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Billet de blog 29 mars 2015

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Partenaires éducatifs : quels regards portent-ils sur l’école ?

Aujourd’hui, on ne conçoit plus l’école exclusivement comme une succession de cours assurés par les enseignants aux élèves qui les suivent, mais aussi comme une combinaison de parcours accomplis par l’élève, avec l’appui de l’école et de ses partenaires éducatifs du monde de la santé, des médias, des arts et de la culture, des entreprises, de l’éducation populaire.

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Aujourd’hui, on ne conçoit plus l’école exclusivement comme une succession de cours assurés par les enseignants aux élèves qui les suivent, mais aussi comme une combinaison de parcours accomplis par l’élève, avec l’appui de l’école et de ses partenaires éducatifs du monde de la santé, des médias, des arts et de la culture, des entreprises, de l’éducation populaire.

Dans une formation organisée récemment, nous avons demandé à certains de ces partenaires quels étaient, de leurs points de vue, les points forts et les fragilités de ces partenariats éducatifs.

Leurs réponses ne manquent pas d’intérêt pour tous ceux qui sont attachés à la qualité de l’action éducatrice.
Elles confirment l’importance d’un travail accompli non pas ponctuellement mais dans la durée, générateur de confiance entre partenaires et d’engagement réel des élèves dans une démarche qui leur appartient et leur permet de porter un autre regard que le regard médiatique dominant sur le monde, de voir la réalité de plus haut et avec plus de recul. De ce point de vue, la mise en oeuvre de projets éducatifs territoriaux, conformément à la loi de refondation de l'école de la République, constitue un cadre propice à une action cohérente sur toute le durée de la formation du jeune, de l'école au lycée, sur un territoire donné.

Elles soulignent aussi l’importance pour les élèves de pouvoir montrer ce qu’ils font, ce qu’ils découvrent, ce qu’ils réalisent à d’autres, non pas exclusivement d’élèves à élèves, mais dans une mixité des générations leur permettant de s’adresser à des plus jeunes comme à des moins jeunes.

Elles mettent en valeur l’engagement professionnel de personnels référents culture, référents santé, référents éducation aux médias, référents citoyenneté qui ne ménagent pas plus leur énergie que les élèves eux-mêmes parties prenantes de ces actions d’éducation par les pairs.

Mais les fragilités qu’elles pointent sont aussi utiles aux responsables scolaires pour améliorer leur démarche éducative.

Certes l’établissement scolaire influe sur l’état de santé des élèves et des personnels, mais il peut aussi contribuer à leur mort prématurée, parce qu’à chaque récréation, des élèves et des personnels se retrouvent sur le parvis pour fumer. On nous rappelle ainsi que l’établissement scolaire est un lieu d’enseignement, d’éducation et d’apprentissages par mimétisme. Selon que l’environnement expose les jeunes à des comportements bénéfiques ou nuisibles à la santé, l’établissement scolaire promeut la santé ou son contraire.  On a souvent tendance à privilégier l’action sur l’individu, sans tenir compte du collectif et de l’environnement. Ce n’est pas parce qu’un élève aura été exposé quelques heures dans sa scolarité à des interventions sur le tabac que sera contrebalancée l’influence de l’environnement qui banalise la sortie cigarette à chaque récréation ou ce qui peut être fumé dans des chambres d’internat.

Qu’il s’agisse de santé ou de culture ou de citoyenneté, on peut dégager une typologie d’établissements selon quatre figures. La plus favorable est celle d’un chef d’établissement mobilisé, à la tête d’un collectif engagé comme lui. Ensuite, il y a celle de la direction mobilisée sans collectif  d'appui. Puis, celle de la direction qui confie le dossier à une personne qui n’a ni la même autorité ni le même rayonnement qu'elle. Enfin,  il y a la direction qui délaisse le dossier. Dans un établissement, quand on une sonnerie destinée à rappeler aux fumeurs, sortis de l’enceinte de l’établissement, qu’il faut rentrer, que fait-on pour la promotion de la santé ?

Bien trop souvent les partenaires passent inaperçus dans l’établissement. Ils n’y sont pas accueillis ni présentés au collectif quand ils y interviennent. Parfois même, la direction ne se déplace ni pour l’accueil, ni pour l’intervention, conformément à une des figures évoquées dans la typologie ci-dessus : l’éducation reste parfois ainsi symboliquement marquée comme marginale.

Quand les intervenants partenaires se retrouvent face aux élèves, ils observent une autre typologie. Celle qui distingue à un bout les groupes d’élèves où cette intervention a été préparée, suscitant curiosité, intérêt de leur part, et à l’autre ceux qui ne savent pas de quoi il va être question. En aval, on  saura que d’un côté cette intervention sera reprise, approfondie, mise en lien avec d’autres connaissances, et contribuera à enrichir la démarche des élèves, et que, de l’autre, elle risque d’être sans lendemain.

Ces quelques retours de partenaires de l’action éducative sont riches d’enseignements.

D’abord, en insistant sur la nécessité d’un engagement collectif visant à créer un environnement favorable, ils incitent à penser le projet d’établissement comme affirmation de choix forts engageant la communauté éducative des personnels, des élèves, des parents et des partenaires. Les contrats d'objectifs désormais triparties peuvent être un moyen de renforcer le travail sur l'environnement en concertation avec les collectivités.

Dans le même mouvement, ils impliquent que les diverses instances de concertation et de délibération de l’établissement soient réellement vivantes, actives, et non pas réunies pour la forme et la conformité. On pense, au delà du conseil d’administration et de commission permanente,  aux conseils de vie collégienne et lycéenne, au conseil pédagogique, au comité d’éducation à la sante et à la citoyenneté, au foyer socio-éducatif, à la maison des lycéens.

Enfin, ils soulignent l’importance d’un pilotage politique de l’établissement, impliquant, au delà de la direction et de l’administration, conseiller principal d’éducation, professeur-documentaliste, personnel de santé et social, chefs de projets pédagogiques et éducatifs.

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