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Billet de blog 9 mai 2019

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Les problèmes intestinaux sont fréquents, mais pas uniques, chez les enfants autistes

Des problèmes intestinaux : près de 40 % des enfants autistes ont des problèmes gastro-intestinaux. Mais c'est encore plus le cas pour les enfants atteints d'autres troubles neurologiques.

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spectrumnews.org  Traduction de "Gut woes common, but not unique, among children with autism"

par Nicholette Zeliadt / 2 mai 2019

Illustration 1
My little popy/Mon petit coquelicot (alias Myrtille) a mal au ventre © Luna TMG

Les enfants autistes sont plus susceptibles d'avoir des problèmes gastro-intestinaux (GI) que les enfants typiques, mais pas plus que les enfants atteints d'autres troubles neurologiques.

Environ 40 % des enfants atteints de divers troubles du développement souffrent de troubles gastro-intestinaux comme la constipation, les douleurs abdominales et la diarrhée, comparativement à environ 25 %des enfants typiques.

Des chercheurs ont rapporté ces résultats inédits aujourd'hui à l'occasion de l'assemblée annuelle 2019 de l'International Society for Autism Research à Montréal.

"Les taux de ces troubles gastro-intestinaux semblent beaucoup plus élevés, mais pour tous ces troubles du développement, et pas seulement pour l'autisme en particulier ", affirme Thomas Challman, directeur médical du Geisinger Autism and Developmental Medicine Institute à Lewisburg, en Pennsylvanie, chercheur principal.

Les estimations de la prévalence des problèmes digestifs chez les enfants autistes varient énormément, allant de 9 % à plus de 90 % 1. La nouvelle analyse est la plus importante du genre à ce jour : elle concerne près de 47 000 enfants, dont plus de 7 000 autistes.

Challman et ses collègues ont examiné les dossiers médicaux des enfants âgés de 3 à 18 ans du Geisinger Health System, dans le centre de la Pennsylvanie. Ils ont examiné les dossiers de 7 138 enfants diagnostiqués autistes et de 16 360 enfants atteints de troubles du langage, de paralysie cérébrale, de retard de développement ou de déficience intellectuelle. Ils ont jumelé ces enfants, selon l'âge et le sexe, à 23 498 témoins.

Les chercheurs ont ensuite cherché dans les dossiers des mentions de codes de diagnostic, d'interventions, de médicaments et de consultations avec des spécialistes en matière d'intestin.

Les enfants atteints d'autisme ou de toute autre affection sont plus susceptibles que les enfants typiques d'avoir eu un problème intestinal : entre 36 % et près de 50 % des enfants atteints d'une de ces affections ont reçu un diagnostic de maladie intestinale, par exemple, comparativement à 19 % à 28 % des témoins.

Les enfants atteints d'une des autres affections sont encore plus susceptibles que les enfants autistes d'avoir des problèmes intestinaux : près de 44 % ont reçu un diagnostic de maladie intestinale, comparativement à 39 % des enfants autistes.

Parmi les enfants autistes, ceux qui ont également un retard de développement ou une déficience intellectuelle sont les plus susceptibles d'avoir des problèmes intestinaux.

M. Challman et ses collègues se demandent si certains types de problèmes gastro-intestinaux ou de traitements sont plus courants chez les enfants autistes que chez les enfants avec des conditions apparentées. "Il est possible qu'il y ait des différences cachées parmi ces problèmes gastro-intestinaux ", dit Challman.

Réferences:

  1. Buie T. et al. Pediatrics 125, S1-S18 (2010) PubMed

Voir poster Prevalence of Gastrointestinal Problems in Individuals with Autism Compared to Those with Other Developmental Disorders and Typically-Developing Controls

Dossier INSAR 2019 Spectrum News

Traductions


BUIE Timothy, CAMPBELL Daniel B., FUCHS George J. et alii. Evaluation, Diagnosis, and Treatment of Gastrointestinal Disorders in Individuals With ASDs: A Consensus Report. In Pediatrics, n°125, janvier 2010. p. 1-18.
https://pediatrics.aappublications.org/content/pediatrics/125/Supplement_1/S1.full.pdf

Traduction des énoncés :
Enoncé n°1 ( Enoncé clé)
Les individus atteints de TSA qui se présentent avec des symptômes gastro-intestinaux justifient une évaluation approfondie, comme ce serait entrepris pour les personnes sans TSA qui ont les mêmes symptômes ou signes. Des algorithmes basés sur les preuves [Evidence-based] pour l'évaluation des douleurs abdominales, de la constipation, de la diarrhée chronique, et la maladie du reflux gastro-oesophagien (RGO) devraient être développés.

Enoncé n°2 :
Les états gastrointestinaux qui sont rapportés comme courants chez les individus sans TSA sont également rencontrés chez les individus atteints de TSA.

Enoncé n°3
La prévalence des anomalies gastro-intestinales chez les individus atteints de TSA est incomplètement comprise.

Enoncé n°4
L'existence d'un trouble gastro-intestinal spécifique pour les personnes atteints de TSA (ex: «entérocolite autistique») n'a pas été établie.

Enoncé n°5
La preuve de la perméabilité gastro-intestinale anormale chez les individus atteints de TSA est limitée. Des études prospectives devraient être effectuées pour déterminer le rôle de la perméabilité anormale des manifestations neuropsychiatriques des TSA.

Enoncé n°6
Les individus atteints de TSA et de symptômes gastro-intestinaux sont à risque de problèmes comportementaux. Lorsque les patients souffrant de troubles gastro-intestinaux présentent des manifestations comportementales, l'évaluation diagnostique peut être complexe.

Enoncé n°7
Pour une personne ayant un TED qui se présente pour le traitement d'un problème de comportement, le soignant devrait envisager la possibilité qu'un symptôme gastro-intestinal, en particulier la douleur, est un paramètre d’une manifestation, à savoir un facteur qui augmente la probabilité qu’un comportement à problèmes grave (par exemple, automutilation, agression) peut se manifester. Un changement de comportement subit et inexpliqué peut être la marque de douleur sous-jacente ou d'inconfort. Un traitement comportemental peut être lancé tant que la possible maladie simultanée est à l'examen, diagnostiquée (ou exclue), et traitée, mais le traitement comportemental ne devrait pas se substituer à un examen médical. Le dispositif de traitement comportemental devrait être développé, appliqué et modifié au besoin en collaboration avec les prestataires de soins médicaux qui mènent l'examen médical.

Enoncé n°8
Une formation du personnel soignant et des prestataires de soins de santé est nécessaire pour inculquer les connaissances concernant la façon de reconnaître les signes et symptômes typiques et atypiques de troubles gastro-intestinaux chez les individus atteints de TSA.

Enoncé n°9
Les pédiatres et autres fournisseurs de soins primaires devraient être attentifs à d'éventuels problèmes nutritionnels chez les patients atteints de TSA. Une évaluation par un nutritionniste qui est familier avec le soutien nutritionnel pour les individus atteints de TSA est recommandée si les soignants soulèvent des inquiétudes concernant le régime alimentaire du patient ou si le patient présente une sélectivité d'apport ou se trouve sur un régime hypocalorique.

Enoncé n°10
L'évaluation fondamentale des soins nutritionnels de chaque personne ayant un TSA doit inclure

  • (1) Poids en fonction de la taille ou IMC [indice de masse corporelle],
    (2) poids en fonction de l'âge,
    (3) Taille en fonction de l'âge,
    et (3) toute modification marquée du taux de croissance (% dans le temps) .

Enoncé n°11
Des rapports anecdotiques suggèrent qu'il peut exister un sous-groupe d'individus atteints de TSA qui répondent à l'intervention diététique. Des données supplémentaires sont nécessaires avant que les pédiatres et autres professionnels puissent recommander des modifications au régime alimentaire.

Enoncé n°12
Les données de recherche disponibles ne soutiennent pas l'utilisation d'un régime sans caséine, un régime sans gluten, ou un régime combiné sans gluten, sans caséine (SGSC), comme traitement primordial pour les individus atteints de TSA.

Enoncé n°13
Pour les patients atteints de TSA, les antécédents détaillés doivent être obtenus pour identifier les associations possibles entre l'exposition aux allergènes et des symptômes gastro-intestinaux et / ou comportementaux.

Enoncé n°14
Des définitions normalisées des réactions indésirables aux aliments seraient utiles dans les discussions avec les patients ou les soignants. Ces définitions devraient également être utilisées dans des études de réactions alimentaires indésirables chez des individus atteints de TSA.

Enoncé n°15
Pour les patients atteints de TSA, une histoire détaillée (y compris les antécédents personnels de maladie allergique, antécédents alimentaires, et les antécédents familiaux) et l'examen physique devraient être effectués pour identifier avec précision le potentiel de maladies allergiques comorbides.

Enoncé n°16
L'implication de spécialistes (allergologues, gastro-entérologues, diététiciens, thérapeutes de l'alimentation) pour la gestion des individus atteints de TSA peut être bénéfique.

Enoncé n°17
Des aberrations immunologiques ont été rapportées chez des individus atteints de TSA. Toutefois, une relation directe de cause à effet entre le dysfonctionnement immunitaire et le TSA n'a pas encore été prouvée.

Enoncé n°18
Le rôle de la réponse immunitaire dans la pathogenèse des troubles gastro-intestinaux chez les personnes avec TSA justifie un examen supplémentaire.

Enoncé n°19
Le rôle de la microflore intestinale dans la pathogenèse des troubles gastro-intestinaux chez les individus atteints de TSA n’est pas bien comprise.

Enoncé n°20
Compte tenu de l'hétérogénéité des personnes ayant un TSA et les résultats de nombreuses recherches contradictoires sur les TSA, il est impératif que le phénotype (caractéristiques biologiques, cliniques et comportementales) des sujets des études futures soit bien défini. Cela permettra de clarifier la physiopathologie sous-jacente et les aspects cliniques de la maladie et d’orienter les évaluations et les traitements à mettre au point.

Enoncé n°21
Les études sur les troubles gastro-intestinaux chez les TSA doivent inclure des tests génétiques pour tous les participants.

Enoncé n°22
Prévalence et caractérisation des symptômes gastro-intestinaux spécifiques doivent être examinés dans les syndromes génétiques bien définis avec des taux élevés de TSA.

Enoncé n°23
Les essais cliniques de traitement des symptômes gastro-intestinaux devraient inclure la conservation d'échantillons d'ADN.

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