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Billet de blog 21 septembre 2019

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Congrès Autisme Europe : sommeil et autisme

Deux interventions sur la question du sommeil au congrès d'Autisme Europe : utilisation d'agomélatine et de mélatonine.

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 Deux interventions sur la question du sommeil.

Problèmes de sommeil chez les adultes atteints de troubles du spectre de l'autisme et de déficience intellectuelle

Orateur(s) : Ballester-Navarro Pura (SPAIN), Martinez Maria Jose (SPAIN), Inda Maria Del Mar (SPAIN), Javaloyes Auxiliadora (SPAIN), Fernández Noemí (SPAIN), Gázquez Pilar (SPAIN), Aguilar Victor (SPAIN), Hernández Luís (SPAIN), Richdale Amanda L. (AUSTRALIA), Peiro Ana (AUSTRALIA)

  • Résumé traduit : Les troubles du sommeil sont reconnus comme un trouble comorbide courant dans les troubles du spectre autistique (TSA) et peuvent influencer les symptômes fondamentaux de l'autisme et la santé mentale et physique. Les problèmes de sommeil peuvent durer toute la vie et il a été rapporté que les adultes sur le spectre autistique avec ou sans déficience intellectuelle (DI) présentent des problèmes de sommeil (latence du sommeil plus longue, réveils nocturnes fréquents, et troubles du rythme circadien sommeil-éveil). Une étude prospective et objective sur le sommeil a été menée chez 41 adultes atteints de TSA (33 ± 6 ans) et de déficience intellectuelle et 51 adultes en développement normal (33 ± 5 ans) au moyen d'une surveillance circadienne ambulatoire (MCA) qui a enregistré la température du poignet, l'activité motrice, la position du corps, le sommeil et l'intensité lumineuse. Les résultats ont indiqué que les personnes TSA présentaient des troubles du sommeil, notamment une faible efficacité du sommeil, une latence prolongée du sommeil et une augmentation du nombre et de la durée des réveils nocturnes, ainsi qu'un comportement sédentaire quotidien et une activité nocturne accrue. De plus, des signes d'un trouble avancé de la phase veille-sommeil ont été trouvés chez ces adultes autistes. L'examen du sommeil et des marqueurs du système circadien a révélé des différences significatives entre les adultes atteints de TSA et de DI et une population adulte en santé et appariée selon l'âge. Les troubles du sommeil décrits pour cet échantillon d'adultes atteints de TSA et de DI sont semblables à ceux déjà décrits pour les adultes atteints de TSA sans DI ; leur relation avec la capacité intellectuelle devrait être examinée plus à fond. L'amélioration des connaissances sur les habitudes de sommeil chez les adultes atteints de TSA présentant une DI pourrait aider à concevoir des interventions ciblées pour améliorer leur fonctionnement et réduire le stress familial.

 Les outils utilisés pour les études sur le sommeil :

  • interviews;'agolém
  • questionnaires,
  • journal du sommeil,
  • actigraphie;
  • suivi ambulatoire du rythme circadien;
  • polisomnographie.
Illustration 1
Outils de suivi du sommeil

L'efficacité des approches médicamenteuses possibles n'est pas prouvée, il y a une polymédication chez ces personnes.

Le projet a été d'examiner l'effet de l'agomélatine, qui est un anti-dépresseur. Le projet AGOTEA comprenait 41 personnes autistes avec déficience intellectuelle (DI), dont 3 avec des comorbidités (5 autres médicaments). L'essai en double aveugle randomisé avait 3 groupes : agomélatine, mélatonine, placebo. La comparaison a été faite ensuite avec des adultes sans DI.
Le traitement avec mélatonine entraînait 83 mn de plus de sommeil.

L'agomélatine aide également : le rythme circadien et la température sont améliorés.

Les résultats ne sont pas publiés. Le délai d'endormissement et les paramètres du sommeil sont améliorés également pour les personnes TSA sans DI.

L'étude conclut à l'efficacité d'une dose de 24 milligrammes/jour pendant 3 mois. Les effets sur le long terme ne sont pas connus. La durée d'endormissement apparaît anormalement longue, mais la durée de sommeil est allongée car les personnes  restent longtemps au lit. L'intervenante a confirmé que les personnes concernées étaient dans des institutions, où les usagers sont couchés très tôt : ce en sont pas eux qui choisissent leur horaire.
Il y a beaucoup de soleil dans la matinée, le sommeil n'est donc pas profond à ce moment. La température prise au poignet peut être changée par une activité motrice et la température de la pièce, il faut continuer à chercher. Peut-être que le ryhtme chronobiologique des personens TSA avc DI est proche de celui des personnes âgées.

Il y a beaucoup d'interactions, les anti-dépresseurs ont un effet vasoconstricteur.

La mélatonine a une phase plus prolongée.

NB : je n'ai pas bien compris la comparaison avec la mélatonine dans l'exposé. Le résumé dans le programme du congrès est antérieur à l'étude. Ce peut être une question de traduction, d'audition ou de prise de notes.

PS : Précisions sur l'agomélatine . Document HAS et "Prescrire" : Bilan 2019 des médicaments à écarter

Mélatonine à libération prolongée pédiatrique pour le sommeil chez les enfants atteints de trouble du spectre de l'autisme - Conséquences sur le comportement des enfants et la qualité de vie des aidants

Orateur(s) : Carmen Schroder (FRANCE), Athanasios Maras (NETHERLANDS), Beth A. Malow (UNITED STATES), Robert L. Findling (UNITED STATES), Tali Nir (ISRAEL), Nava Zisapel (ISRAEL), Paul Gringras (UNITED KINGDOM)

Résumé traduit : L'insomnie est fréquente chez les enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA). Nous avons récemment fait état de l'efficacité et de l'innocuité du traitement pédiatrique à libération prolongée des minicomprimés de mélatonine (PedPRM) (13 semaines) par rapport au placebo, pour le sommeil chez les enfants atteints de TSA et d'autres troubles neurodéveloppementaux (TND). Nous présentons ici l'impact de ce traitement sur le comportement de l'enfant et la qualité de vie de la personne qui s'en occupe. 125 enfants (2-17,5 ans ; 96,8 % de TSA, 3,2 % de syndrome de Smith-Magenis) ont été randomisés (ratio 1:1), à double insu, pour recevoir PedPRM (2/5mg) ou un placebo pendant 13 semaines. Les résultats liés aux enfants comprenaient le Questionnaire sur les forces et les difficultés (SDQ - Strength and Difficulties Questionnaire). Une amélioration significative du comportement exogène a été observée avec PedPRM par rapport au traitement placebo (p=0,021) ; 53,7 % des sujets traités par PedPRM contre 27,6 % des sujets traités par placebo (p=0,008) ont présenté une amélioration cliniquement significative. De plus, il y a eu des tendances montrant un avantage en faveur de PedPRM dans les scores totaux de SDQ (comportements d'externalisation et d'internalisation), d'impact (détresse et déficience globales) et d'hyperactivité/inattention. Les scores WHO-5 des soignants se sont également améliorés avec PedPRM par rapport au placebo (p=0,010) et sont corrélés avec le changement dans le QDS total (p=0,0005). Le traitement PedPRM de l'insomnie chez les enfants et les adolescents TSA atténue l'exacerbation liée à l'insomnie des difficultés comportementales extériorisantes, en particulier l'hyperactivité et l'inattention, et améliore la qualité de vie des prestataires de soins.

Troubles du sommeil dans les troubles du spectre de l'autisme (TSA) © Fondation FondaMental

Ce qui a été intéressant dans la présentation trop rapide de la Pr Carmen Scröder, c'est qu'elle a rappelé que la mélatonine n'était pas l'hormone du sommeil à proprement parler, mais l'hormone du cycle circadien, qui est produite par la glande pinéale quand la nuit arrive.

Le déficit de sécrétion de la mélatonine est 8 fois plus élevé que chez les enfants neurotypiques (41 à 86% enfants TSA). Cela entraîne une aggravation de la symptomatologie. Il y a une corrélation avec le QI verbal et non-verbal. Cela se conjugue avec des hypersensibilités aux sons, au toucher. Les mères restent à la maison (39% contre 23% s'il n'y a pas de troubles du sommeil).

L'hygiène du sommeil (modification des comportements) n'a que 25% de succès chez les personnes TSA, contre 80% chez les NT.

La mélatonine est une hormone naturelle : le produit a le même effet que la mélatonine endogène (fabriquée par le corps), et les industriels la vendent comme produit alimentaire. Ils n'étaient pas intéressés pour financer des recherches.
L'Agence Européenne du Médicament a sollicité les industriels pour la production d'un médicament. L'essai a concerné 24 sites en Europe, pour les personnes TSA ou avec des troubles neurogénétiques. Le médicament a été administré 3 mois contre placebo, puis à tout le monde pendant 2 ans.
Sur 3 mis, cela entraîne plus de 57 mn de sommeil par jour. Cet effet est maintenu au fil du temps.

Le temps de sommeil ininterrompu est amélioré de 80 mn (20 mn de plus avec le placebo).

Sur le plan des comportements "externalisants" : après 3 mois, il y a moins de troubles du comportement, moins de TDAH

Sur le plan des comportements "internalisants",  il y a peu d'effet, mais il y avait peu de données anormales au départ.

Sur le plan de la sécurité du médicament, il peut y avoir de la somnolence, et l'accentuation de maux de têtes dans les familles à tendance migraineuse.

Ci-dessous, lien vers article sur l'essai :
La qualité de vie est maintenue et améliorée. 

La mélatonine aide les enfants autistes et améliore la qualité de vie des parents Résultats d'un large essai sur l'utilisation de mélatonine à libération prolongée chez des enfants autistes. Selon la Pr Carmen Schroder, elle "est efficace non seulement à court terme, mais maintient son effet à long terme chez les enfants et les adolescents atteints de TSA et a des effets positifs sur leurs aidants naturels."

Dossier sommeil et autisme

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