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*En 1999 paraissait In situ, le premier livre de Patrick Bouvet âgé alors de 37 ans. On connaissait l’homme comme compositeur et chanteur de rock. Ce premier livre (d’autres suivront, tous aux éditions de l’Olivier) détonnait et surprenait par son écriture pleine d’oralité saccadée, soufflée, balafrée. Ce livre agencé comme un poème met en scène une femme errante dans un monde traversé par des guerres, des prises d’otages, des bombardements, des organisations criminelles, un monde où on ne sait si ce sont les cartes ou les ordinateurs qui sont « ivres de chanvre indien ». On y voit des gens fuir, des immeubles s’écrouler. Il est question d’un « général président » présenté comme « un arbre mort ». Des phases à la typographie coupée, coupante, haletante: « à la sortie de la ville/ le charnier/ de la paix : l’eldorado / de la mort ». Les Nations-Unis font des communiqués pour combattre l’impunité de ceux qui « commettent des atrocités sans crainte des conséquences », etc.. Sans qu’aucun pays ne soit nommé, ce long poème musical cogne de plein fouet notre actualité.
Ce texte accompagne Joël Jouanneau depuis sa parution. Metteur en scène de nombreux spectacles portés par d’auteurs souvent contemporains, écrivant lui même une dizaine de pièces, Joël Jouanneau s’est retiré du circuit il y a une dizaine d’années pour vivre en Bretagne et écrire. C’est l’actrice Cécile Garcia Fogel (il l'avait plusieurs fois dirigée) qui est venu le chercher pour le sortir, provisoirement, de sa retraite. Elle avait envie de travailler avec lui.
Jouanneau lui a proposé In Situ. Texte dont il admire la « musicalité» et qu’il aime à retrouver régulièrement. « J’aurais aimé l’écrire, c’est tout dire » écrit-il. Il a demandé à son ami le guitariste Pierre Durand ,avec lequel il a déjà travaillé, d’accompagner l’actrice sur scène. Un détonnant duo forgé d’une complicité comme instantané. Cécile Garcia Fogel boxe le texte en s’y lovant, elle en suite les méandres, les sauts de l’ange, travaille ses appuis, glisse, revient, bondit, rebondit, fait un pas de côté, alterne micro et voix directe, s’éloigne du musicien pour mieux l’entendre et le retrouver, disparaît, revient in situ. Domestiquant la petite scène en haut du théâtre de la Bastille, l’actrice est là,, son regard, son buste, ses jambes, ses bras jamais au repos, corps on ne plus en alerte, toute vibrante. Derniers mots : « Adam à la recherche/ d’un corps/ dans ce stade/ monde/ à la recherche/ d’une silhouette / dans le public/ d’une femme/ qui veut tout/ recommencer/ à /zéro ».
Le spectacle avait été crée au Théâtre de la Bastille, il revient aux Plateaux sauvages avec la complicité du Théâtre de Nanterre -Amandiers du 3 au 15 mars, du lun au ven 20h, sam 17h30
In situ de Patrick Bouvet aux éditions de l’Olivier