L'ASS des AS' organise le 2ème salon Aspie Days à Arras. A cette occasion, Cécile Bouche, présidente de l'association à répondu à mes questions.

Vous organisez le 2ème salon Aspie Days à Arras les 4 et 5 mars 2022. Pouvez-vous présenter votre association ?
Cécile Bouche :
L’ASS des AS’, ASSociation des Asperger du Nord-Pas-de-Calais œuvre pour le développement de l'autonomie, l'insertion professionnelle, la participation sociale et l'épanouissement personnel des personnes Asperger et personnes autistes apparentées.
L’association regroupe 430 adhérents, 21 administrateurs (parents, personnes autistes et professionnels), 15 professionnels salariés et libéraux (permanents, animateurs du GEMsA et animateurs des groupes) et 103 bénéficiaires des différents groupes (habiletés sociales, interactions sociales et groupe de parole pour les aidants)
Vous avez organisé en 2017 le 1er salon Aspie Days, qui a été une grande réussite. Qu'est-ce qui vous a motivé pour un 2ème salon ?
La principale motivation vient des retours que nous avons eus lors de la 1ère édition témoignant d’une grande satisfaction des visiteurs et d’une demande de réitérer l’évènement
Tous et chacun ont pu y trouver ce qu’ils étaient venu chercher : des informations, des rencontres, des échanges, des idées et de la bienveillance.
Nous avons notamment été ravis par la présence et la représentativité des personnes adultes autistes (1/3 des visiteurs).
Cela a pris quelques années pour nous décider car la préparation demande un investissement très important des bénévoles et nous sommes aussi très occupés par d’autres projets et actions comme toutes les associations que l’on rencontre.
Et puis voilà nous y sommes !...
Les 4A (Alliance des Associations pour Autistes de haut niveau et Asperger) ont été créés par plusieurs associations, dont l'Ass des As' à l'origine. Qu'est-ce qui vous a amené à créer une association spécifique au syndrome d'Asperger ou à l'autisme de « haut niveau » ?
A l’image de beaucoup d’autres : l’ASS des As’ est née en 2007 d’une rencontre entre parents, accompagnés de leurs enfants. Le lien s’est créé entre nous. L’idée de l’association est venue d’un manque de réponses existantes et adaptées au fonctionnement spécifique des personnes autistes Asperger.
L’histoire de l’ASS des AS’ a commencé par la nécessité d’agir, de créer des réponses pour faciliter la vie des personnes autistes et de leur entourage. Cela reste notre raison d’être.
Lors du 1er salon, j'ai été particulièrement intéressé par l'atelier sur les groupes d'habiletés sociales. Pouvez-vous préciser votre activité sur ce sujet ?
Nous proposons 7 groupes d’habiletés sociales, dans différents territoires et 2 groupes d’interactions sociales.
L'objectif des groupes d'habiletés sociales (GHS) est d'aider les personnes concernées à comprendre les règles sociales et à acquérir les habiletés sociales pour faciliter inclusion sociale à l'école, au travail, dans la vie de tous les jours. Les séances sont structurées et l’animateur suit différentes étapes : humeur du jour, apports théoriques sur un sujet, jeux de rôle…
Il est important d’avoir des groupes homogènes en âge. En effet, ce ne sont pas les mêmes thématiques abordées si l’on est un enfant à l’école primaire, un collégien, un lycéen, ou un jeune adulte. Par exemple, le harcèlement scolaire est systématiquement abordé pour les collégiens.
L’intérêt de ces groupes, au-delà d’apporter aux participants certains éclairages sur les codes sociaux, est de permettre aux jeunes de mieux se connaitre et de se reconnaitre dans des fonctionnements et des vécus semblables. Se dire et réaliser que « je ne suis pas seul » est une aide dans un parcours de vie et dans la construction de son identité. C’est vrai pour les parents également.
Nous avons également mis en place un GHS au sein de l’ULIS d’un collège, en partenariat avec l’éducation nationale, grâce à une subvention d’Autistes Sans Frontière et à un don de particulier. Cela permet à ces collégiens de mieux appréhender les situations sociales vécues au sein de l’établissement. Nous avons un très bon partenariat entre la psychologue animatrice de ces 2 groupes, le coordinateur de l’ULIS et l’AESH. Il sera d’ailleurs présent à la table ronde sur la scolarité lors des Aspie Days.
Enfin, depuis 5 ans, nous mettons aussi en place des Groupes d’Interactions Sociales (GIS) qui sont destinés à des adultes (à partir de 24 ans). A mi-chemin entre un groupe d’habiletés sociales et un groupe de parole, ce groupe est un lieu de partage et de solidarité, il a pour vocation d'échanger, d'exprimer ses difficultés, de découvrir ses propres ressources ou d'en développer de nouvelles, afin de gérer ce qui est compliqué.
Ce groupe aide à trouver de nouvelles possibilités d'action dans son quotidien et dans sa vie, par le partage des expériences de chacun et par le travail qui y est proposé. Ainsi, il est aussi un lieu d'apprentissage (thème de séance, échanges et travail du jour autour du thème, indications pour la séance suivante, …).
Enfin, il favorise la création de liens sociaux entre les participants.

Quelle est votre implication dans les GEM (groupes d'entraide mutuelle) ?
En 2019, nous avons proposé à quelques adultes qui se connaissaient et se rencontraient lors des cafés Asperger, et/ou des Groupes d’Interactions sociales de créer un GEM sur Lille. Un financement de la fondation Orange a permis de démarrer le projet dans des conditions favorables.
Reconnu et financé par l’ARS, celui-ci est devenu le GEMsA (Groupe d’entraide Mutuelle spécifique Autisme) pour le Nord. Il est donc maintenant porté par l’association du GEMsA, avec les gemmeurs et son président, Nicolas Lecoester. Son implication dans l’accueil des gemmeurs et dans l’organisation des activités est remarquable.
L’ASS des AS est toujours à leur côté en portant notamment les contrats des animateurs.
Asperansa a été créée comme groupes de parents d'enfants allant à l'école ordinaire. Ces enfants ont grandi, et certains sont devenus adhérents de l'association. D'autres adultes autistes sont devenus adhérents. J'imagine que c'est aussi le cas à l'Ass des As'. Comment arrivez-vous à faire fonctionner ensemble parents et adultes ?
Ça fait partie de la richesse de nos associations. Entre parents et adultes autistes, nous partageons ensemble la gouvernance, les actions, nos aspi’rations.
Avec certains adultes que l’on connait depuis 10-15 ans, nous avons l’impression d’avoir grandi (de nous être construit personnellement…) ensemble.
Comment se fait l’alchimie ? Par la confiance que nous nous portons et par la cause commune qui nous anime.
Quelles sont vos relations avec le CRA Hauts-de-France ?
Il y a 2 CRA dans les Hauts de France, celui de Picardie et celui du Nord-Pas-de-Calais.
Depuis notre création, Nous sommes partenaires et proches du CRA Nord-Pas-de-Calais. Si nous existons, c’est aussi grâce aux professionnels du CRA qui nous ont accompagnés, sur qui nous pouvons compter et qui croient à la force des mouvements associatifs. C’est ensemble que nous avançons, chacun à sa place dans le respect de nos objectifs et missions.
L’ASS des AS’ fait partie de l’association Autisme Ressources Hauts-de-France, participe au COS [comité d'orientation stratégique]…Le CRA est partenaire pour les Aspie Days et pour bien d’autres actions.
