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Billet de blog 25 octobre 2011

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''Le différend franco-allemand'', ou quand l'ignorance le dispute au non-savoir

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La vertu jusqu'au vice (la rigidité) outre Rhin, le vice jusqu'à la vertu (la souplesse) en-deçà (du Rhin) ; ah oui ! tels sont bien (hélas !) les seuls 4 mots (pas un de plus ! -par exemple pour nous dire ‘'que faire ?'') par lesquels, en ce moment pourtant crucial, à propos de la crise de l'euro et de l'Europe, TOUS les ‘'commentateurs'' (y compris malheureusement ceux de Mdpt ! -cf. Martine Orange, Ludovic Lamant...), jusqu'à la nausée, nous racontent ‘'le différend franco-allemand''.

‘'- Jusqu'à la nausée'' ?

Mais absolument !... Franchement, quelqu'un(e) pourrait-il (-elle) me dire de quelle manière il (elle) voit que tous les commentaires de ces ‘'commentateurs'' vont bien pouvoir faire que ‘'demain'' (ne parlons pas d'aujourd'hui !), les millions de chômeurs qui, tous les jours, depuis tant d'années, pointent à tous les ‘'pôles emploi'' que l'Europe compte, vont retrouver du boulot ? N'est-ce pas, ce que l'on peut dire n'est-il
pas que, s'agissant de ‘'l'Europe puissance'' dont les ‘'responsables'' européens nous disent qu'elle ‘'avance'', eh bien, ceci depuis le début, ces soi-disant ‘'responsables'' sont manifestement ‘'à côté de la plaque''.

Je dis ‘'n'importe quoi'' ?

Mais si ce que l'on dit est que, compte tenu de la façon dont les politiciens ‘'européens'' l'ont pensée (une antédiluvienne machine de guerre censée pouvoir leur permettre de conserver leurs marchés face à la machine de guerre américaine, et face, bientôt, aux machines de guerre des BRICs -ceci sans compter cette fabuleuse opportunité de pouvoir, jusqu'à ses racines, éradiquer l'économie sociale dont, au lendemain de la ‘'dernière'' guerre, les peuples d'Europe avaient pu imposer l'édification), depuis le début en effet, l'Europe était totalement anachronique. N'est-ce pas, que dire d'un ‘'pays'' (ce ‘'pays'' se glorifiât-il d'incarner ‘'un superbe projet'') dont, aujourd'hui (aujourd'hui au XXIème siècle ! -pas au... XIXème !), par-delà la lénifiante rhétorique (‘'le rassemblement des peuples sous l'égide de Ludwig van -en passant, pauvre Beethoven !'', ‘'les droits de l'homme'', ‘'la norme contre la puissance''... j'en passe et d'encore plus édifiants), le VERITABLE objectif serait d'exister CONTRE les autres, ceci parce que, comme au bon vieux temps du colonialisme, ce pays ne verrait les autres que comme le moyen d'écouler ses productions ?

Comment dites-vous ? : ‘'Trop occupé de ma façon de voir les choses, ce que j'oublierais c'est en quoi, après toutes les guerres que l'Europe a connues sur son sol, oui, le projet européen est vraiment bien autre chose qu'un vulgaire projet mercantile'' ?

Mais soit le deal franco-allemand qui, SEUL a permis la mise en place de l'euro tel qu'il a été conçu (et tel que, si tout au moins les choses restent dans le triste état où elles sont aujourd'hui, il n'a pas fini de nous en faire voir de toutes les couleurs -un euphémisme !) ; et soit ce en quoi ce deal consistait, savoir :

1° aux Allemands le (taux de) change de l'euro contre toutes les autres monnaies (en particulier le $) au niveau où SEULE l'Allemagne
était concurrentielle sur la scène internationale (c'est l'idiosyncrasie de ‘'l'homme au-dessus de tous les autres -über Alle''),

2° aux Français (je veux dire aux ‘'socialistes'' français) la possibilité, jusqu'à plus soif, de se raconter (comme les enfants le font entre eux quand ils se repaissent des exploits de leur héros mythique) que, si Mitterrand n'avait pas été là, eh bien, il n'y aurait pas eu d'Europe (ici, c'est l'idiosyncrasie DU ‘'révolutionnaire'', c'est-à-dire, on l'aura compris, du seul qui soit, je veux dire le ‘'révolutionnaire français'').

La morale de tout cela ?

Ben ‘y a pas la moindre photo : aujourd'hui, de toute urgence avant qu'il ne soit trop tard, ce qu'IL FAUT s'agissant du projet européen est que les européens rectifient le tir.

A cet égard, l'idée directrice doit être celle de la MULTIPOLARITE du monde (eh oui -ceci étant significatif du niveau du personnel
politique d'aujourd'hui, à droite comme à gauche- la seule idée qu'ait jamais eue... Chirac !). Précisément, c'est l'idée que jamais, JAMAIS, quelles que soient son arsenal d'armes de destruction massives, un pays (ou un groupe de pays) ne pourra dominer le monde.

La morale de cette morale ?

Elle est que le monde c'est ce qui, par l'humanité, DOIT être organisé de telle manière que, lorsqu'ils s'échangent leurs productions
nationales, les pays le fassent en échangeant VRAIMENT, c'est-à-dire en échangeant des EQUIVALENTS ECONOMIQUES.

C'est là... où l'on retrouve l'euro (ceci dans le sens où ce que l'échange d'équivalents économiques requiert, c'est que, d'abord, le monde se dote d'une VERITABLE monnaie internationale, savoir une monnaie qui ne fonctionne QUE dans l'espace ‘'inter-national'' des relations entre les pays) ; et en effet, soit l'euro tel qu'il existe (ou essaye de le faire !) : n'est-il pas QUE cela : la monnaie ‘'nationale''de l'Europe ; comment alors pourrait-il prétendre être LA monnaie internationale ?

Et c'est là où, maintenant, on peut revenir... au ‘'différend franco-allemand''.

Soit le deal entre la France et l'Allemagne qui a fondé l'installation de l'euro tel qu'on le connaît (cf. supra). Imaginons qu'au lieu de cet arrangement proprement ubuesque (non ?), l'accord passé entre la France et l'Allemagne ait porté sur la mise en place, à l'échelle de l'Europe (tous les pays de la zone conservant évidemment leur monnaie nationale), d'une monnaie qui eût été la PREFIGURATION de la monnaie internationale dont la mondialisation ‘'multipolaire'' a urgemment besoin (d'où la création concomitante, toujours à l'échelle de l'Europe, d'une banque ‘'supranationale'' chargée de la seule gestion technique de cette monnaie -cela voulant dire : n'ayant évidemment AUCUNE capacité de s'immiscer dans les affaires intérieures des pays de la zone !).

Vous savez quoi ? Eh bien, aujourd'hui, ni la Grèce, ni l'Irlande, ni le Portugal, ni l'Espagne, ni l'Italie... ni la France, ni l'Allemagne (ni... l'Europe !!!!) n'en seraient là où ils/elles en sont. Qui dira, oui, qui dira que les Grecs, les Irlandais, les Portugais... ne s'en porteraient pas
mieux ?

Tout cela me dira-t-on reste quand même très elliptique ? Certes, mais, vu le sujet, et vu les contraintes du ''billet'', comment pourrait-il en être autrement ? Et sauf que, ‘'le différend franco-allemand'' étant ‘'de'' l'économie internationale, et l'économie internationale étant LE sujet de mon billet du 23/06/11 intitulé ‘'Mondialisation/démondialisation : pour en finir avec les bavardages, les gesticulations et l'obscurantisme'', ce billet, rien ne vous interdit de le lire.

Sans compter que, Tu le sais bien Cher (et Chère) Abonné(e), comme toujours, je suis à Ta disposition.

Jean Tramuset

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