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Billet de blog 29 janvier 2021

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Décrochage scolaire: gare à l’illusionisme!

Le ministre de l’éducation nationale affirme dans les médias qu’« il n’y a pas eu plus de décrochage en 2020 qu’en 2019 ». Analyse d’une information officielle, qui est aussi un exercice d’éducation aux médias et à l’information.

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Le ministre est optimiste. Ainsi, le 18 novembre 2020, il a affirmé sur LCI qu’«il n’y a pas eu plus de décrochage scolaire en 2020 qu’en 2019. Grâce à tout ce qui a été fait» [1]. Il va donc répétant que le décrochage n’a pas été plus important lors de l’année écoulée, marquée par le confinement et la fermeture des établissements scolaires, que l’année précédente.

Cette affirmation paraît contre-intuitive : partout, on a souligné l’impact démobilisateur, sur les élèves les plus fragiles en particulier, de la fermeture des écoles et établissements scolaires pendant de longues semaines.  On en est donc conduit à comprendre comment le ministre parvient à un tel résultat.

La note d’information de la DEPP publiée en mars 2020 [2] explique comment le ministère calcule le décrochage. Il s'agit d’études longitudinales de panels permettant de prendre en compte toute la scolarité, de la 6e à la terminale. Notant que « près de 90 % des élèves entrés en sixième en 2007 ont terminé leurs études secondaires avec le CAP ou le baccalauréat », la note indique que «  la proportion d’élèves qui quittent l’enseignement secondaire sans diplôme a fortement diminué : elle
 est passée de 20 % dans le panel 1995 à
11 % dans le panel 2007 ( 13,9% pour les garçons et 8,6% pour les filles) ». Mais la dernière classe fréquentée par les élèves sans diplômes livre un indicateur intéressant : dans le panel 2007, pour 11 ,4% d’entre eux, cette classe est celle de 3e, pour 18,4%, celle de seconde CAP. Ces élèves, dont on trouve la trace dans un suivi longitudinal de 12 ans, passent sous les radars quand on s’en tient à une comparaison d’une année à l’autre, comme le fait le minsitre.

Pour lui, il s’agit de considérer seulement les résultats aux examens terminaux : il ne peut prendre en compte que les élèves dont le décrochage est survenu en terminale. Or les conditions exceptionnelle de scolarité ont conduit l’an dernier à des taux particulièrement élevés de réussite aux baccalauréats, comme le souligne la note d’information de la DEPP publiée en juillet 2020[3] : « À la session du baccalauréat de juin 2020, avec 95,7 % d’admis en France entière, le taux de réussite global est nettement supérieur à celui de 2019 (88,1 %).
Le taux de réussite au baccalauréat général de 98,4 % augmente de 7,2 points par rapport à celui de 2019. Celui du baccalauréat technologique gagne 7,6 points avec 95,7 %. Dans la voie professionnelle, avec 90,7 %, le taux de réussite est en hausse de 8,4 points ».

Le ministre ne mesure donc pas, grâce à cette comparaison partielle et partiale, l’ampleur du phénomène. En effet, disparaissent du comptage tous ceux qui, au collège ou au lycée professionnel, notamment, ont quitté en 2020 leur cursus de formation avant l’examen, en troisième ou en première année de CAP par exemple. Et voici comment il n'y a pas eu plus de décrochage en 2020 qu'en 2019 !

Il y a donc décrochage officiellement constaté et décrochage réel. Ne tenir compte que du premier, ne serait-ce pas marquer un point contre l’école de la confiance dans la parole ministérielle ?

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[1] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/avec-le-confinement-y-a-t-il-eu-plus-de-decrochage-scolaire-20201118

[2] https://www.education.gouv.fr/sortie-de-l-enseignement-secondaire-des-eleves-de-plus-en-plus-diplomes-289551

[3] https://www.education.gouv.fr/le-baccalaureat-2020-session-de-juin-305103

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