Toute sa vie aura été consacrée au théâtre sur lequel il portait un regard aguerri, tatillon autant qu’amoureux. Cuisinier émérite, il goûtait le théâtre, d’abord par l’analyse de textes et par la dramaturgie des spectacles confortées par son formation philosophique à l’université de Caen et son savoir psychanalytique. C’est dans cette ville normande qu’il se fit remarquer dans les années 70 en animant un groupe de recherches théâtrales et en fondant, avec d’autres membres du groupe, la revue L’autre scène.
Tenté un temps par le journalisme, il devait effectuer un bref séjour au service théâtre du quotidien Libération dans les années 80. Mais travailler dans un quotidien, avec ses urgences et ses dead lines intempestives, ne lui convenait guère. Il s’en éloigna sagement pour mener une carrière multiple mêlant travaux universitaires, enseignement, écriture d’essais voire de pièces, production radiophonique (Atelier de création radiophonique à France culture de 1973 à 1983) ou encore directeur de revue.
Quand Jacques Lassalle est nommé Administrateur de la Comédie-Française au début des années 90, il l’appelle à ses côtés pour diriger et animer les Cahiers de la Comédie-Française et la Gazette (aujourd’hui disparus) ainsi que des collections d’ouvrages. Début d’une longue amitié sanctionnée par deux livres de belles conversations : Conversations sur Dom Juan (POL, 1994), Conversations sur la formation de l’acteur (Actes Sud-Conservatoire national supérieur d'art dramatique, 2003).
Étudiant, il avait entamé une thèse sous la direction de Roland Barthes, il ne l’achèvera pas mais après la mort de son professeur qui avait été l’un des piliers de la revue Théâtre populaire, il mènera à bien la publication de ses Écrits sur le théâtre (Points poche). Son amitié avec le cinéaste Raoul Ruiz lui vaudra d’écrire deux scénarios avec lui et d’effectuer un passage de l’autre côté, en étant acteur par deux fois.
De 2001 à 2005, maître de conférences, il enseigne à l’Institut d’études théâtrales de Paris 3 et au Conservatoire de Paris (CNSAD) avant d’être nommé professeur d’études théâtrales à l’ENS de Lyon. Ces dernières années, après son périple lyonnais, il s’était pris de passion pour les séries télévisées. Chez lui la passion n’allant pas sans la réflexion, il y a deux ans, il avait ainsi consacré un ouvrage à la série Oz sous le titre Oz. Drogue amour et utopie (PUF).
« Jouir du théâtre n’est pas remplacer ou ramener un souvenir perdu, c’est jouir de l’avoir perdu, son corps a disparu, son onde est vive. Le théâtre me parle donc de ce qui est mort en moi, parle au mort en moi,à ma mort. Et pourtant je suis vivant… » écrivait-il dans Comment est la nuit ? sous-titré "essai sur l'amour du théâtre" (éditions Arkhé, 2007), sans doute son livre le plus personnel. Comment est la nuit? Il le sait, désormais.