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Billet de blog 30 juin 2015

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Attention à ''l'économie politique du rentier'' : et si c'était l'économie telle que VOUS la concevez !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce sont les FAITS : après quelque 15 années de fonctionnement sous la houlette de sa prétendue ‘’banque centrale’’ (la ‘’BCE’’), avec sa monnaie unique (l’€) et tout ce que son installation a imposé (en particulier, exigée par l’Allemagne -et... acceptée par tous les autres !- la dévastatrice surévaluation originelle du DM) , ses ‘’experts’’ et ‘’économistes’’ autoproclamés, ses ‘’critères’’ absolument intenables (aujourd’hui, ne sont-ils pas tous complètement abandonnés ?)… , la situation à laquelle le système monétaire européen a conduit est donc la suivante : ici, avec à leur tête l’Allemagne : des pays de plus en plus ‘’riches’’, là, avec cette fois comme blême et exsangue emblème la Grèce : des pays de plus en plus ‘’pauvres’’, les premiers comme les désormais impitoyables bailleurs de fonds des seconds, les seconds comme les désormais ruinés et profondément blessés débiteurs des premiers.

Question : et si, ce que l’on DEVAIT dire du système monétaire européen tel que si légèrement il a donc été conçu (et hélas mis en place !) était que, pour les pays européens ‘’avancés’’, il a été… ceci PAR le surendettement des pays européens les moins avancés,  le ‘’truc génial’’ qui leur a permis d’être encore plus ‘’en avance’’ ? Dit autrement : et si ce que l’on DEVAIT donc dire du système monétaire européen était, non seulement qu’il est un système complètement ABERRANT, mais aussi un système totalement INÉGALITAIRE ?   

Sous ces deux registres, soit ce premier ARGUMENT.

L’Allemagne prêtant à la Grèce, ce que l’on DEVRAIT dire n’est-il pas qu’à l’endettement de la Grèce, répond… un endettement équivalent et réciproque de… l’Allemagne ! Très explicitement, un endettement qui, au ‘’Je vous dois’’ de la Grèce à l’Allemagne, fait que l’Allemagne DEVRAIT dire à la Grèce : ‘’ben oui, si aujourd’hui vous me devez, cela, à mon tour, ne vous le DOIS-je pas ? ceci au sens où vous auriez très bien pu ne rien m’emprunter ?’’ ; donc un endettement faisant que l’Allemagne prêtant à la Grèce, AUCUNE dette de l’une au bénéfice de l’autre NE DEVRAIT pouvoir être constatée ; ceci quand bien même l’Allemagne ait… prêté à la Grèce !!!!!!

Sachant que, très (très) loin de là, ça n’est pas tout…

Ici, c’est ce que j’ai DÉMONTRÉ pas à pas dans ‘’Auditer la dette grecque ? Non ! (FOUTAISE!) : comprendre pourquoi, la Grèce empruntant 100 €, aussitôt, sa dette est de 200 € ’’, l’€ étant ce que le MONDE ENTIER considère sans le moindre examen qu’il est, savoir un actif (ceci signifiant très clairement que, dans un paiement contre €, ce qui, encore une fois par le monde entier, est considéré, c’est que l’€ -comme d’ailleurs toute monnaie !- est quelque chose qui vient en contrepartie de ce qui est payé) quand l’Allemagne prête 100 € à la Grèce, ce qu’EN RÉALITÉ on DOIT dire de cette opération est la chose suivante :

1° entre l’Allemagne et la Grèce, il n’est absolument aucun € dont ce que l’on peut dire soit, ou bien qu’il est payé par l’Allemagne, ou bien qu’il est payé par la Grèce ; dit autrement : l’Allemagne prêtant à la Grèce, l’une AUSSI BIEN que l’autre peuvent absolument être considérées comme ‘’celui’’ qui a payé le prêt !

2° finalement endettée vis-à-vis de l’Allemagne, la Grèce ne l’est QU’AU SEUL TITRE d’une dette absolument… VIDE, c'est-à-dire SANS les € que, normalement, elle aurait dû lui apporter !!!!!!!!!!!!!!!!  

Sauf qu’aussitôt, inéluctablement, c’est, pour la Grèce, la DUPLICATION de son endettement. Et de fait, si, 1) AVANT même de songer à rembourser, la Grèce DEVRA COMMENCER par gagner les 100 € que, par nature, sa dette VIDE ne lui a pas apportés, ce qui, évidemment, lui coûtera une première mesure de 100 € ; si 2) lorsqu’elle remboursera son emprunt, ceci en puisant 100 € dans son compte courant, ceci faisant que ce compte diminuera de 100 €, la Grèce, inévitablement, perdra une deuxième mesure de 100 €, la conséquence ne sera-t-elle pas que, tous ses coûts pris en compte, le remboursement de son emprunt de 100 € lui coûtera en effet… 200 € ?

Me permettra-t-on, ici, de ne faire que dire, et non pas une fois de plus expliquer (à cet égard, et pour ceux que cela intéresse, cf. décidément : ‘’Auditer la dette grecque ? Non ! (FOUTAISES !)…’’) qu’au plus profond, l’origine de ce catastrophique ‘’dysfonctionnement’’ (un authentique euphémisme !) gît dans l’erreur théorique universellement partagée (cf. supra) qui consiste à voir la monnaie comme un actif, cette erreur théorique conduisant directement (eh ouais, comme le disait Trotsky, ‘’la réalité ne pardonne AUCUNE erreur théorique’’ !) à l’erreur pratique non moins universellement partagée, y compris par la critique ‘’de gauche’’ du capitalisme (et elle s’étonne qu’après 150 ans de… critique, elle en soit là où, aujourd’hui, elle en est !) qui, quant à elle, consiste à voir les banques, et d’une manière générale le système bancaire comme ‘’LE maître de la monnaie’’ (d’où, entre autres, et hélas au sens littéral du terme, la désarmante conclusion que, pour abattre le capitalisme, ce qu’il suffira de faire, c’est –sic !- ‘’brûler les banquiers’’ !) ?

En tout cas, ce qu’ici, moi, je me permettrai de dire s’agissant de l’économie politique qui postule le système bancaire en ‘’maître de la monnaie’’, c’est ceci.

Son implicite n’est-il  pas le rapport de possession de ce système à la monnaie ? Donc... la monnaie comme actif ? Et donc, ‘’philosophiquement’’, la monnaie comme ce quelque chose que ceux qui la possèdent doivent faire fructifier ?

Alors, s’agissant donc de l’économie politique qui postule le système bancaire en ‘’maître de la monnaie’’, ce que l’on est fondé à dire n’est-il pas que, substantiellement, elle n’est rien d’autre que cela : ‘’l’économie politique du rentier’’ ?

JT      

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