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Billet de blog 19 juin 2013

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Notation au bac: et si la note juste n’était pas la note vraie?

Beaucoup de bruit autour d’une information révélée par un syndicat d’enseignants de l’académie d’Orléans –Tours sur des consignes visant à faire attribuer aux candidats de l’épreuve anticipée de français une note établie sur 24 comme note sur 20[1]. L’indignation est à son comble, le temps d’un buzz.

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Beaucoup de bruit autour d’une information révélée par un syndicat d’enseignants de l’académie d’Orléans –Tours sur des consignes visant à faire attribuer aux candidats de l’épreuve anticipée de français une note établie sur 24 comme note sur 20[1]. L’indignation est à son comble, le temps d’un buzz.

Et si, avant de juger sommairement les inspirateurs de cette consigne, on se posait quelques questions de bon sens ?

Nous ne reviendrons pas ici sur ce que le professeur Antibi[2] nomme « la constante macabre », ni sur le constat fait par l’AFEV en 2010[3] sur un système de notation sur 20 accusé de pousser les élèves à la compétition.

Première question : qui peut prétendre que le traitement des candidats soit équitable, quand on connaît le peu de fiabilité de la notation sur 20 par des professeurs d’une même discipline ; de multiples expériences ont été menées dans ce domaine et concluent toutes au caractère aléatoire de la correction unique[4].

Deuxième question : la double correction serait-elle un rempart contre cet aléas ? L’inégalité de traitement qui résulte d’une double correction, quand les lots de copies sont distribués entre de multiples binômes de correction, est bien connue de tous ceux qui ont fréquenté des jurys de concours de recrutement. Les écarts de moyenne entre des lots d’une cinquantaine de copies anonymées et d’origines hétérogènes peuvent être de plusieurs points.

C’est pourquoi dans certains concours est instaurée une péréquation qui, en fonction des notes attribuées par chaque binôme à chaque copie, vise à restaurer une notation équitable : la note juste d’une copie n’est pas exactement la note initialement portée par le binôme de correction.

Revenons-en, après ce détour, à la situation constatée dans l’académie d’Orléans- Tours. Si on a constaté un écart entre la moyenne des notes des candidats de cette académie à l'épreuve anticpée de français et la moyenne nationale à cette même épreuve, on peut déduire soit que les candidats de cette académie sont moins bons que les autres, soit qu’ils sont plus sévèrement notés que ceux des autres académies. C’est apparemment la déduction faite par les autorités pédagogiques académiques, qui auraient ainsi établi une grille de notation sur 24 pour obtenir une note sur 20 plus équitable pour l’obtention d’un diplôme national.

Faut-il rappeler que l’égalité est une valeur fondatrice de notre République et l’égalité de traitement un principe majeur pour tous nos examens et concours ? Les moyens pour y parvenir cette année à Orléans-Tours pourraient sembler déroutants, attentatoires à la souveraineté du correcteur comme à la dignité des candidats. Mais la souveraineté est moins celle du correcteur que du jury tout entier, responsable du caractère équitable de ses notes. Et l’objectif de cette procédure serait bien de protéger les candidats contre une forme d’injustice.


[1] Voir par exemple http://www.lemonde.fr/education/article/2013/06/19/bac-des-professeurs-invites-a-gonfler-les-notes-d-oral-de-francais_3432434_1473685.html

[2] Antibi, André, La constante macabre, ou comment a-t-on découragé des générations d’élèves ? , Math’Adore, 2003

[3] http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/09/24/97001-20100924FILWWW00360-l-afev-ne-veut-plus-de-notes-en-primaire.php

[4] Voir, par exemple, http://www.liberation.fr/societe/2013/06/16/la-philo-c-est-la-loterie_911335

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