La note d’information 21-38[1] de la Direction de l’évaluation de la performance et de la prospective (DEPP), publiée en ce mois de novembre, confirme une tendance lourde le la répartition de la dépense intérieure d’éducation.
En effet, malgré tout ce qui est dit et répété sur la priorité donné à l’enseignement élémentaire, un élève du premier degré représente une dépense moyenne de 6980 € (7080 en préélémentaire et 6920 en élémentaire), alors que les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), jamais présentées dans les discours comme une priorité ministérielle ou gouvernementale, affichent une dépense moyenne par élève de 15730 €.
Comme la dépense moyenne pour un.e collégien.ne est de 8730 €, cela veut dire, arithmétiquement parlant, que, pour un élève de CPGE, notre pays dépense 20 € de plus par an que pour une écolière et un collégien réunis.
Même si les auteurs de la note d’information passent cela sous silence, ces données parlent d’elles-mêmes. Grosso modo, écoliers et collégiens sont recrutés dans toutes les couches sociales de la population. Il n’en va pas de même des élèves de CPGE. En 2016, une étude du CNESCO[2] indiquait : « L’analyse de la population montre une surreprésentation des milieux supérieur et enseignant. Tandis que les premiers représentent 14 % des élèves de 6e, ils sont près de 45 % en CPGE sept ans plus tard. Les seconds sont 5 % en 6e et plus de 15 % en CPGE. Les élèves des milieux intermédiaires et populaires se trouvent quant à eux sous-représentés, les premiers passant de 36 % en 6e à 28 % en CPGE, les seconds respectivement de 45 % à 15 %. Cette distinction sociale se renforce dans les classes étoilées, qui préparent aux plus grandes écoles et par conséquent aux carrières les plus prestigieuses. C’est surtout le cas des effectifs du milieu supérieur qui gagnent entre sept et seize points par rapport aux classes non étoilées ».
Les dernières données publiées en 2021 confirment donc que « l’égalité des chances » proclamée dans les discours officiels demeure une illusion démentie régulièrement par les faits ; que l’Etat, qui représente près de 59% de la dépense intérieure d’éducation, les collectivités territoriales qui en représentent plus de 22%, sont pour le moins complices de cet état de fait particulièrement injuste.
Mais qui parlera, dans le débat éducatif, de la dépense comparée entre écolier.e.s et collégien.ne.s d’une part, élèves de classes prépas d’autre part ? Il y a malheureusement fort à parier que la réponse soit une fois encore : personne.
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[1] https://www.education.gouv.fr/161-milliards-d-euros-consacres-l-education-en-2020-70-du-pib-325936
[2] https://www.cnesco.fr/wp-content/uploads/2016/09/dutercq_solo1.pdf