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Billet de blog 11 février 2013

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A l'origine (1/3)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A Bernard Schmitt

''A l’origine'', ou ce qui fait qu’aujourd’hui nous en sommes là où nous en sommes ;

ou donc encore : ce qu'il faut que la révolution sache si elle veut réussir

Avant-propos

Ben oui, que voulez-vous, l’économie, c’est ‘’difficile’’ ! N’est-ce pas, si l’économie, c’était simple, c'est sûr, le monde n’en serait  pas là où il en est !

Supposons donc qu’après une première lecture de ce que je vous propose aujourd’hui (sous la forme de trois billets successifs –un seul eût été impossible à lire sans respirer : moi-même, je n’y arrive pas !), ce que vous vous disiez soit ceci : ‘’ce que ce type raconte, mais c’est absolument imbittable !’’ ; or si, en pensant donc au monde tel qu’aujourd’hui il va, et donc tel qu’aujourd’hui, il FAUT absolument le changer, ce que vous vous disiez soit ceci : ‘’ce type racontant ce qu'il raconte, et si, au lieu de sortir immédiatement mon Boileau comme je le fais d’habitude, foin de mes préjugés, j’essayais de comprendre…’’ ?

Le ‘’capitalisme’’ : apparences et vérités

Entendons-nous, de toutes les vérités sur le capitalisme qu’il faut qu’un jour la révolution sache (sinon, c’est sûr, il n’y aura pas de révolution du capitalisme !), il en est que, fort heureusement, elle sait déjà. Ainsi, celle que lui a révélée Marx, selon laquelle, dans toute société humaine, c’est l’Economique (dans le vocabulaire de Marx : l’ ‘’infrastructure’’) qui est directeur ; dit autrement, c’est l’Economique qui détermine l’idéologique, le juridique, le politique, le religieux, le culturel… (toujours dans le vocabulaire de Marx : les ‘’superstructures’’).

Soit alors le ‘’capitalisme’’.

Marx l’ayant défini comme le système où ‘’la richesse s’analyse comme une immense accumulation de marchandises’’, c'est-à-dire de biens existant immédiatement AVEC un prix (ceci parce qu’une ‘’marchandise’’, c’est destiné au marché ; et que le marché, c’est LE lieu où tout bien est écoulé –offert/demandé- EN FONCTION de son prix), soit alors cette (autre) définition du capitalisme qui en fait LE système de ‘’la production monétaire’’, icelle se trouvant elle-même définie comme la production des biens avec un prix, ceci DÈS AVANT marché.

Objection ?

En tout cas, à supposer que la question soit celle de ‘’la définition du domaine de l’économie’’ (et tel doit être le cas, si l’on dit que, pour que l’économie soit une science, évidemment, la moindre des choses est qu’elle sache dire ce qu’il en est de son domaine), si l’on répond que ce domaine c’est celui du réel monétisé, c'est-à-dire du réel comme résultant de ‘’la production monétaire’’, c’est sûr, voilà une réponse dont, si quelqu’un dit qu’elle n’est pas satisfaisante, il lui reste à dire… en quoi elle ne l’est pas.

Sauf que, cf. l’ ‘’Avant-propos’’, ‘’la production monétaire’’, c’est tout de suite ‘’difficile’’ ; et en premier lieu, sa ‘’logique’’ :

 ‘’-Quoi ! Comment !, dira-t-on : en économie, les biens existent en tant qu’‘’immédiatement’’ (dès avant marché !) produits avec un prix ?  Mais, qu’un bien existe comme immédiatement avec un prix, cela, par définition de ce qu’est un prix, ne signifie-t-il pas qu’aussitôt offert, ce bien est instantanément (INSTANTANÉMENT)… demandé/acheté ? Et, ‘’MANIFESTEMENT’’, ceci n’est-il pas… ‘’contraire’’ aux faits ?’’

Or si les ‘’faits’’, savoir, disons, ‘’ce que l’on voit’’, ne sont rien d’autre que cela : autant d’apparences (des APPARENCES !) qui (nous y voilà !) dissimulent ‘’des vérités qu’il vaut mieux que, dès aujourd’hui, la révolution sache’’ ?

Vous savez quoi ? Eh bien, en économie, au premier rang des APPARENCES qui dissimulent autant de vérités qu’il vaudrait mieux que la révolution sache (la révolution et, ce qui ne serait pas plus mal, … les ‘’rédacteurs/trices de Mdpt !), ce que l’on trouve, c’est ce que, ‘’trivialement’’, l’on raconte à propos de la monnaie.

Vous re-savez quoi ? Eh bien ce qui ‘’trivialement’’ (c’est vraiment le mot qui convient !) est raconté à propos de la monnaie, c’est qu’elle est... un ACTIF !

Dit très clairement : un paiement par exemple se trouvant considéré, ce qui est raconté (comme au comptoir du premier bistrot venu –je vous assure que ça n’est pas seulement ‘’polémique’’ !), c’est que la monnaie, c’est ce qui est la contrepartie de ce qui est payé.

‘’- Quoi !, va-t-on évidemment s’exclamer à cet endroit … tel… n’est pas le cas ?’’

Eh bien non !

La monnaie N’EST PAS un actif ;

la monnaie est un… ACTIF-PASSIF (!!!!)

Commençons par revenir à l’origine (l’ORIGINE !) de la façon dont, aujourd’hui encore (et probablement pour longtemps), toutes (TOUTES !) les opérations économiques sont partout (PARTOUT, y compris en… Chine, à…  Cuba, au…  Vénézuela…), ÉCONOMIQUEMENT, prises en compte, ceci par le prix des ‘’biens’’ qu’elles impliquent, et donc, de ce fait, par la monnaie (PAR la MONNAIE !).

Question : savez-vous alors où, quand, et à quoi il faut revenir ? Eh bien (à ce sujet, voyez, disons, Wikipédia –sachant que l’on peut consulter bien d’autres ‘’sources’’ !), c’est en Italie, à la fin du… 15ième siècle (il en est même qui disent avant !), et à l’invention de… la ‘’Comptabilité en Partie Double’’ (CPD dans la suite).

Bon dira-t-on, mais le rapport avec la monnaie, entendons-nous, la monnaie en tant qu’elle serait un ‘’actif-passif’’ ?

La CPD et la monnaie comme ACTIF-PASSIF

D’abord (là encore, cf. Wikipédia –ou toutes les autres sources que l’on voudra), rappelons que, instrument UNIVERSEL de la prise en compte (économiquement !) de toutes les opérations économiques, la CPD, c’est la saisie de ces opérations sous la forme d’une écriture de débit/crédit.

Soit alors cette question à 1 000 € (en fait, c’est l’évidence, cette question vaut infiniment plus !) : ‘’Pourquoi comptabilise-t-on ‘en partie double’ ’’ ?

La vraie réponse (la VRAIE, et donc pas celle des… comptables : ne leur est-il pas simplement demandé de… compter ? –quant à celle des ‘’économistes’’ !) est la suivante.

En économie, ça n’est pas comme en arithmétique. Autant en arithmétique, dire 100 pour dénombrer 100 unités d’un ensemble homogène quelconque (de pommes, de manifestants, d’abonné-e-s à Mdpt, … ) est ‘’simple’’, autant en économie, c'est-à-dire là où on ne peut compter QU’en valeur, donc QU’en prix, et donc, QUE monétairement (c’est que –voyez supra- le domaine de l’économie, c’est le réel AVEC un prix), compter un bien en disant qu’il vaut 100 €, eh bien, ‘’ça n’est PAS simple DU TOUT’’.

Plus précisément ?

Or soit ‘’le décompte monétaire’’ d’un bien quelconque. Admettons que le résultat de ce décompte soit tel que ce que ce que l’on dise de ce bien soit que son prix est de 100 €.

On l’a vu, l’implicite de ce décompte (monétaire), c’est une production monétaire pour 100 €.

Question : d’où vient que la production d’un bien de 100 € peut être dite de 100 € ? : peut-on dire, en particulier que, pour qu’une production soit de 100 €, ce qu’il faut c’est qu’à cette production préexiste une valeur de 100 € ? (cette valeur préexistante –qu’on pense à l’idée qu’on se fait d’un capital ‘’monétaire’’- étant vue comme allant rémunérer le travail produisant ce bien ; d’où la valeur de ce bien : 100 €).

SAUF que si l’on dit cela, ce que l’on dit en même temps, c’est que, quand, aujourd’hui, bon an mal an, l’économie mondiale produit pour 70 000 milliards de $ de biens, ce qui a financé ces 70 000 milliards de $, c’est une valeur préexistante (un capital monétaire) de 70 000 milliards de $ ! Ceci voulant dire en outre que, l’humanité produisant l’année n pour, par exemple, 70 000 milliards de $ de biens, cette année-là, l’humanité ne consommerait pas pour un seul cent de ces biens, ceci à supposer que, l’année n + 1, son propos soit de financer une (nouvelle) production de 70 000 milliards de $ !!!!

Et sauf qu’évidemment (qui ne l’apercevra pas ?) tout ceci est totalement absurde !

Ce qu’il FAUT en conclure ?

Eh bien que la production d’un bien de 100 € n’a absolument pas besoin qu’une valeur de 100 € préexiste ; de la façon la plus générale, cela veut dire qu’AUCUNE production de quelque valeur qu’elle soit, n’a besoin qu’une valeur (égale) lui préexiste.

Mais alors, dira-t-on, quel est le ‘’secret’’ de la production monétaire d’un bien dont le prix serait, par exemple, de 100 € ?

C’est ‘’tout simple’’ : ce bien étant produit (cela va de soi !), ce qui ‘’va avec’’, c’est que, LITTÉRALEMENT, ce bien soit… ‘’dit’’ (il soit ‘’DIT’’ !) de 100 €.

????

Or si, après que l’on on a dit qu’une production nouvelle ne requiert aucune valeur  préexistante (cf. supra), ce que l’on ajoute est qu’une production monétaire (nouvelle), c’est 1° le changement d’un (nouveau) travail en un (nouveau) produit, 2° le fait qu'à ce changement, il soit donné un prix. D'où, respectivement, 1° un lieu ''fonctionnant'' comme théâtre de ce changement ; naturellement, il s'agira des ''Entreprises'', 2° une instance (ceci au sens d'institution) à laquelle il reviendra de dire le prix de ce changement ; naturellement, il s'agira des ''Banques''.

Sauf que les banques sont aussi des entreprises (comprendre des agents économiques dont l'objectif est de faire des profits) ?

Mais si ce que l’on répond est que, en tant qu’instance de la production monétaire (et non pas en tant qu'entreprises cherchant à faire des profits), la ‘’Banque’’ ne fait que s’en tenir aux instructions des ‘’Entreprises’’ ? ; si, en d’autres termes, ce que l’on dit est que, dans la production monétaire, la ‘’Banque’’ (en effet, ‘’littéralement’’ –cf. supra), ne fait QUE cela : DIRE (‘’MONÉTAIREMENT’’) ce que les ‘’Entreprises’’ leur donnent comme instructions de dire quant au prix du (nouveau) produit qu’elles (les ‘’Entreprises’’) forment au cours d’une (nouvelle) période de production ?

En tout cas, ce qui maintenant est parfaitement compréhensible, c’est que, du côté des ‘’Banques’’, la production monétaire ne requiert AUCUNE valeur préexistante.

Cependant, une ‘’Banque’’ comme agent de la production monétaire d’une (nouvelle) production ‘’disant’’ un prix (celui de cette –nouvelle- production), ce prix, comment le dit-elle ?

Vous savez quoi ? Eh bien c’est là que l’on retrouve… la Comptabilité en Partie Double (CPD).

Si je peux être absolument clair (ce qu’ici, naturellement je DOIS être) ?

Eh bien, qu’une production nouvelle soit dite de 100 € parce qu’au niveau du bilan d’une banque, cette production se traduit par une écriture de Débit/Crédit de 100 € (ou qu’une production nouvelle de 1 600 milliards d’€ -en gros, la mesure du PIB annuel actuel de la France- se traduise par une écriture annuelle de Débit/ Crédit de 1 600 milliards d’€, ceci cette fois au niveau du bilan annuel consolidé de toutes les banques françaises qui ont contribué à la monétisation de toutes les productions annuelles nouvelles de toutes les entreprises françaises ), cela, n’est-ce pas très exactement de la Comptabilité en Partie Double ?

D’où le vrai statut de la monnaie, le VRAI, pas celui que la ‘’science’’ économique de papa (si encore il n’y avait qu’elle !) enseigne dans toutes les facultés de ‘’sciences’’ économiques de France (et du monde !) : la monnaie étant ce par quoi, en en étant simultanément  débité/crédité, la ‘’Banque’’ dit le prix de la nouvelle production (monétaire) de la période de production p, elle ne peut avoir d’existence qu’instantanée (aussitôt créée, elle est… détruite !), bref, elle ne peut qu’être un ACTIF/PASSIF !

CQFD (… non ?).

Sachant qu’ici, attention !, ATTENTION ! : tout cela ne veut pas dire que, le prix d’une nouvelle production étant dit (ceci encore une fois, voulant dire que la monnaie émise par les ‘’Banques’’ à cet effet se trouve, instantanément, reprise par elles), la nouvelle production a été écoulée. C’est que, la monnaie étant instantanément créée/détruite, et les revenus qui portent la monnaie étant quant à eux instantanément formés/dépensés, cette double création/destruction (ou formation/dépense), vaut la formation de droits sur le produit nouveau, droits que, sur ce produit, leurs titulaires (d'où, à côté des ''Entreprises'' et des ''Banques'' -cf. ci-dessus- le 3ème pôle du circuit économique : celui des ''Titulaires de revenus'') pourront faire valoir dans le temps (et droits dont, précisément pour la raison qu'ils pourront traverser le temps, ce qui pourra être dit sera qu’ils sont du capital).

Sauf qu’aujourd’hui, pour tout le monde, en allant des pires des réactionnaires aux plus radicaux des ‘’révolutionnaires’’, la monnaie, c’ ‘’est’’ un actif.

Que ce soit là l’origine (l’origine !) de tous les maux dont nous souffrons, c’est donc ce qui sera montré dans les deux billets liés à celui-ci et intitulés : ‘A l'origine (2/3) : à l'origine de la crise des économies nationales’’et ‘A l'origine (3/3) : à l'origine de la crise de l'économie internationale’’ ; billets auxquels, si vous le voulez bien, vous pouvez dès maintenant vous reporter.

JT

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