfuient dans la montagne » écrit-il.

Les uns montent, les autres descendent, ce qui compte, c’est le chemin, ses embûches autant que ses récits et ses guirlandes de questions ( « Est-ce qu’on est entouré de gens qui ont peur ? » , « Est-ce que la volonté n’est pas une question sociale ? » , etc) portées par la génération de ces adultes en herbe . Un corbeau, si cher aux légendes et aux chamanes, viendra s’inviter en cours de route. Et bien d’autres choses à commencer par les rêves et les questionnements pimentés d’inquiétude de tous ces jeunes qui, quelques jours après la fin des représentations passeront leur bac.

Le corbeau (jouée par Emmie) s’impatiente, alors « la fable » entre en scène, voici Ella celle qui se pose toujours des questions « parce qu’elle ne veut pas passer à côté de son coeur » dit son amie Zélie. Le corbeau emporte Ella, « je chante le coeur d’Ella qui tremble de voler dans le ciel à coté du corbeau » dit Maïtena. Le corbeau qui connaît la musique donne à Ella une petite clef en forme de petit oiseau en or. A la séquence suivante la voici chez elle, dans son lit, sa mère qu’inquiète de son agitation ; « maman je ne veux pas passer à côté de ma vie. Je veux être sûre de faire ce que je veux » dit Ella avec derrière elle, toutes les Ella.

De l’autre côté du monde, les jeunes du lycée rpo la Tournelle nous disent : le monde a explosé, les gravats sont partout, etc... Mohamed Amin regarde le public : « ils ne nous croient pas ». Alors, à la place de Paris, apparaît une montagne. « C’est l’histoire d’un groupe d’adolescents qui entreprend l’ascension de la montagne nouvelle » dit Mattéo. Et le tournage d’un film se met en place. D’autres rebondissements vont se succéder. Les temps vont de dilater, se compresser, cohabiter...

Du Simon Falguières pur jus et juteux , un univers à ressort et rebondissements dans lequel les adolescents se sentent aussi à l’aise que les comédiens pros. Ella, n’est plus une mais une multitude. « Je vais aimer /beaucoup /je vais être heureuse / Beaucoup/et malheureuse/ beaucoup/ mais je ne m’arrêterai jamais » disent-elles.

A Vire, le festival A vif se poursuit au Préau jusqu ‘au 28 mai (programme sur www.lepreaucdn.fr). Le spectacle Le coeur de la terre, se donnera au Moulin de l’Hydre de Saint-Pierre d’Entremont le 25 mai à 16h puis au théâtre de Nanterre Amandiers le 8 juin à 18h.

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