Il y a cinquante ans, un jeune homme de 18 ans aux cheveux bouclés poste un manuscrit à la poste de Valentigney petit village non loin de Besançon et Montbéliard. L’adresse ? Celle des Éditions Gallimard. Ce n’est pas un sonnet mais un roman ayant pour titre Le motif que le jeune homme (qui signe de son vrai nom Jean-Luc Lagarce) envoie début mars 1975. On lui répond le premier avril et ce n’est pas une blague : « j’ai le regret de vous informer qu’après examen attentif, notre comité de lecture... », on devine la suite. Le peu qu’il nous reste de ce texte donne raison au comité de lecture.
Cinquante ans plus tard, Jean-Luc Lagarce n’est plus, emporté par les années sida, son œuvre elle demeure et triomphe, partout dans le monde, publiée en français par la maison d’édition Les solitaires Intempestifs qu’il avait créée et co dirigée avec François Berreur et dont ce dernier a vaillamment maintenu le flambeau, et plus encore, après la mort de son ami. Berreur, directeur des Solitaires Intempestifs vient de signer un accord avec Antoine Gallimard, président du groupe Madrigal : « le groupe entre au capital des éditions Les Solitaires Intempestifs en tant qu’actionnaire majoritaire »,et « François Berreur reste actionnaire et directeur de la maison d’édition ».
Les Solitaires intempestifs rejoignent donc au sein de Madrigal, outre les Éditions Gallimard, des maisons comme Minuit, POL ou Christian Bourgois. De plus, le fond essentiellement théâtral des Solitaires intempestifs , va redorer en ce domaine le blason de Gallimard quelque peu écorné depuis la quasi mise en sommeil de la prestigieuse collection Le Manteau d’Arlequin créé au début des années 50 par Jacques Lemarchand.
Longtemps après sa mort, Jean-Luc Lagarce va enfin se retrouver dans la maison de l‘auteur qu’il admirait, imitait dans ses balbutiements et qu’il avait plus tard mis en scène avec force :Eugène Ionesco.
Dernières publications des Solitaires intempestifs ; des textes signés Pascal Rambert, Tiago Rodrigues, Carolina Bianchi ainsi qu la première pièce de l’actrice Clotilde Mollet. A venir un essai de Bruno Tackels consacré à Walter Benjamin pour accompagner les écrits de ce dernier consacrés au théâtre.