theconversation.com Traduction de "Do we have more empathy for people who are similar to us? New research suggests it’s not that simple" - 3 juin 2024
Luca Hargitai PhD Candidate, Psychology, University of Bath Lucy Anne Livingston Lecturer in Psychology, King's College London Punit Shah Associate Professor of Psychology, University of Bath
Avons-nous plus d'empathie pour les personnes qui nous ressemblent ? Une nouvelle étude suggère que ce n'est pas si simple
Comment les gens réussissent-ils à interagir avec ceux qui sont complètement différents d'eux ? Et ces différences peuvent-elles créer des barrières sociales ? Les chercheurs en sciences sociales s'efforcent de répondre à ces questions car les processus mentaux qui sous-tendent les interactions sociales ne sont pas bien compris.
Un concept récent, de plus en plus populaire, est le "problème de la double empathie". Ce concept s'appuie sur des recherches menées auprès de personnes connues pour leurs difficultés sociales, telles que les personnes autistes.
La théorie propose que les personnes qui ont des identités et des styles de communication très différents les uns des autres - ce qui est souvent le cas des personnes autistes et non autistes - peuvent avoir plus de mal à éprouver de l'empathie l'une pour l'autre. Cette difficulté à double sens est ce qu'ils appellent le problème de la double empathie.
Cette idée fait l'objet d'une grande attention. La recherche sur le problème de la double empathie s'est rapidement développée au cours de la dernière décennie. En effet, elle peut expliquer pourquoi différentes personnes dans la société peuvent avoir du mal à faire preuve d'empathie les unes envers les autres, ce qui peut entraîner des problèmes personnels et sociétaux, allant d'une mauvaise santé mentale à des tensions entre groupes et à un racisme systémique.
Mais cette idée est-elle exacte ? Notre récent article suggère que les choses pourraient être beaucoup plus compliquées que cela.
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Notre analyse suggère que la théorie de la double empathie présente de nombreuses lacunes. Elle met en évidence la confusion généralisée qui entoure le concept très flou de double empathie. La recherche s'est également concentrée sur les difficultés sociales des autistes sans prendre en compte d'autres facteurs d'identité sociale qui affectent l'empathie entre différents groupes, tels que le genree.
La théorie n'intègre pas non plus les neurosciences psychologiques de l'empathie. Au lieu de cela, elle confond le concept d'empathie - c'est-à-dire le fait de ressentir psychologiquement les émotions que ressentent d'autres personnes - avec des phénomènes similaires mais différents, tels que la "mentalisation" (comprendre ce que pensent les gens d'un point de vue différent).
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La théorie de la double empathie n'étant pas très développée, la plupart des expériences qui la testent sont confuses. De nombreux chercheurs prétendent étudier la double empathie alors qu'ils ne mesurent pas l'empathie. Par ailleurs, d'autres études sont utilisées comme preuves de la double empathie alors qu'elles n'ont jamais cherché à tester cette théorie.
La recherche sur la double empathie s'est également largement appuyée sur des rapports subjectifs d'expériences vécues (plutôt que sur l'évaluation d'experts), ce qui n'est pas forcément révélateur.
Dans l'ensemble, l'analyse des recherches existantes indique que l'affirmation centrale de la théorie de la double empathie n'est pas bien étayée. En d'autres termes, le fait d'avoir une identité similaire à celle d'autres personnes ne signifie pas nécessairement que l'on a plus d'empathie pour elles.
Il s'agit là d'une question importante qui nécessite une attention urgente. Certains signes indiquent déjà que la théorie de la double empathie est mise en pratique, malgré l'absence de preuves. Certains chercheurs et médecins ont commencé à affirmer que, en raison du problème de la double empathie, les professionnels de la santé sont généralement incapables de comprendre leurs patients ayant des difficultés sociales. Mais il n'existe aucune preuve fiable de cette affirmation.
Pour l'avenir, il est nécessaire de mener davantage de recherches neuroscientifiques sur les interactions sociales. Nous pensons que les technologies d'imagerie cérébrale, telles que l'"hyperscanner", qui consiste à scanner plusieurs cerveaux humains en même temps, permettront de mieux comprendre comment les cerveaux de différentes personnes interagissent les uns avec les autres. Par exemple, cette technique peut être utilisée pour tester comment la similarité entre des personnes qui interagissent peut influencer leur activité cérébrale.
Pour réaliser des percées dans ce domaine, cette technique pourrait être utilisée parallèlement à l'intelligence artificielle. Il sera très intéressant d'étudier si les machines peuvent réellement faire preuve d'empathie à l'égard des humains en interprétant avec précision nos ondes cérébrales.
Les avantages de la diversité
On pense que les personnes vivant dans des lieux socialement plus diversifiés, comme les grandes villes, ont tendance à être plus tolérantes à l'égard de ceux qui sont différents d'elles que les personnes vivant dans des lieux socialement homogènes. En fin de compte, elles se perçoivent et perçoivent les autres comme appartenant à la même communauté locale, malgré les différences ethniques et culturelles, et semblent mieux à même de prendre en compte le point de vue des autres.
Cela suggère que le fait de passer du temps avec des personnes différentes de nous peut peut-être renforcer notre empathie - ce que la théorie de la double empathie ne prédit pas. En fin de compte, l'empathie ne se résume pas à notre capacité à comprendre quelqu'un à travers ses similitudes. Passer du temps avec des personnes issues d'autres milieux sociaux et culturels peut nous amener à accorder moins d'importance aux différences et à découvrir des points communs dans d'autres domaines.
L'expérience humaine est vaste et complexe. Ce n'est pas parce que deux personnes sont issues de cultures différentes ou ont des styles de communication différents qu'elles ne peuvent pas être très semblables à d'autres égards. Peut-être leurs valeurs sont-elles les mêmes ou ont-elles des centres d'intérêt similaires. Ce constat pourrait permettre de lever certaines barrières qui, autrement, rendraient difficile la compréhension et l'empathie envers autrui.
Parfois, des personnes issues de milieux similaires ont du mal à se comprendre, alors qu'elles peuvent faire preuve d'une grande empathie pour des personnes complètement différentes d'elles (par exemple, des réfugiés fuyant des pays déchirés par la guerre). Pourquoi ? La théorie de la double empathie n'est peut-être pas la meilleure façon de progresser, mais elle pourrait servir de tremplin à de futures recherches pour répondre à cette question et à d'autres.
Nous pourrions réellement exploiter la science sociale de l'empathie pour comprendre ces questions sociales incroyablement complexes. Cela pourrait en fin de compte réduire les conflits sociaux et améliorer la cohésion sociale, mais nous devons mettre la recherche sur la bonne voie pour réaliser ce potentiel.
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)