Lettre ouverte à la Ligue des Droits de l’Homme de Brest
Dans le cadre du festival de cinéma que vous organisez, vous projetez le film de Marianna Otero, « A ciel ouvert ».
Cela est très surprenant. Vous avez sans doute été abusés, comme l'UNAPEI, qui a publiquement regretté l'information favorable qu'elle avait précédemment diffusée.
En tant que défenseur des libertés, dont celle de l'information, vous n'êtes pas sans savoir que le documentaire de Sophie Robert - « Le Mur » - diffusé en septembre 2011 a été interdit de janvier 2012 à janvier 2014, sur demande notamment du Dr Alexandre Stevens, responsable du Courtil. Cette interdiction était exceptionnelle et avait fait l'objet des inquiétudes des documentaristes. La justice a aujourd'hui indiqué qu'il n'y avait pas de dénaturation fautive des propos des personnes interviewées, dont le Dr Stevens. Chacun peut le vérifier, non en lisant un article d'une journaliste du « Monde », mais le jugement lui-même.
C'était « Le Mur » , enfin libéré de la censure, qu'il fallait diffuser, et non un film à l'apologie des censeurs.
Le Comité Consultatif national d'éthique a à deux reprises critiqué l'accès aux droits fondamentaux pour les personnes autistes en France. Faut-il aussi faire référence aux deux condamnations européennes, dont la dernière vient d'être publiée ?
Que voit-on dans le film ? Des enfants arrachés à leurs parents très tôt (dès 4 ans), des diagnostics obsolètes (psychose et schizophrénie infantile : retard de plus de 70 ans), des interprétations délirantes, des activités de jeux intéressantes – avec 3 intervenants pour un enfant, ce qui n'est pas à la portée de toutes les institutions - , l'absence d'objectifs personnalisés.
Que ne voit-on pas dans le film ? L'exclusion des parents, la scolarité oblitérée.
En ce qui concerne la place des parents, on est loin de la prescription parentale recommandée par le Dr Jacques Constant dans son « Permis de conduite en pays autiste ». Ils ignorent ce qui se passe au Courtil [d'où leur intérêt pour le film]. Par contre, ils seront convoqués, eux, pour être traités « à l'insu de leur plein gré ». Un retour à la « Forteresse Vide » de Bruno Bettelheim.
Le succès du Courtil se base sur le fait qu'il permet l'accès à l'éducation spécialisée belge, qui est formée par le SUSA (Service Universitaire Spécialisé en Autisme) et qui utilise couramment notamment les pratiques PECS (communication par images) et TEACCH (structuration de l'environnement). Mais il faut faire le détour par l'internat et l'éloignement de la famille du fait de l'incapacité de notre Éducation Nationale à inclure les enfants autistes – même si çà s'améliore notamment depuis la loi de 2005 et le développement des AVS (auxiliaires de vie scolaire).
Mais dans la pratique du Courtil, l'enfant sera d'abord longuement déscolarisé.
Quelles autres questions pourraient se poser par exemple la LDH par rapport au Courtil ?
- Quelle est la liberté des salariés si tous, baptisés « intervenants », doivent faire une analyse ?
- Quel droit à la sexualité pour les adolescents et adultes hébergés ?
Nous projetterons le nouveau film de Sophie Robert – réalisatrice du « Mur » - au Relecq-Kerhuon le 17 mai après-midi. Nous vous invitons à y venir pour vous informer et débattre.
Nous ne voulons pas accabler les équipes du Courtil. Il peut y avoir des aspects intéressants dans ce qu'ils font. Mais il ne faut pas continuer à faire n'importe quoi avec seulement l'espoir que çà marche par miracle.
Notre association est membre du Collectif Bretagne Autisme, qui s'est constitué pour obtenir le maintien d'un Centre de Ressources Autisme de Bretagne au service des autistes, avec la participation des usagers. La Ligue des Droits de l'Homme des Côtes d'Armor s'est proposée de nous rejoindre dans notre combat. Nous espérons pouvoir vous avoir aussi à nos côtés et nous sommes prêts à en discuter plus longuement.
Nous vous demandons d’informer de notre position les assistants à la projection de ce soir.
Asperansa
Annexes :
Message de la mère de Césaire, retiré du Courtil au bout d’un an et demi.
Voilà nous sommes allés voir le film sur le Courtil, un film sans intérêt, où des personnes prennent plaisir à se masturber le cerveau! A première vue je ne pense pas que ce film soit un grand danger, le seul danger est d'y mettre un enfant et j'espère que les personnes qui l'ont vu sauront que ce lieu, n'est aucunement une référence pour le bien être d'un enfant autiste ou TED.
Mon mari et moi aurons enfin pu voir à quoi ressemble une chambre là-bas puisque il nous était impossible de voir celle de Césaire lorsqu'il y était. J'ai pris des notes, je regrette que la projection ne soit pas suivie d'un débat! Maintenant il me faut le temps de tout mettre en ordre dans ma tête, de rédiger pour enfin raconter l'histoire de notre fils là-bas et aussi le POURQUOI il est arrivé en Belgique. A mon avis personnel la maltraitance ne vient pas du Courtil (ce n'est quand même pas l'enfer là-bas, mais un "enfermement", OUI), non la maltraitance vient de l'ETAT FRANÇAIS...
Ce film n'a aucun sens, aucune consistance et je suis curieuse de savoir ce qui a poussé Mariana Otéro à le réaliser, la psychanalyse poussée à ce point, la pensée unique sont pour moi une déviance sectaire et les professionnels de ce lieu sont bien plus morcelés que les enfants psychotiques dont ils s'occupent!!!
Post avant le film : http://larbre-aux-bullesdereves.over-blog.com/article-demain-cinema-demain-un-plongeon-douloureux-dans-le-passe-122623080.html
e-mail envoyé par une adhérente d'Asperansa au cinéma « Le Bretagne) Saint-Renan, qui présentait le film hier soir.
Je vous envoie ce message pour vous informer que les méthodes de soins d'obédience psychanalytique promues par le film « à ciel ouvert » de Mariana Otéro ne sont pas recommandées par la Haute Autorité de la Santé (HAS) et sont décriées par les associations de parents. Dans ce film, on voit des enfants présentés comme psychotiques dans une institution où la psychanalyse est pratiquée. En réalité, la psychose n'existe que dans une ancienne classification française. La plupart des enfants qui figurent dans le film présentent fort probablement un Trouble du spectre autistique ou TED.
Si on ne peut nier la gentillesse et la disponibilité des intervenants du Courtil, on ne peut que déplorer leur ignorance dans le domaine de l'autisme, ignorance qui est voulue par leur encadrement. Alors que la psychanalyse est tombée en désuétude depuis plusieurs décennies ailleurs dans le monde, les soins d'obédience psychanalytique restent dominants dans la prise en charge de l'autisme en France. Les psychanalystes n'ont jamais évalué leurs méthodes et refusent les méthodes éducatives basées sur la stimulation de l'enfant.
Il est pourtant connu que les méthodes éducatives permettent aux enfants de progresser, et même bien souvent, de suivre avec succès une scolarité.
En mars 2012, la Haute Autorité de la Santé a émis un rapport, dans lequel elle préconise les méthodes éducatives et conclue que «L’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle.».
La réalisatrice du film a aussi oublié de dire que, si les enfants qu'elle a filmés sont en internat, c'est pour être scolarisés en Belgique, pays où les méthodes éducatives sont utilisées dans le cadre scolaire.
J'espère que lors du débat, la parole pourra être donnée à d'autres points de vues que ceux de la cause freudienne.
Quelques références
résumé du rapport de la Haute Autorité de la Santé (HAS) :
http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-03/questions_reponses_vdef.pdf
autres documents de la HAS téléchargeables à cette adresse
le 3ième plan autisme :
ttp://www.social-sante.gouv.fr/actualite-presse,42/breves,2325/presentation-du-3eme-plan-autisme,15797.html
Des interviews de psychanalystes montrant que leur conception de l'autisme est d'un autreâge :
par des psychanalystes de toutes tendances :
http://www.dragonbleutv.com/documentaires/2-le-mur-ou-la-psychanalyse-a-l-epreuve-de-l-autisme
par un psychanalyste de tendance lacannienne, comme au Courtil :
http://www.youtube.com/watch?v=NzGOe8PcVW4
version complète de son intervention :
http://www.sectionclinique-clermont-ferrand.fr/actualites.htm
Monica ZILBOVICIUS, psychiatre et directrice de recherche à l’INSERM, Unité Inserm 1000, explique les difficultés de communication des autistes.
http://www.dragonbleutv.com/documentaires/1-les-troubles-du-spectre-autistiques
Un article montrant que les capacités de communication et d’adaptation des enfants pris en charge par ces méthodes dites institutionnelles ne progressent que de l'équivalent de 4 mois en moyenne par année de prise en charge, alors que les enfants qui suivent une prise en charge intensive avec les méthodes éducatives progressent entre l'équivalent de 11 à 17 mois par an.
Darrou, C., Pry, R., Pernon, E., Michelon, C., Aussilloux, C., & Baghdadli, A. (2010). Outcome of young children with autism. Autism, 14(6), 663-677. doi: 10.1177/1362361310374156
ERRATUM édité par l'UNAPEI après avoir visualisé le film : (haut de la page 2 du document ci-dessous)
http://partage.unapei.typhon.net/MU/MU1347.pdf
« Erratum
Une erreur s’est glissée dans les derniers Messages de l’Union relayant une information sur un film faisant la promotion des prises en charge des personnes autistes en hôpital de jour.
L’Unapei n’avait pas pu visualiser le film et nous regrettons amèrement d’avoir relayé une information sur des pratiques qui perdurent malgré leur manque d’efficacité souligné par les recommandations de bonnes pratiques professionnelles.
En mon nom personnel, je présente mes excuses aux parents et aux personnes qui ont pu être blessées et remercie ceux et celles qui m’en ont fait part.
Je renouvelle tout l’engagement du Mouvement Unapei pour l’amélioration des pratiques et leur mise en conformité envers les recommandations de l’ANESM et de la Haute Autorité de Santé.»
Un interview de Mariana Otéro sur vivre FM dans lequel Vincent Lochman pose quelques questions sur les choix de Mariana Otéro, intéressant aussi pour les commentaires des parents, et leurs remerciements au journaliste. (à partir de la minute 31)
http://www.vivrefm.com/podcasts/fiche/6791
> L'avis de la communauté scientifique internationale sur un soin d'obédience psychanalytique appelé « packing »of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry Volume 50, Issue 2, Pages 101-204 (February 2011) téléchargeable à
http://docs.autismresearchcentre.com/papers/2011_BC_Amaral_LePacking_JAACAP.pdf