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Billet de blog 10 novembre 2020

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À 47 ans, j'ai découvert que j'étais autiste - soudain, tant de choses ...

La vie des autres semblait toujours plus facile, mais il a fallu le diagnostic d'autisme de ma fille pour comprendre pourquoi

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theguardian.com Traduction de "'At 47, I discovered I am autistic – suddenly so many things made sense'" par Rachel Rowe - 19 octobre 2020

"À 47 ans, j'ai découvert que j'étais autiste - soudain, tant de choses avaient un sens"

Jusqu'à l'année dernière, je n'avais aucune idée que j'étais autiste. Je savais que j'étais différente et on m'avait toujours dit que j'étais "trop sensible". Mais je ne corresponds pas au stéréotype daté de Rain Man. Je suis PDG, je suis mariée, j'ai deux enfants. L'autisme est souvent un handicap caché.

D'autres personnes me faisaient croire que la vie était facile et sans effort, alors qu'avant mon diagnostic, j'opérais toujours avec un certain degré de confusion. J'ai pu accomplir beaucoup de choses et j'attribuais cela à la forte éthique de travail que j'ai héritée de mon père, mais maintenant je ne doute pas qu'il était lui aussi autiste.

J'ai gravi les échelons de ma carrière très rapidement. Mon esprit est toujours à des millions de kilomètres à l'heure et je n'ai pas vraiment d'interrupteur. Je dois à tout prix finir ce que je commence. Maintenant, je comprends que cela fait partie du fait d'être autiste. Einstein, Mozart, Michel-Ange, Steve Jobs, Bill Gates - tous ces surdoués sont, ou ont été, largement considérés comme faisant partie du spectre.

Je n'ai pas seulement travaillé dur, j'ai aussi fait beaucoup d'efforts pour jouer. J'ai utilisé des drogues récréatives pour me faciliter la tâche face aux défis de la communication sociale. J'ai toujours été une adepte des boites de nuit [clubber], et non des bars [pubber], parce que je ne pouvais pas faire de bavardage.

L'autisme se caractérise par un besoin de schémas répétitifs et de défis en matière de communication. À chaque interaction, verbale ou écrite, je passe par une liste de contrôle mentale : ma réponse est-elle appropriée ? Est-elle pertinente ? Est-ce quelque chose que je suis la seule à trouver intéressant ? Mon ton est-il approprié ? Essayer de suivre les règles sociales et de s'adapter à un monde alliste [non-autiste] est épuisant. Personne ne voit ce qui se passe dans ma tête.

Je dois travailler très dur sur les amitiés. Je suis bonne pour me faire des amis, mais pas pour les garder. Les malentendus dans la communication peuvent exploser assez rapidement. J'ai des attentes très élevées vis-à-vis de moi-même et des autres, et mes amis me disent que cela peut ressembler à une pression. Le compromis est que je suis fiable à 100%, très loyale et très amusante lorsque je me sens sociale. Les personnes autistes ont un taux de divorce élevé. Mon mari est une personne très calme et bien équilibrée, ce qui est un bon atout pour moi.

J'ai eu un burn-out à la fin de la vingtaine. Originaire d'Angleterre, j'ai passé un an en Inde à chercher des réponses, puis je suis partie vers le sud, en Australie. Ce n'est pas un hasard si j'ai déménagé à l'autre bout du monde pour essayer de trouver ma place, où je serais acceptée. Ma plus grande peur a été ce que j'ai toujours appelé "le grand seul". Même lorsque j'ai été dans des relations amoureuses, comme c'est le cas maintenant, il y a eu une terrible solitude dans le fait de ne pas comprendre pourquoi je ne suis pas comme les autres.

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Rachel Rowe : "J'ai des attentes très élevées envers moi-même et les autres, et mes amis me disent que cela peut ressembler à de la pression. © Tonic Mag

C'est un moment de justice sociale pour les personnes autistes. Au cours des cinq ou dix dernières années, le concept de neurodiversité - l'idée que ces différences dans nos cerveaux doivent être reconnues - est devenu plus connu. Nous méritons l'égalité, le respect et la pleine intégration sociale.

L'autisme n'est pas seulement un diagnostic médical, il fait partie de nos identités, et quand les personnes autistes vous demandent de faire un effort supplémentaire pour apprendre et comprendre comment nous pensons différemment, nous ne demandons rien que nous n'ayons pas fait pour les personnes allistes toute notre vie.

Nous devons commencer à faire de la place pour les personnes neurodivergentes à l'école, au travail, dans la vie en général. Les autistes apportent avec eux un ensemble de compétences tout à fait nouvelles. Il est temps que la société apprenne à accepter nos différences plutôt que de nous obliger à les cacher.

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