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Billet de blog 7 avril 2025

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Limites de la génomique pour prédire et traiter l’autisme, un trouble né in utéro

Un article de Yehezkel Ben-Ari, sur les limites de la génétique dans l'autisme.

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Le site Handicap.fr a fait état d'une nouvelle analyse "qui invite à reconsidérer la seule approche génétique de l'autisme et démontre le rôle majeur des facteurs environnementaux durant la grossesse, influençant directement le développement cérébral du fœtus et la survenue des TSA."  16 mars 2025 • Par Cassandre Rogeret 

Y. Ben-Ari a publié l'article original - en français-  sur son blog : https://leblogdebenari.com/2025/03/13/limites-de-la-genomique-pour-predire-et-traiter-lautisme-un-trouble-ne-in-utero/

Bien des arguments scientifiques me passent à droite, à gauche ou au-dessus de la tête. Ce qui ne m'empêche pas de trouver l'article intéressant.

Le plan

  • Études génétiques et études de jumeaux sur les TSA
  • L’impact des mutations de novo
  • L’hérédité des TSA et la transmission par des séquences autres que l’ADN
  • La contribution de l’axe intestin-cerveau-immunité
  • Identification précoce des TSA
  • Périodes critiques et temporalité des troubles du développement
  • Lost in translation : l’approche purement génomique est une une impasse thérapeutique
  • CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES D’AVENIR
Autisme, une interview du Pr Yehezkel Ben-Ari © Asperansa autisme Asperger

Je suis moi-même jumeau dizygote ("faux jumeau") - pas d'autisme chez mon faux jumeau. J'ai trouvé donc intéressant l'analyse présentée entre les jumeaux dizygotes et les monozygotes ("vrais jumeaux" qui ont bien, d'ailleurs, des raisons de ne pas se ressembler complètement).

"les mutations ponctuelles de novo sont principalement d’origine paternelle et sont positivement corrélées à l’âge des parents" Les psychanalystes m'avaient fait croire que c'était de la faute des mères, et Bernard Golse il y a 19 ans m'avait répondu que j'étais une mère car j'avais pris un congé parental lors de la naissance de ma fille autiste. Ce qui avait offusqué ma copine psychanalytique qui était à côté de moi ! Par ailleurs, je n'étais pas vieux :).
"Il est concevable que l’héritabilité des TSA en partie résulte d’un transfert de la mère à l’enfant du microbiote intestinal à la naissance et par le colostrum, et de l’action sélective forte du régime alimentaire sur le microbiote, le régime alimentaire étant probablement lui-même héréditaire par transmission culturelle."

"Un programme d’apprentissage automatique (Machine Learning) a permis d’identifier à la naissance près de la moitié des futurs bébés atteints de TSA avec un haut degré de spécificité et pratiquement tous les bébés neurotypiques (96 %) (...) .Il est intéressant de noter que la troisième échographie réalisée peu avant l’accouchement montre que tous les « futurs TSA » ont une plus grande circonférence cérébrale que celui des fœtus neurotypiques correspondants ce qui suggère une déficience d’un processus essentiel de préparation à la naissance"

"La détection tardive laisse passer la meilleure fenêtre d’opportunité pour le traitement et conduit à une perte de la meilleure opportunité de traitement et entraîne un handicap à vie qui aurait pu être considérablement atténué par un traitement précoce"

"le stress de la naissance » est associé à une libération massive d’hormones de stress nécessaires aux fonctions respiratoire mais potentiellement toxiques pour l’activité neuronale. L’ocytocine, qui déclenche l’accouchement, atténue également les effets des hormones de stress exerçant de plus des actions analgésiques. Il est intéressant de noter que l’HC fœtale juste avant la naissance est plus importante chez les futurs enfants atteints de TSA que chez les enfants neurotypiques appariés selon l’âge, ce qui suggère qu’un événement protecteur avant la naissance a été aboli dans les TSA"

"Il est important de souligner les nombreux changements importants qui se produisent au cours du développement du cerveau.Les schémas de fonctionnement diffèrent dans les cerveaux immatures et adultes et exercent des rôles différents. Dans le cerveau en développement, l’activité va moduler la prolifération neuronale, la migration, la formation des synapses et et même le phénotype cellulaire"

"Plusieurs essais ont testé les effets d’un inhibiteur sélectif de de NKCC1 (...) le bumétanide, a permis de restaurer l’inhibition GABAergique dans des modèles de TSA dans divers modèles animaux pathologiques. (...) des essais de phase II similaires ont été menés avec succès en Chine (trois essais), aux Pays-Bas, en Iran, Égypte et en Tunisie, avec un total de plus de 1036 enfants traités selon une méta-analyse. Les mesures de suivi oculaire et l’imagerie cérébrale ont montré respectivement, une amélioration significative du contact visuel et une réduction de l’activation de l’amygdale dans des contacts visuels que les autistes souvent évitent .Malheureusement, deux derniers essais de phase III réalisés dans de nombreux pays européens, au Brésil et en Australie (210 enfants âgés de 2 à 6 ans et 210 enfants âgés de 7 ans) n’ont pas permis d’observer une différence significative entre les enfants traités et placébo. Ceci est conforme à l’échec répété des grands essais de phase III de nombreux troubles neurodéveloppementaux, malgré des essais de phase II prometteurs. Cela est très probablement dû à l’hétérogénéité des TSA et à la nécessité d’identifier des sous-populations et de mieux stratifier les critères d’inclusion en en fonction de marqueurs cliniques ou biologiques. Cela suggère qu’il est peu probable qu’un traitement unique pour tous les phénotypes de TSA soit probable. En d’autres termes, le développement futur des traitements des TSA est conditionné par l’identification clinique de phénotypes homogènes d’enfants atteints de TSA à l’aide de l’IA."

Extraits de la conclusion

"(...) il convient de souligner que, nos conclusions sont valables pour de nombreux autres troubles neurodéveloppementaux, dont certains d’origine génétique associés à des symptômes de type TSA chez lesquels, on observe aussi une activité NKCC1 accrue et des effets excitateurs du GABA et notamment, l’X Fragile, la trisomie 21, le syndrome de Rett, ou celui du syndrome de la délétion 22q-11-2 [...].  Pour chacun d’entre eux, des thérapeutiques potentielles similaires ont été mises au point  utilisant la bumétanide et d’autres stratégies visant à réduire l’activité de la NKCC1 ont également été suggérées. Par conséquent, nos conclusions ont une portée beaucoup plus large que la seule application aux TSA, qui sert ici d’exemple de la nécessité générale d’intégrer toutes les formes de toutes les formes d’hérédité dans nos approches médicales.

En conclusion, nous demandons instamment aux chercheurs et aux praticiens à dépasser la vision déterministe réductrice de la vie qui se concentre trop sur la séquence de l’ADN et d’adopter une approche qui intègre les informations provenant de tous les domaines de la biologie. Cette approche devrait prendre en compte la temporalité de l’apparition des troubles et la propriété dynamique fondamentale du cerveau afin de pouvoir détecter et agir avant que des dommages irréversibles ne soient causés. Pour réunir toutes les ressources et les techniques, il faudra s’appuyer sur de nombreuses approches scientifiques, dont l’épidémiologie, l’anatomie, la pathologie, la microbiologie, la physiologie et la biologie du développement, un défi interdisciplinaire que nous devons relever si nous voulons progresser dans la lutte contre de nombreuses maladies complexes."


Bumétanide et autisme

Interview du Pr Ben-Ari

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