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Les gens ordinaires sont potentiellement extraordinaires, c’est là le mantra de Caroline Guiela Nguyen. Et sa nomination à la direction du TNS donne plus ampleur à cette visée qui traverse le plus souvent le façonnage de ses pièces et des spectacles qui en résultent tels Saïgon ou Lacrima (ces jours-ci à l’affiche d’un magnifique et prestigieux théâtre au Japon). En sous-bassement à son travail, elle y fonde un droit : celui, pour chacun.e de participer concrètement à la création. C’est ainsi qu a germé Galas, « dix jours de fêtes et de création avec les habitantes, spectacle, rencontre, bal, concert, ateliers » qui s’achèveront ce 3 mai - le Marius de Pommerat y était à l affiche. Dix jours de galas extraordinaires pour, par et souvent avec des gens dits ordinaires.
La directrice du TNS y signe Valentina, un spectacle dont elle assure comme toujours l’écriture et la mise en scène. Depuis longtemps, raconte-elle, elle souhaitait travailler sur la notion d’interprète (l’une langue à l’autre). Personnage particulier puisqu’il est à la fois « au centre du discours » mais qu’il lui faut « aussi se faire disparaître » explique Caroline qui dit avoir été marquée, alors qu’elle travaillait à la Schaubhune de Berlin, par son interprète. Cette dernière lui avait dit ne pas pouvoir être là tous les matins car elle accompagnait des femmes ukrainienne au moment de leur accouchement. « Cette présence d’un intermédiaire externe, au moment qui est sans doute le plus intime d’une vie, m’a profondément marquée ». C’est l’un des points d’ancrage de Valentina qui va prendre également appui sur les contacts de l’équipe du TNS avec l’ association Migrations Santé Alsace et ses interprètes qui traduisant souvent des choses difficilement audibles comme un refus de droit d’asile. Cependant, souvent, l’interprète manque, faute de combattants, alors il arrive que l’un des enfants, scolarisé en France, tienne le rôle d’interprète.
La fiction de Valentina part de là, une fiction que l’autrice situe dans la communauté roumaine de Strasbourg. Caroline Guiela Nguyen imagine une femme roumaine venant en France pour soigner des problèmes cardiaques et emmenant sa petite fille avec elle, le mari restant travailler au pays. La mère ne parle pas le français, sa petite fille, scolarisée, elle apprend le français à grands pas et devient l’interprète de sa mère auprès du corps médical. Ne disons rien de la suite qui, loin des impasses du verbatim, donne à la pièce , en poussant l’amour filial à l’extrême, l’allure d’un conte fantastique.
La pièce écrite, pour recruter les interprètes, l’équipe du TNS est allée déposer des flyers dans une église orthodoxe de Strasbourg, fréquentée par la communauté roumaine. Les réponses ont été nombreuses. Loredana Iancu (la mère) en alternance avec Cara Parvu, Angelina Iaucu (l’ enfant) ont été choisies, l’actrice Chloé Catrin tient le rôle du corps médical, etc. Caroline Guiela Nguyen s’est entourée de ses partenaires habituels : Alice Ducharne (scénographie), Mathilde Chamoux (lumière), Quantin Dumays (son) etc.
Selon le même principe, le TNS a passé commande d’un spectacle à la metteure en scène Claire Lasne Darcueil qui a écrit et met en scène Je suis venu te chercher en collaboration avec la chorégraphe Kaori Ito. L’histoire d’un jeune homme Amir qui cherche son père. Faiblesse abyssale de la pièce, pesante présence d’une cinquantaine de comédien.ne.s amateur.es gesticulant. Ce n'est plus un gala, c’est une galère.
Reprise au TNS du 16 sept au 3 oct du lun au ven à 20h sf le 3oct à 19h et le sam à 18h