Quelle tempête médiatique et parlementaire autour de la présence à Ibiza, le 2 janvier, du ministre de l’éducation nationale !
La situation est pour le moins paradoxale. Depuis bientôt cinq ans qu’il est à la tête de ce ministère, l’actuel ministre a accompli un travail réel, constant, soutenu, de déconstruction dans tous les domaines.
Sans même évoquer le pilotage bureaucratique de l’école par temps de pandémie, les bonnes questions ne manquent pas.
Le « plus de maîtres que de classe » instauré lors de la refondation à l’école élémentaire et remplacé sans évaluation préalable par le dédoublement de classes en éducation prioritaire.
Le socle commun de connaissance, de compétences et de culture évincé au profit des enseignements fondamentaux.
La restauration d’enseignements de niche au collège favorisant le séparatisme social.
La démolition des classes et des équipes pédagogiques au lycée en individualisant l’essentiel des parcours.
L’appui apporté aux éléments les plus hostiles à toute pensée critique et notamment aux sciences sociales.
Les coups portés au paritarisme dans la carrière des personnels.
(...)
Il y aurait beaucoup d’angles d’attaque possible pour procéder, sur la base de faits avérés, à une critique argumentée de la politique que le ministre a conduite et mène résolument, on s’est contenté ici de n’en évoquer que quelques-uns.
Mais est-ce de cela qu’il est question, à l’Assemblée nationale et dans les médias depuis quelques jours ? Point du tout, ce qu’on lui reproche, c’est d’avoir été à Ibiza, le dimanche 2 janvier, veille de rentrée des classes.
Le ministre a –t-il manqué à ses devoirs ? N’avait-il rien fait pour continuer à travailler à distance ? Ce n’est apparemment pas le cas.
A-t-on vraiment à se prononcer sur son lieu de résidence pour quelques jours de vacances en connexion permettant le travail à distance ? Qu’il soit ici ou là regarde-t-il les fonctionnaires de son ministère et les citoyens, les parlementaires, les journalistes ? Qu'est-ce que cela change, au fond ?
Poser ces questions de bon sens paraît incongru tant le bruit fait autour d’Ibiza est intense.
Ce bruit autour d’une information sans intérêt, ne reflète-t-il pas la pauvreté insigne du débat politique, notamment en matière éducative, en France, aujourd’hui ? Au lieu de parler de la politique réellement conduite depuis cinq ans, et de dresser le bilan du quinquennat en matière éducative, on se focalise sur un événement qu’on aurait pu tout aussi bien ignorer. Passons rapidement au fond des choses, sil vous plaît.