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Billet de blog 13 septembre 2019

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Autisme et emploi au congrès d'Autisme Europe 1/2

Des communications sur le thème de l'autisme et de l'emploi au congrès d'Autisme Europe à Nice. Une étude dans le milieu des arts vivants. Une autre sur le sentiment d'appartenance des étudiants. Un outil en ligne d'aide à l'emploi développé aux Pays-Bas

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce matin, j'ai assisté aux interventions sur le thème de l'emploi des personnes autistes au congrès d'Autisme Europe à Nice.

J'ai traduit les présentations figurant sur le site du congrès, et j'ajoute quelques commentaires. Il s'agit des communications orales "Accès à l'Emploi" du vendredi 13 septembre, à 10h50.

Des érudits de l'expression humaine : L'expérience des professionnels autistes des arts de la scène et les attitudes des employeurs des arts de la scène

Orateur(s) : Ellie Buckley (ROYAUME-UNI), Anna Remington (ROYAUME-UNI), Liz Pellicano (AUSTRALIE)

Illustration 1
Eleanor Buckley © DR
  • Résumé : Les arts de la scène n'ont jamais été considérés comme une carrière privilégiée pour les personnes autistes. Pourtant, notre travail préliminaire dans ce domaine a révélé qu'il y a des personnes autistes qui travaillent dans ce secteur et qu'elles désirent un soutien axé sur l'emploi. Dans cette étude, nous avons cherché à mieux comprendre les défis auxquels font face les adultes autistes dans l'emploi des arts de la scène ainsi que la nature et l'étendue du soutien dont ils ont besoin. 18 professionnels des arts de la scène autistes (7 femmes, 9 hommes, 2 non-binaires/autres ; M âge = 33 ans) et 19 employeurs des arts de la scène (10 femmes, 9 hommes et M âge = 44) ont participé à des entrevues semi structurées. Les entrevues avec les professionnels autistes ont porté sur leurs goûts et leurs aversions à l'égard de leur milieu de travail et sur la question de savoir s'ils avaient déjà eu besoin ou s'ils aimeraient obtenir du soutien pour leur travail. On a interrogé les employeurs sur leurs connaissances actuelles de l'autisme, leurs expériences de travail avec des personnes autistes et s'ils savaient comment obtenir du soutien pour un employé autiste ou pour eux-mêmes, au besoin. Celles-ci étaient centrées sur l'anxiété causée par des changements de dernière minute dans l'emploi du temps ou la difficulté à comprendre les instructions, les idées fausses des collègues sur leurs besoins et leurs capacités, et le sentiment d'être obligé de faire du réseautage malgré des niveaux élevés de stress de socialisation. Les professionnels de l'autisme ont également parlé de la façon dont les traits autistiques ont profité à leur travail : pouvoir se concentrer sur les tâches pendant longtemps, travailler dans les détails précis et aborder leur travail d'un point de vue inédit. Certains professionnels autistes avaient accès à du soutien, mais la plupart estimaient qu'il n'y avait pas assez de soutien disponible. Les employeurs du secteur des arts de la scène ont eu des expériences de travail différentes avec les personnes autistes, mais ils ont constamment identifié la variabilité parmi les personnes autistes et le soutien individualisé dont elles ont besoin. Beaucoup d'employeurs connaissaient peu le soutien spécifique à l'autisme ou comptaient sur d'autres personnes pour le fournir. Les résultats brossent un tableau de la contribution significative des personnes autistes dans le domaine des arts de la scène, mais aussi d'un certain nombre de défis à relever. Il est essentiel que ces résultats identifient les besoins de soutien non satisfaits actuels des professionnels autistes des arts de la scène et nous permettent de formuler des recommandations dans ce domaine. La recherche future devrait développer et évaluer un soutien personnalisé basé sur l'emploi pour ces professionnels.

Les professionnels autistes avaient une moyenne de 6 ans d'activité. Il s'agissait à la fois d'acteurs [performers] et de techniciens.

Les professionnels ont expliqué qu'ils avaient dû étudier le lange corporel ou apprendre à dissimuler : cela les a aidés professionnellement. Autre point fort, c'est une approche créative, en voyant le monde différemment.
Dans les difficultés : dans ce secteur, on est recruté projet par projet, il faut sans cesse chercher de nouveaux emplois. Il y a l'anxiété pour les auditions ou entretiens.

Également, les employés NT ont du mal à créer des liens avec les employés TSA, ils parlent d'eux derrière leur dos.
Les professionnels TSA craignent d'en parler aux collègues ou employeurs, craignent la stigmatisation. Crainte aussi d'être enfermés dans certains rôles.
Les employeurs voudraient de la formation, mais ... ils ne sont pas enclins à investir, car les emplois dans ce secteur sont indépendants, et non des emplois salariés permanents.
Il faudrait un soutien pour les auditions, pour qu'elles soient organisées différemment.

Les professionnels TSA voudraient un mentor.
La prochaine étape est de tester des méthodes de soutien, autant pour les professionnels TSA que pour les employeurs.

Un intervenant de SAP explique qu'il faut éviter de stéréotyper les emplois accessibles aux personnes autistes.

Il faudrait pouvoir transférer ce type de travail dans les secteurs où il est nécessaire de se faire du "réseautage"

Renforcer le sentiment d'appartenance des étudiants atteints de troubles du spectre de l'autisme pendant leurs études supérieures et leur transition vers l'emploi

Orateur(s) : Henri Pesonen (FINLAND), Marc Fabri (UNITED KINGDOM), Timo Lorenz (GERMANY)

Illustration 2
Henri Pesonen (Finlande) © DR
  • Résumé : Le sentiment d'appartenance fait référence à la mesure dans laquelle un individu se sent personnellement inclus, accepté, respecté et soutenu. Il s'agit d'un besoin humain fondamental et son absence peut entraîner de graves effets néfastes, par exemple la dépression. Les personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA) entreprennent des études supérieures à un rythme croissant et sans précédent. Les étudiants atteints de TSA ont souvent de la difficulté à se sentir appartenir en raison de trois domaines dans lesquels ils diffèrent principalement de leurs pairs sans TSA : les habiletés sociales/interactions, la rigidité comportementale/les intérêts, et la langue/communication. La création d'environnements inclusifs dans les établissements d'enseignement supérieur dans lesquels ces étudiants peuvent ressentir de manière optimale un fort sentiment d'appartenance (qui est lié à un meilleur rendement scolaire et à une meilleure employabilité, par exemple) s'est avérée difficile. Cette étude qualitative, qui fait partie du projet IMAGE (Improving Employability of Autistic Graduates in Europe), examine le sentiment d'appartenance des étudiants atteints de TSA pendant leurs études supérieures et leur transition de l'enseignement supérieur à l'emploi. On étudiera les expériences des élèves et les défis qu'ils ont signalés en matière d'appartenance. La collecte des données est en cours et sera terminée d'ici avril 2019. Les données volontairement échantillonnées consistent en des entrevues avec des étudiants de l'enseignement supérieur ou des diplômés récents atteints de TSA (N = 25-40) en Finlande, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Des méthodes d'analyse narratives seront utilisées. L'analyse initiale des données d'entrevue recueillies jusqu'à présent révèle que le personnel de l'enseignement supérieur (p. ex., les conseillers en orientation professionnelle) a des compétences et des méthodes limitées pour aider les élèves atteints de TSA à se sentir à leur place, ce qui peut empêcher les élèves d'acquérir les compétences en employabilité dont ils ont besoin pour réussir leur transition vers un emploi, par exemple. Les résultats préliminaires seront discutés en détail au cours de cette présentation. Les résultats offrent des implications pratiques sur la façon de renforcer le sentiment d'appartenance des étudiants à l'enseignement supérieur, ce qui peut améliorer l'apprentissage réussi des compétences liées à l'employabilité chez les étudiants, ainsi que l'augmentation du taux d'emploi des personnes atteintes de TSA.

En consultant le site http://www.imageautism.com/, on s'aperçoit que l'université de Toulouse est partenaire. Pas étonnant avec le projet Aspie-friendly.
Un bon sentiment d'appartenance à l'Université renforcera les aptitudes à l'emploi.
Les premiers éléments montrent que les barrières résultent du fait d'avoir à se débrouiller seuls, à s'orienter et qu'il n'y a pas de structures d’accompagnement en place. Se pose la question de divulgation du diagnostic. Le fait de se sentir différent des NT est également un frein.
Les éléments favorisant tiennent à des individus, pas à des groupes; Il y a des enseignants qui aident, mais ce n'est pas systématique. Les gens ne savent toujours pas ce que c'est l'autisme.
Un auditeur se demandait s'il était possible de poursuivre l'étude sur les conséquences dans l'emploi. En effet, certaines des personnes interrogées avaient eu leur diplôme dans les 5 dernières années. Et il est fréquent que les étudiants aient des emplois à temps partiel ou des boulots de vacances.
L'intervenant a cependant expliqué que ces derniers emplois ne correspondaient pas aux emplois recherchés par les étudiants TSA, qui veulent avoir des boulots correspondant à leur formation.
Il a également expliqué qu'il ne cherchait pas à faire des différences entre pays, et que d'ailleurs les problèmes apparaissaient semblables.

Développement et première évaluation de l'outil WorkWeb-Autism- eHealth pour la gestion de carrière et l'emploi de personnes atteintes de troubles du spectre de l'autisme

Illustration 3
Jeanet Landsman (Pays-Bas) © DR

Orateur(s) : Jeanet Landsman (NETHERLANDS), Heleen Dorland (NETHERLANDS), Sandra Brouwer (NETHERLANDS)

  • Résumé : Bien que des politiques et des programmes actifs du marché du travail aient été mis en place, le taux d'emploi des personnes atteintes de TSA reste faible : 25% à 50% des adultes présentant des TSA et un QI supérieur à 80 ont un emploi salarié. Ceux qui ont un emploi ont souvent un emploi inférieur à leur niveau de scolarité, travaillent moins d'heures par semaine, sont moins payés et ont de la difficulté à conserver leur emploi. Les personnes atteintes de TSA ont besoin d'approches personnalisées pour leur permettre de gérer le processus de choix et de réalisation de la meilleure éducation possible et de trouver et de conserver un emploi rémunéré satisfaisant. Il existe des preuves préliminaires que les outils en ligne peuvent aider. Nous avons développé WorkWeb-Autism (WW-A) basé sur des connaissances scientifiques et pratiques sur les obstacles et les facilitateurs de la participation au travail, la prise de décision partagée, l'emploi assisté et la théorie sur l'employabilité. WW-A se compose de trois composantes : 1) Connaissances générales et listes de contrôle, 2) Guide de recherche d'emploi' et 3) Profil personnel. Nous allons mettre en ligne' en avril 2019 et mener une évaluation auprès des utilisateurs avec deux objectifs : 1) évaluer si l'outil est clair et utile et 2) si nous nous attendons à ce qu'il ait un effet positif sur l'employabilité et, éventuellement, sur les taux d'emploi ; nous suivons le Protocole de cartographie des interventions et utilisons la recherche-action participative (RAP) qui a deux caractéristiques : 1) la participation de toutes les parties prenantes concernées en tant que partenaires dans le processus de recherche et de développement et 2) un engagement à agir pour le changement social. Nous appliquons une approche ascendante, axée sur les priorités définies par les groupes cibles de WW-A : les personnes atteintes de TSA, leurs parents/partenaires, les professionnels et les employeurs. Environ 50 personnes sont déjà impliquées, dont 20 personnes atteintes de TSA. Jusqu'à présent, les résultats montrent que cet outil peut être utile pour la gestion de carrière, la recherche d'emploi et le maintien dans l'emploi. Nous sommes impatients de savoir si l'outil fonctionne comme prévu lorsqu'il sera disponible gratuitement en ligne. Les premiers résultats de l'évaluation de la WW-A seront présentés au congrès. Nous discuterons de la façon dont un outil de santé en ligne, basé sur des connaissances scientifiques et pratiques, peut aider les personnes atteintes de TSA à améliorer leur autogestion dans leur participation au travail, avec l'aide d'intervenants importants. Comment WW-A fait-elle la différence ?

L'outil https://www.werkwebautisme.nl/ est en ligne depuis 6 mois. Il y a 2000 visiteurs, 600 ont créé un profil personnel.

Illustration 4

Le site n'existe qu'en néerlandais pour l'instant (même s'il a été construit avec des données de la NAS britannique). La conception et le codage ont été faits par une entreprise n'utilisant que des salariés autistes. La conception s'est appuyée sur une entreprise "intermédiaire" entre entreprises et personnes TSA, avec des coachs.
Il a été noté que les TSA surestiment parfois leurs capacités. L'intervenante reconnaît que c'est difficile avec cet outil de contrôler si les réponses de la personne correspondent à une situation réelle.

A suivre

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