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Billet de blog 7 juillet 2023

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Circulaire de rentrée 2023 : l'éducation et la culture à la découpe

Il ne manquait, pour boucler l’année scolaire, que la circulaire de rentrée. Publiée hier, elle révèle par ce qu’elle contient et ce quelle ne contient pas, des choix majeurs de politique scolaire.

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Cela fait partie des rituels de l’éducation nationale, la publication, en fin d’année scolaire, de la circulaire rappelant, pour la rentrée suivante, les priorités fixées par le ministre de l’éducation nationale.

Celle de cette année[1], comme les précédentes, est prise en étau entre l’affichage de priorités politiques de long terme et de priorités plus circonstancielles. Elle annonce ainsi trois priorités, faire de l’École un espace protecteur pour les élèves et les personnels, permettre à chaque élève d’acquérir les savoirs fondamentaux et de réussir dans ses apprentissages, et, de la France rurale aux Quartiers 2030, lutter contre toutes les inégalités sociales et scolaires. Ce sont les trois premières parties de la circulaire, qui se poursuit avec trois autres parties : permettre à chaque élève de s’épanouir et d’avoir toute sa place à l’école, une année olympique et paralympique : contribuer à faire de la France une Nation sportive et faire confiance aux équipes et leur donner les moyens de mettre en œuvre leur projet : le CNR Éducation « Notre école, faisons-la ensemble ».

Il est toujours intéressant de relever les occurrences et absences de mots caractéristiques de la réalité de l’école. Par exemple, si on se demande la place tenue dans les priorités par l’orientation des élèves, on découvre que le seul emploi de ce mot dans la circulaire est au pluriel, puisqu’il s’agit d’agir « conformément aux orientations du président de la République ». cette observation ne manque pas d’intérêt tant l’année scolaire en cours a été marquée par la tutelle exercée directement par le président dès la réunion de rentrée des rectrices et recteurs en Sorbonne[2]. Il en appelait à un « changement de méthode » et le ministre lui emboîte le pas avec deux occurrences du mot « méthode » dans la circulaire, ou il appelle notamment à « un profond changement de méthode et de culture ».

Il est significatif sans doute que de « culture », justement il soit question aussi à propos des élèves. Le ministre évoque dans la circulaire la « culture de l’engagement », la « culture de l’égalité et du respect mutuel », la « culture du respect de l’autre », et la « culture artistique et culturelle ». Si la laïcité ne se qualifie pas au ministère de l’éducation nationale, il n’en va pas de même pour la culture qui n’est évoquée que sous forme adjectivée, parcellisant ainsi la culture au lieu de l’unifier. Pas une seule référence au « socle commun de connaissance, de compétences et de culture », objectif d’apprentissage fixé à l’école par la loi d’orientation de 2013. On le sait, depuis le ministère Blanquer, l’ambition d’un socle commun de culture a été révisée à la baisse, puisque le discours officiel désormais lui substitue les « savoirs fondamentaux », priorité citée quatre fois dans la circulaire, dont une fois dans un titre de chapitre.

La lecture de la circulaire de rentrée permet de confirmer, par les présences et les absences qui caractérisent ce texte, les orientations choisies en matière éducative : ce n’est sans doute pas un hasard si, dès le premier paragraphe, le ministre affiche son attachement à « une école qui place l’instruction en son cœur » alors que le mot éducation ( en dehors de l’appellation du ministère, du « CNR » ou du service public) n’apparaît que sous la forme d’ « éducation aux médias et à l’information », d’ « éducation à la sexualité » et d’ « éducation artistique et culturelle ». Comme la culture, l’éducation se débite en tranches, mais ne constitue pas un tout.

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[1] https://www.education.gouv.fr/bo/2023/Hebdo27/MENE2318816C

[2] Voir notre billet du 26 août 2022 https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-veran/blog/260822/discours-presidentiel-sur-l-ecole-un-changement-de-methode-et-rien-dautre

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