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Billet de blog 21 juil. 2013

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[Congo-Brazzaville/Françafrique] Le Cartel de Brazzaville, Denis Escobar Sassou N’Guesso et ses visiteurs…Par RIGOBERT OSSEBI

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Le Cartel de Brazzaville, Denis Escobar Sassou N’Guesso et ses visiteurs…

Les attraits touristiques des villes partout dans le monde ont été longtemps liés à des confiseries, des pâtisseries ou des préparations culinaires.

En France, par exemple, les « bêtises de Cambrai », le « nougat de Montélimar » et les « calissons d’Aix-en-Provence » qui heureusement pour cette dernière ville ne représentent pas le seul intérêt pour les visiteurs. Brazzaville ne compte pas de spécialité remarquable. Entre les coupures de courant, les pénuries d’eau, la saleté ambiante, une restauration chère et de mauvaise qualité, une vie culturelle inexistante sans même un cinéma et surtout sans un hôpital décent où se faire soigner, la première ville du Congo est bien le dernier endroit au monde où un touriste doit s’aventurer à passer trois jours.

Pourtant, depuis quelques années, des hommes et des femmes politiques, souvent sur le déclin, s’y pressent de plus en plus. Des fonctionnaires de haut rang d’institutions internationales , contre vents et marées et surtout malgré l’immense pauvreté environnante ne tarissent pas d’éloges envers l’autocratie en place. Certains confirment même l’ambition d’émergence ! Des Chefs d’Etat d’Afrique, curieusement, y vont également faire allégeance ! L’on se demande : «  Pourquoi ? »

Jusque-là aucune réponse ne venait en évidence.

Et puis, il y a quelques jours, le Professeur Marion Madzimba a dressé un bilan sans concession de l’état de « non-État » dans lequel se trouve le Congo. Elégamment et très courageusement, il a décrit le profond délabrement d’une administration gangrenée par la corruption. Avec une décontraction totale, alors qu’il risquait sa vie par des propos tenus en direct à la télévision congolaise, il a rapporté un fonctionnement administratif basé totalement sur la circulation de « numéraires », terme moins indécent et insultant que l’emploi du mot « espèces » pour un pays qui est avant tout le sien ! Des ministres, des fonctionnaires, des députés, des sénateurs, tous sont payés en espèces sonnantes et trébuchantes, en billets neufs ou bien sales et gras. Au fur et à mesure que le Professeur avançait dans sa description, la sensation vous prenait alors de vous trouver au sein d’un cartel colombien de narcotrafiquants ; un monde où le règlement par chèque, par virement ou par carte de crédit est absolument proscrit !

L’Etat congolais, « non-Etat », a bien calqué son fonctionnement sur celui d’un cartel : « Cartel de Brazzaville » comme celui de Medellin, « Cartel d’Oyo » ? Peu importe son nom, les pratiques sont bien celles d’un gang mafieux et son chef est Denis Escobar Sassou NGuesso. La cocaïne est remplacée par le pétrole. L’Or noir y est produit dans des conditions obscures, par des compagnies internationales. Récemment, il y a eu une augmentation de capital de 15% chez Total Congo réservée au Qatar. Son montant est resté secret. Cela pourrait tourner autour de 5 milliards de dollars, la participation du pétrolier français au prochain développement de Moho Bilondo Nord. Dans des conditions non moins obscures, le brut est « dealé » par un autre clan à l’intérieur du cartel, celui du clan des Mapapa . Depuis une quinzaine d’années, les transactions étaient logées chez BNP Paribas Genève, sécurisées par des « firewall » (paravents coupe-feu) douteux. Elles font l’objet d’enquêtes de la Police Fédérale Suisse. A partir de cette banque, les revenus « de la came » étaient éparpillés au gré de Kiki Escobar Sassou NGuesso dans des comptes plus ou moins exotiques. Les préfinancements pétroliers interdits ont refaits surface…. ! De peur de se brûler davantage les doigts, la banque française a renoncé à toute nouvelle affaire avec la SNPC et son Cartel et ne touche plus à une seule goutte de pétrole produite dans le « Sassouland »…. !

Pour le contrôle de cette denrée précieuse, comme celui de la drogue par Escobar ou par ses héritiers à Medellin ou à Cali, l’élimination physique ne doit pas être un obstacle : les guerres civiles qui ont causé des dizaines de milliers de victimes au Congo n’avaient pas d’autre objet que la captation de la richesse pétrolière. Et minière !

Tout l’enjeu politique et constitutionnel actuel est de les garder !

La reconnaissance internationale a été achetée et payée, en grande partie comme le sont les ministres et les députés congolais, à une nuée de lobbyistes et de sbires qui se pressent à Brazzaville ou à Oyo : en numéraires ou presque… En cargaisons… En études… !

On comprend mieux pourquoi Sassou NGuesso avait été le président africain le plus reçu à l’Elysée sous Jacques Chirac, quelques fois sous Sarkozy et comme un malpropre, dos tourné, une seule fois, sous l’actuel locataire !

Après la visite très remarquée de Rachida Dati à Brazzaville, dans quelques jours, le magazine Forbes va y réunir de nouveau, à la gloire de Denis Escobar Sassou-NGuesso, des personnalités comme Jean Pierre Raffarin et Christine Ockrent. L’initiative en revient toujours à Lucien Ebata, patron de la compagnie de trading pétrolier Orion, que l’on dit être un faux-nez du président congolais. Après l’affaire du transitaire Franck Export à Orly qui s’est vu mettre en examen pour « complicité de blanchiment de détournement de fonds Publics » comment s’étonner de si peu que le « parrain » prenne une participation majoritaire chez un « revendeur » !

Le pétrole congolais, comme la cocaïne, causerait-il une addiction chez certains de ces visiteurs ?

Pourquoi Jean-Pierre Raffarin va-t-il plus souvent à Brazzaville qu’à Cambrai ou Montélimar ? Pourquoi le Congo Brazzaville a fait l’objet, le 08 mars 2013, de la première question parlementaire de la Députée Rachida Dati ?

Pourquoi aucun des fonctionnaires du FMI et de la Banque Mondiale et encore moins leurs directeurs et directrices n’ont jamais dénoncé le système de fonctionnement du Cartel congolais comme l’a révélé le Professeur Marion Madzimba ?

Pourquoi tant d’Elus français et européens se bousculent à Brazzaville pour apporter des aides, des crédits, des dons et des effacements de dette? Brazzaville n’est pas moins criminel et infréquentable que ne l’était, il y a un temps, Medellin….

Les réponses sont difficiles à apporter mais l’on se demande, tout de même, s’il n’y aurait pas une relation de cause à effet entre ces visites et le fonctionnement de « l’administration congolaise uniquement basé sur des transactions en numéraires » ?

Denis Escobar Sassou NGuesso ne représente pas un cancer uniquement pour son seul pays. Il faut reconnaître qu’il constitue un danger bien plus grand pour de « vraies » démocraties et pour les Institutions Internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale… ! Mais qui saura les alerter et leur en faire prendre conscience ?

Par Romuald Rigobert OSSEBI

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