
Editorialistes, politologues, sondeurs, hommes politiques n’en finissent plus depuis hier de disserter sur la nomination de Manuel Valls. Ainsi le Monsieur 5% de la primaire socialiste devient premier ministre. Et tous de s’étonner, de tenter des explications, de juger du bien ou du mal fondé de cette décision de François Hollande.
Pour les uns, il n’avait pas le choix, pour les autres, c’est un pari risqué, pour d’autres encore c’est « un suicide politique ».
Et si ce choix exprimait la cohérence d’une politique ?
On peut douter que le message des millions d’abstentionnistes lors des élections municipales soit un « impérieux besoin de Valls » !
« Hollande n’avait pas le choix car Valls est populaire », nous disent les sondeurs.
Populaire auprès de qui ?
De ceux qui désespèrent de retrouver un emploi ?
De ceux qui vivent dans une précarité de plus en plus insupportable ?
De ceux qui s’estiment discriminés à cause de leur origine, de leur couleur de peau ?
Alors peut-être de ceux qui exigent plus de sécurité ?
Le bilan de Valls à l’Intérieur est-il à ce point probant ?
On ne sache pas que les chiffres de la délinquance aient diminué de manière significative. Les mouvements de menton, les postures autoritaires dissimulent mal un piètre résultat.
Alors, populaire ? Par la grâce des sondages, oui, pour le reste, c’est à voir !
Alors pourquoi Valls ?
Hollande, machiavélique, nous disent les politologues, a nommé à ce poste Valls pour qu’il se brûle les ailes et soit affaibli en vue de la prochaine élection présidentielle.
Ces minables calculs politiciens tout à fait dignes des institutions vermoulues de la Vème République ne sont certainement pas absents de la réflexion d’un Président très affaibli. Il prouve à quel point ce système favorise l’ambition personnelle, devenue boussole de l’action politique au détriment des convictions. Pour autant, l’exposition en tant que Ministre de l’Intérieur pouvait largement suffire à ce pitoyable stratagème.
Alors, pourquoi Valls ?
Tout le monde admet que les abstentionnistes sont des électeurs « de gauche » déçus, mécontents, face au bilan de la présidence Hollande.
Inquiets face à un pacte de responsabilité interprété comme un cadeau sans contrepartie au patronat, inquiets des conséquences prévisibles du plan d’économies de 50 milliards sur le service public. Inquiets du chômage galopant.
Et la seule réponse serait Valls ? Pour le moins, surprenant !
Sauf, si l’on admet que la réponse de François Hollande ne s’adresse pas aux électeurs déçus.
Face à une colère sans précédent de tous ceux qui croyaient en se débarrassant de Nicolas Sarkozy, se débarrasser de son programme politique, le Président actuel ,sourd et aveugle, persiste et signe.
Celui qui déclarait (c’est si loin !) : « mon ennemi, c’est la finance » n’écoute pas les électeurs, mais l’Union Européenne, le Medef et le CAC 40 qui exigent que la France subisse une cure d’austérité et diminue le service public au nom du crédo libéral qui tient en peu de mots : compétitivité (sur le dos des salariés) et concurrence libre et non faussée (sur le dos du service public).
Et il les rassure : « dans la tempête, je tiens bon, je nomme Valls ». Valls, qui depuis longtemps déjà, est le promoteur de la politique libérale, ennemi des 35 heures, partisan de la TVA sociale.
Au risque de s’exposer à une double explosion.
Sociale : l’abstention lors des élections signifie que beaucoup considèrent que la voie des urnes ne mène à rien. Mais la colère reste et pourrait bien s’exprimer autrement face à l’absence de solutions.
Politique : nombreuses sont les voix notamment dans les rangs du PS qui s’élèvent contre un choix qui va coûter cher en termes électoraux aux prochaines élections européennes. Les uns crient à la trahison et ne veulent pas d’une orientation libérale assumée. Les élus craignent pour leurs places. La menace du FN pèse sur tous.
Alors Valls, la solution ? Non, juste un acte de cohérence politique qui mène…à la catastrophe !