Les trains polonais ont mauvaise réputation. Lents, bourrés, cahoteux, en retard. Je me souviens des heures passées dans les wagons-restaurants Wars, pour une vraie place assise devant un faux café turc. C’était l’époque de la Pologne populaire. Aujourd’hui, le « Pendolino » symbolise une autre aventure. Acheté récemment par les chemins de fer polonais, il traverse à grande vitesse le pays, en diagonale, du sud-ouest au nord-est. C’est une réussite de l’intégration à l’Union européenne, laquelle a financé une partie de l’achat. Il glisse, blanc et bleu, tout neuf sur les rails d’hier. C’est moins cher que notre tgv qui oblige de refaire les voies, et rapide. On s’y sent bien, on peut lire et observer les halls de gare, goûter les paysages malgré les écrans publicitaires accrochés au plafond et les mélodies de Chopin à chaque arrêt. Les faubourgs disparaissent à toute allure (sans doute pas encore à 250 km/heure). Les longues plaines ondulées de l’ancienne Prusse orientale défilent. L’herbe est courte en ce mois de février, peu de neige, un ciel gris, des petits étangs gelés, des lignes d’éoliennes à l’horizon. On approche de Gdansk. Des zones pavillonnaires, des blocs d’immeubles aux murs d’ocre, ou bien verts et blancs, fraîchement ravalés. Des bâtiments de briques. En bel état.
Me reviennent mes premières images de cette ville, les maisons noirâtres, un grand hôtel en tour, et les murs en brique des chantiers navals, sales, couverts de banderoles, de drapeaux, des ouvriers assis au sommet. De la pluie en ce mois d’août 1980, quand j’arrivai à Gdansk Wrzeczsz, pour la grande grève qui donna naissance à Solidarność. Cette fois, on traverse des friches, des travaux, les murs ont disparu, on aperçoit le célèbre monument érigé en décembre 1980 à la mémoire des ouvriers assassinés en 1970, il ne reste qu’un bout du fameux chantier « Lénine », devenu musée. Beaucoup d’ateliers ont été détruits, moins de grues.
Le train s’insère lentement dans la gare centrale. Accueil chaleureux de Teresa Zabza, une vieille amie rencontrée pendant la grève de 1980. Toujours aussi enjouée, amicale et disponible. Nous ne nous sommes pas revus depuis 2010. J’étais venu juste après la catastrophe aérienne de Smolensk, dans laquelle avait péri le président Lech Kaczynski et une centaine d’autres personnalités nationales. Dont quelques amis communs. Nous avions longuement parlé des connaissances d’antan, ce qu’étaient devenus certains dirigeants de la grève d’août. Elle m’avait raconté les camps d’internement de femmes. Et puis, nous avions déploré que deux récits de la même histoire se fussent petit à petit cristallisés. Une vision complotiste chez certains, incompréhensible pour nous qui les avions vus à la tête du mouvement. Des militants s’étaient marginalisés, étaient partis à l’étranger ou se repliaient sur des activités sociales locales. Solidarność n’était plus qu’un petit syndicat sectaire. Proche de Lech Walesa, Teresa s'inquiètait de cette polarisation entre deux Pologne qu’allait accentuer la nouvelle campagne électorale. Nous marchions dans la grande rue de la vieille ville. Le matin elle avait enterré des amis morts dans la catastrophe, je lui disais mes interrogations, elle se révoltait contre une formule de Jaroslaw Kaczynski, candidat à la succession de son frère jumeau, qui promettait de « poursuivre la mission des victimes de Smolensk ». Absurde, mais efficace.
Depuis, cet accident est devenu aux yeux d’une partie de la société, un « attentat » organisé par les Russes avec la complicité du premier ministre polonais de l’époque, Donald Tusk. Ce discours rassemble les « vrais patriotes », ceux-là même qui viennent d’élire une nouvelle majorité autour du parti Droit et Justice dirigé par Kaczynski.
Une usine modèle
Teresa m’emmène tout de suite au chantier naval « Remontowa » (de réparation) qui porte aussi le nom de Jozef Pilsudski. C’est à deux pas de la gare. Miroslaw Piorek, le responsable de Solidarność nous y attend. Il y avait jadis trois chantiers navals : le chantier « Lénine » a fermé, le chantier « Nord » a été restructuré et certains ateliers rattachés au chantier « Remontowa » privatisé en 2001. Ce dernier n’emploie plus que 1800 salariés (ils étaient 6400 en 1988 et 2200 à la privatisation). Il faut y ajouter un peu plus de 2000 salariés, des « Kooperanci », qui travaillent en interim ou pour des petites entreprises sous-traitantes, généralement sous des contrats individuels courts. Piorek est un homme souriant, doté d’un charisme évident. Il emporte immédiatement la sympathie. Il nous prend dans sa voiture et nous partons visiter le chantier. Vaste étendue. De vieux halls aux portes neuves. D’immenses coques colorées en vert, en rouge, des grues jaunes, des ponts roulants sous un ciel bas. Tout me renvoie à 1980. C’est toujours aussi impressionnant. Des bâtiments rutilants, mais cette fois peu de travailleurs apparents. Une coque avec un nom norvégien. Le chantier travaille à l’exportation. « Ici, insiste Piorek, tout est polonais, les capitaux, les ouvriers, la technologie. Notre savoir-faire est reconnu dans le monde entier. » Il est visiblement fier de ce lieu. C’est son domaine. Employé du syndicat depuis une vingtaine d’années, il est entré au chantier dans le milieu des années 1980. Il fut un des jeunes dirigeants de la fameuse grève de 1988. Celle qui déboucha en 1989, sur la Table ronde entre Solidarność et les communistes. Il avait 28 ans (il est né le 11 novembre, jour de l’indépendance proclamé par Pilsudski en 1918, insiste-t-il. Et en plus nous avons baptisé notre chantier « Pilsudski ». Visiblement, il adore le Maréchal !)
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Vingt minutes après ce tour du propriétaire, nous nous retrouvons dans le local syndical. Un bureau de plusieurs pièces, une exposition à l’accueil. C’est pour la jeune génération… Il me montre un drapeau rescapé des révoltes de 1970, sale. Il est authentique, avec le sang d’un ouvrier, précise notre guide. Il n’y a pas eu de morts ici, seulement de nombreux blessés. Nous regardons l’exposition, des photos, des tracts, des objets, des badges. Il me raconte sa grève de 1988. Je le relance sur les liens avec la Table ronde que le PiS présente comme le début d’une mauvaise compromission avec les communistes. Il évite le sujet politique, me parle des revendications « chlebowy » [pour le pain], de l’inégalité des rapports de forces... Je fais remarquer à Teresa l’absence de photos de Lech Walesa dans l’exposition et la surreprésentation de ses dénonciateurs (Lech Kaczynski, Andrzej Gwiazda et quelques autres). Il y aussi des crucifix… "A l’époque, me dit Piorek, le plus important pour nous, c’était la liberté". Il m’explique longuement l’histoire de l’entreprise, sa faillite en 1999, le rachat en coopérative par les ouvriers, la revente à un investisseur privé. Il a fallu négocier un « paquet social ». Ça n’a pas été facile. Il me peint un tableau héroïque de l’action syndicale, la protection des acquis. Solidarność. représenterait 85% des ouvriers, son concurrent (OPZZ) à peine 5% (voir note 1) . Les salaires sont avantageux, un ouvrier peut atteindre ici six à sept mille zlotys par mois avec les primes et les heures supplémentaires (voir note 2) . Et les sous-traitants ? C’est une autre affaire. Leurs contrats sont instables, leurs salaires minimum, leurs conditions d’hygiène et de sécurité moins bonnes, la pénibilité du travail beaucoup plus grande. Mon interlocuteur se montre préoccupé. "Nous devons encore négocier..."
J’ai l’impression de visiter une usine modèle avec un syndicaliste idéal. Il enjolive. Ce bastion de Solidarność. m’apparaît comme une sorte de réserve sociale, cogérée par le syndicat et les employeurs, « à l’allemande » convient mon interlocuteur, un îlot au milieu d’un univers économique concurrentiel, d’une jungle de travailleurs sans droits. En fait, la majorité de ceux qui bossent sur ce chantier sont des sous-traitants ou intérimaires, payés la moitié des autres, et corvéables à merci. Les nouveaux propriétaires de 2001 ont externalisé de nombreuses fonctions, selon les bons principes de l’organisation libérale du travail.
Nous abordons la politique à la fin de l’entretien. Miroslaw Piorek confirme son soutien au PiS. Il précise que le syndicat a appelé à voter pour le parti de Kaczynski sur « une base sociale ». Il a trois préoccupations : la baisse de l’âge de la retraite qui est à 67 ans, une politique industrielle, un véritable dialogue social. Autant de revendications qui s’opposent à la politique économique ultra libérale des gouvernements de la Plateforme civique (PO), ces dernières années, et à l’absence de dialogue, doublée de l’arrogance de biens des politiciens. Je lui demande s’il approuve la politique du PiS, son euroscepticisme, son idéologie cléricalo-souverainiste, ses premières lois sur la Cour constitutionnelle et les médias. Il esquive. « L’idéologie n’est pas l’essentiel », conclut-il. J’y crois à peine. Je le quitte, surpris par tant d’assurance.
Ce premier contact avec la « base ouvrière » du PiS ne correspond pas au discours haineux, identitaire, revanchard de ses porte-parole qui envahissent les médias polonais. Ai-je vraiment vu la réalité ? La région des Trois villes – Gdynia, Gdansk, Sopot – est en effet prospère. L’industrie, les services et le tourisme se développent bien, le chômage y est faible. Je lis même quelques jours plus tard, le compte rendu dans la presse locale d’une réunion patronale pendant laquelle Andrzej Wojkiewicz, le PDG du chantier Remontowa, a tenu le même discours que Piorek. Les carnets de commandes sont pleins, les technologies à la pointe, la Pologne est la 2e en Europe pour la construction navale et la 5e dans le monde.
Une société indignée
Le littoral n’a pas voté majoritairement PiS, les maires sont PO et surtout, depuis plusieurs semaines, les manifestations se multiplient. Des milliers de personnes descendent dans la rue, par grand froid, elles contestent les premières mesures du nouveau gouvernement . Elles accusent le PiS de vouloir mettre la main sur la Pologne, de bafouer les libertés. Elles brandissent des drapeaux polonais, européens, arc-en-ciel, elles comparent Kaczynski à Poutine. Vivent-elles dans le même monde que Piorek ? Teresa me conduit dans sa bonne ville de Sopot, au bord de la plage. Il fait déjà nuit, il est près de 18h. Nous entrons dans le « club Atelier », à deux pas du mémorable Grand Hôtel. Le patron nous reçoit. Un homme dans la quarantaine, alerte, des lunettes rondes à monture orange, le crâne rasé. C’est Remigiusz Szumeda, le chef du KOD local, ce comité pour la défense de la démocratie, créé il y a quelques semaines, en réaction aux lois bloquant le fonctionnement de la Cour constitutionnelle. Nous le retrouvons dans la grande salle du restaurant transformée en lieu de réunion (avec vue sur la mer !), en plein débat. Il vient et nous nous installons dans un coin plus calme. Il me raconte le KOD entre deux ou trois coups de fil, tout en saluant les gens qui passent, des jeunes.
Il vient de la PO qu’il a quitté agacé. Des politiciens trop sûr d’eux, arrogants, coupés des gens. Il tient un blog depuis plusieurs années. Dès les élections européennes, il les avait mis en garde contre la montée d’une profonde lassitude. Le vote des jeunes pour un aventurier xénophobe comme Janusz Korwin-Mikke, élu de justesse député européen, l’avait inquiété (voir note 3) . Il avait compris qu’une coalition de mécontents, de protestataires en tous genres, pouvait s’agglutiner autour du PiS. Ce fut le cas aux dernières élections. Il a senti « une grande émotion dans toute la société. » Et il a répondu à l’appel lancé sur Facebook par Mateusz Kijowski, à créer un comité. D’autres personnes l’ont contacté, certaines s’étaient rendues à Varsovie, et ils se sont réunis à plus de quatre-vingts la première fois. Qui étaient-ils ? « Des gens ». Deux seulement avaient un passé politique, lui et un jeune libéral. Ils avaient vécu les vingt-cinq dernières années confiants, en travaillant intensément, en s’investissant dans toutes sortes de projets. Et d’un seul coup ils se réveillaient. C’est ce que m’a dit, le lendemain, une jeune femme employée dans une grande galerie d’art, Olga Jankowska. Elle a manifesté, non pas contre le PiS, mais contre ses méthodes, ses attaques. « Ils ne respectent pas la démocratie, ils détruisent tout ce que nous avons fait. » Elle est scandalisée. « Ils me font honte ! » Maintenant elle veut participer.
Pour Szumeda les premiers membres du KOD sont des « intellectuels », des médecins, des enseignants, éducateurs, artistes. Peu de jeunes. C’est un problème. Et puis, avec les manifestations ça change. A la dernière, fin janvier (voir lien ci-dessous), ils étaient plus de dix mille, des gens de toutes conditions, des familles, des enfants. Une atmosphère de fête et de colère. Mais comment définiriez-vous leur motivation ? « Ils pensent que la démocratie et la liberté sont en danger. Que la Constitution est menacée. Evidemment certains voudraient aller plus loin, espèrent que le KOD apportera une solution politique dans la perspective de nouvelles élections. Mais ce n’est pas possible. Nous rassemblons des gens de droite, de gauche, ils ont voté pour toutes sortes de partis – j’ai même vu des électeurs du PiS dans les manifs ! Nous nous retrouvons sur les mêmes valeurs démocratiques. Le KOD doit rester un cadre ouvert et défensif. »
C’est d’abord une société indignée. Et combative. Je reconnais dans sa description un esprit devenu rare en Pologne. C’était sensible dès mes premiers contacts à Varsovie, et ça se confirmera. Je sens une nouvelle écoute à la politique. Des gens généralement indifférents, occupés à leurs projets, deviennent soudainement plus attentifs à ce qui se dit, s’interrogent sur l’avenir politique. Préoccupés. Ça ne retombe pas, insiste Szumeda. Avec les lois sur la justice et le renseignement, la tension persiste. Il pense que la pression de la rue peut être efficace. Quand je lui demande ce qui peut arriver, selon lui, ce qu’il voit à moyen terme, il soupire. Il ne sait pas. Il imagine que ça va empirer, que « les émotions vont continuer à monter et que d’ici un an ou deux, tout le monde sera contre le PiS. Aujourd’hui, ils font des promesses sociales, ils ne pourront pas les tenir. Les protestations apparaissent déjà, les petits commerçants, les mineurs… »
Inquiétudes
Je rencontre ce même enthousiasme inquiet chez tous mes interlocuteurs. Comme ce jeune Wojtek Walendziak, un « ami » sur facebook, avec qui je bois une bière dans un café de la vieille ville de Gdansk. Fils de magistrat, il est étudiant et membre du mouvement de jeunesse de PO. Pourquoi PO ? C’est plus efficace, croit-il. Il craint que le KOD ne soit pas assez solide. Il aime le sport, là-bas ses copains ont pourtant voté Korwin-Mikke. « Il ne m’en veulent pas d’aller aux manifs du KOD… En revanche les gens du PiS me font la gueule. C’est une guerre froide ! » Teresa m’emmène dans un vieux quartier de Gdansk, Biskupia Gorka (La colline de l’évêque), jadis lieu de la bohème artistique, épargné par les destructions de la guerre, longtemps abandonné. La population est pauvre, les bâtiments lépreux. Nous sommes avec son amie Elżbieta Jachlewska, une militante du Parti des femmes, un mouvement féministe libéral qui s’est constitué il y a quelques années. Elle me raconte son action contre la violence faite aux femmes. « Le principal problème pour les femmes, aujourd’hui en Pologne, c’est la violence sexuelle, le viol, et les violences domestiques. » Elle vient de terminer une enquête avec la collecte de témoignages dans trois régions. Il apparaît qu’un quart seulement de ces violences a lieu en dehors du cercle familial. Elle est aussi la présidente d’une association qui se bat pour la revitalisation de ce quartier de trois mille habitants. Elle me décrit leurs multiples actions. Ils agissent pour les populations les plus démunies, et pour la réhabilitation d’un habitat vétuste. Nettoyage du quartier par les habitants, cours d’autodéfense pour les femmes, activités artistiques avec les enfants et les personnes âgées, enquête sur l’histoire du quartier, etc. Je rencontre une bénévole. Tout le monde craint le cours que prennent les événements depuis ces élections. Que vont faire les femmes qui sont majoritaires dans ce pays ?, plaisante Elzbieta. Elle dit en avoir rencontré plusieurs au sortir des urnes, qui lui confessaient n’avoir pas voté pour elle. « C’était pour mon bien et pour le bien de ma famille. Qui s’occupera des enfants si tu es élue ? » Teresa modère le pessimisme de son amie. Elle cite sa vieille tante de 92 ans, très catholique, et qui a voté contre le PiS. « Dans les manifestations, conclut Teresa, les femmes sont très nombreuses… » Je comprends à l’occasion qu’elle est aussi sensible aux revendications féministes.
Nous marchons au sommet du vieux quartier, et elles me montrent le point de vue, idéal pour les peintres du dimanche. Au fond la ville, son célèbre beffroi, ses clochers gothiques, des bâtiments de briques rougeâtres, une architecture germanique, des lumières. La nuit est tombée sur Gdansk. Je pense au dynamisme et à l’enthousiasme qui animent ces gens profondément indignés, leur investissement social. Les discours entendus au chantier naval me reviennent. Rassis. De la langue de bois. Et le lendemain, quand je retrouve le « Pendolino », je sais que la Pologne est entrée dans une zone dangereuse. Qu’elle devra faire face à des tempêtes à l’issue incertaine.
cdn... à suivre..
A noter:
1. Le nombre de syndiqués en Pologne ne cesse de diminuer. Il état estimé à 12% des salariés en 2012 (28% en 1991, 20% en 2000). NSZZ Solidarnosc (proche de la droite conservatrice) organiserait 5% des salariés, l’OPZZ (proche de la gauche) 3%, et d’autres syndicats sectoriels ou locaux, 4%. Cf. l’étude du Centrum Badania Opinii Społecznej (CBOS), Varsovie, BS/52/2102.
2.Fin 2015, le salaire brut minimum légal pour 40h/semaine était de 1750 zlotys et le salaire brut moyen de 4515 zlotys (données du GUS).
3.Janusz Korwin-Mikke, 74 ans, est un ancien membre de Solidarnosc, monarchiste, nationaliste et négationniste, aux accents néonazis, élu au parlement européen en mai 2014 avec 7,4% des voix.
Et pour approfondir, lire: http://www.ladocumentationfrancaise.fr/pages-europe/pe000010-la-pologne-change-t-elle-de-voie-par-jean-yves-potel/article
Voir les manifs à Gdansk : http://trojmiasto.wyborcza.pl/trojmiasto/10,88290,19522641,tlumy-na-manifestacji-kod-w-gdansku.html?disableRedirects=true