Le premier message du nouveau ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse est on ne peut plus clair : « nous devons remettre le respect de l’autorité et les savoirs fondamentaux au coeur de l’école ».
Quand on sait que pendant cinq ans, le ministre Blanquer a effacé le socle commun de culture au profit des « savoirs fondamentaux », que pendant un an son successeur - et prédécesseur du nouveau ministre - les a réduits à « lire, écrire, compter », on voit mal en quoi il faudrait les « remettre » au cœur de l’école, sauf à considérer que ses prédécesseurs ne sont pas parvenus à le faire.
Pour ce qui est de l’autorité, faut-il rappeler que la loi dite pour une école de la confiance votée il y a juste quatre ans en juillet 2019 sous le précédent quinquennat et dont le titre premier proposait de « garantir les savoirs fondamentaux pour tous » a, dès son article 1, inséré dans le code de l’éducation un article ainsi rédigé : « Art. L. 111-3-1.-L'engagement et l'exemplarité des personnels de l'éducation nationale confortent leur autorité dans la classe et l'établissement et contribuent au lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l'éducation. Ce lien implique le respect des élèves et de leur famille à l'égard des professeurs, de l'ensemble des personnels et de l'institution scolaire ».
Là encore, en évoquant le respect de l’autorité, le nouveau ministre inscrit son ministère dans la continuité de ses prédécesseurs, en suggérant peut-être que ce qu’ils ont dit, il va le faire.
On observera, en tout cas, que le discours ne change pas, et qu’il ne faut pas attendre que soient traités les problèmes réels qui sont ceux de l’école française : la consolidation des inégalités sociales au lieu de leur réduction, la soumission des élèves et des professeurs à de lourds programmes que seul le bachotage donne l’illusion de respecter, la marginalisation dans les faits de l’action éducative au profit de l’action de tri et d’élimination demeureront des constantes, la question des savoirs scolaires utiles aux nouvelles générations ne sera pas posée. Et la politique des savoirs demeurera inchangée, au nom sans doute de l’"autorité" des "savoirs fondamentaux".