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Billet de blog 6 février 2020

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L'augmentation des scores d'intelligence peut ne pas modifier les traits de l'autisme

Une analyse sur l'évolution du QI et des traits autistiques de 12 à 23 ans chez des élèves londoniens qui fréquentent des écoles ordinaires.Le QI augmente, notamment chez ceux qui ont eu une régression précoce.

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spectrumnews.org Traduction de "Increase in intelligence scores may not alter autism traits" par Peter Hess / 4 février 2020

Illustration 1
© PhotoAlto / Frederic Cirou

Les personnes autistes présentent des améliorations significatives de leurs capacités cognitives entre 12 et 23 ans, mais leurs traits autistiques restent stables pendant cette période, selon une nouvelle étude 1. Cette étude, qui a suivi de jeunes autistes à Londres, en Angleterre, suggère également que les adolescents autistes qui fréquentent des écoles ordinaires ont de meilleures aptitudes sociales à 23 ans que ceux qui fréquentent des écoles spécialisées.

L'étude ne s'est pas penchée sur les raisons pour lesquelles le type d'école a une incidence sur les compétences sociales, mais des travaux antérieurs ont montré que le fait d'être dans une classe ordinaire est associé à de meilleurs résultats scolaires, quel que soit le quotient intellectuel (QI).

Les écoles ordinaires peuvent offrir aux élèves autistes un environnement social plus riche dans lequel ils peuvent apprendre à s'adapter aux défis de la vie dans un monde neurotypique, déclare Emily Simonoff, professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au King's College de Londres. Il se peut aussi que les élèves autistes des écoles ordinaires camouflent leurs traits pour tenter de s'intégrer aux autres élèves.

"Bien sûr, ces deux phénomènes ne s'excluent pas mutuellement - les deux pourraient se produire et contribuer à la différence", affirme Emily Simonoff.

L'équipe a suivi 158 adolescents autistes inscrits dans le cadre du projet "Besoins spéciaux et autisme". Ils ont évalué le QI des participants à 12, 16 et 23 ans et ont demandé aux parents d'évaluer les traits autistiques de leurs enfants à l'aide de l'échelle de sensibilité sociale ; 126 des participants ou leurs parents ont effectué l'évaluation finale à 23 ans.

"C'est impressionnant en termes de maintien sur cette période", déclare Emily Jones, professeur de développement cérébral et cognitif à Birkbeck, Université de Londres, qui n'a pas participé à l'étude. "Ce n'est pas énorme, mais c'est énorme comparé à d'autres études longitudinales".

Régression précoce

Les tests d'intelligence s'ajustent à l'âge, de sorte que les quotients d'intelligence sont généralement censés rester stables tout au long de la vie d'une personne. Mais les chercheurs ont constaté que le QI des participants augmentait avec l'âge, même si leurs traits autistiques restaient stables.

Les 35 participants dont les parents ont signalé une régression des compétences linguistiques dans la petite enfance ont connu la plus forte augmentation de leur QI, gagnant environ 13 points de QI en moyenne, contre environ 7 dans l'ensemble du groupe. Les travaux ont été publiés en décembre dans le Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry.

"L'explication la plus plausible à mes yeux est que les enfants qui régressent sont ceux dont la trajectoire, par ailleurs sous-jacente, était un développement normal-élevé en termes de cognition", dit-elle. "Ensuite, quelque chose est arrivé pour perturber cette trajectoire - et aussi pour provoquer l'autisme." Puis, tout au long de l'adolescence, dit-elle, ces participants sont progressivement retournés à leur trajectoire de développement antérieure.

De cette façon, dit-elle, la régression précoce peut marquer une trajectoire d'autisme unique, distincte de celles des enfants au développement cognitif plus lent mais plus régulier.

Un nombre croissant de chercheurs rejettent l'idée que la régression marque un sous-groupe d'enfants autistes, affirmant au contraire que l'apparition des traits de l'autisme semble simplement différente chez chaque enfant.

Certains chercheurs proposent une autre explication à l'augmentation apparente des capacités cognitives des participants à l'étude.

"Des facteurs sociaux interviennent dans les tests de QI, et les jeunes enfants autistes n'ont peut-être pas encore appris ce que le testeur veut qu'ils fassent", explique Uta Frith, professeur émérite de développement cognitif à l'University College London, qui n'a pas participé aux travaux.

Une régression précoce "a peut-être conduit à des estimations de QI plus faibles lors de la première vague de tests dans ce sous-groupe".


Références:

  1. Simonoff E. et al. J. Am. Acad. Child Adolesc. Psychiatry Epub ahead of print (2019) PubMed

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