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Billet de blog 30 mars 2024

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Pas de vivats pour « Les Vivant·e·s », ça pollue

Conférence écolo responsable ou spectacle mortifère ? A travers « Les Vivant·e·s », via Kate Mitchell, Miranda Rose Hall et l’actrice Juliette Navis, David Geselson nous parle d’extinctions en cours : humains, chauve-souris, Léopard des neiges, etc., tout va disparaître. C’est une morne veillée subtilement éclairée par l’ingénieux Maurizio Moretti.

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Au départ, il y a un texte titré Une pièce pour les vivant.e.s en temps d’extinction écrit par Miranda Rose Hall et mis en scène par Kate Mitchell. Il fallait aller à Lausanne, à pied ou en vélo, au Théâtre Vidy pour voir la chose en spectateur responsable. Le protocole du spectacle stipule qu’il ne tournera mais pourra être recréé partout dans le monde en respectant quelques règles : sobriété (attention aux émissions de carbone), non recours à l’électricité pour éclairer la scène. De plus, l’interprète unique du texte ne doit pas être issue de la majorité visible du pays où il se joue. C’est là une application du projet STAGES (Sustainable Theatre Alliance for a Green Environmental Shift) dont les théâtres de Vidy, Liège ou la MC93 sont partenaires avec d’autres théâtres européens ainsi que les artistes Kate Mitchell et Jérôme Bel.

Geselson voit dans tout cela « une provocation à la pensée ». Il ne cherche nullement à imiter les présentations passées de Lausanne et d’ailleurs, il traduit puis adapte le texte et se pose la question de l’éclairage de la scène sans avoir recours à l’électricité. Pas simple. Comme souvent, tout se noue autour de rencontres. D’une part, celle de Monsieur A qui à Paris tient l’unique exemple de magasin de lampes à huile, à pétrole et à gaz. Et, d’autre part, celle de Maurizio Moretti, responsable de l’atelier construction de la MC93 qui construit des paraboles en bois pour accueillir les lampes à huile. Des objets « faits à la main, pas avec une imprimante 3D sur ordinateur », note fièrement Geselson dans ses notes de travail.

Fin novembre dernier, en plein travail sur le spectacle, l’actrice Juliette Navis envoie un mail à David Geselson : « Les vivants, de par ses contraintes de fabrication, permet d’ouvrir une réflexion sur des questions que nous ne pourrons plus éviter désormais : comment le théâtre va-t-il continuer à exister dans un contexte d’épuisement des ressources ? Comment réduire l’impact écologique de nos créations artistiques, de nos tournées ? Comment mutualiser nos moyens et nos forces ? Comment s’entraider et continuer à créer malgré tout ? » Ce questionnement ne figure pas dans le spectacle qui s’avère être plutôt une conférence théâtralisée qui égrène les disparitions en cours (animaux, flore, etc.). En contrepoint, un violoncelle joue du Bach. Le charme est ailleurs : dans les histoires d’amour qui se nouent entre les lampes à huile et les paraboles de maître Moretti.

Les Vivant.e.s, une pièce pour les vivant.e.s en temps d’extinction, MC93, du mar au ven 19h30, sam 18h30, jusqu'au 3 avril.

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