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Billet de blog 16 mai 2013

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Musiques populaires et politique au XXIe siècle. Conférence internationale à Strasbourg

Changing the Tune:Musiques populaires et politique au XXIe siècle. De la chute du communisme au Printemps arabe.Conférence internationaleUniversité de Strasbourg7-8 juin 2013.La revue Volume !, l'Université de Strasbourg, la branche francophone de l'IASPM (International Association for the Study of Popular Music - la plus grande organisation internationale dédiée à l'étude des musiques actuelles) et l'association allemande ASPM (une branche allemande de l'IASPM) organisent un colloque international sur les rapports entre musiques populaires et politique au XXIe siècle, début juin à Strasbourg. Il s'agit du premier colloque en France creusant la question des usages politiques des musiques actuelles au XXIe siècle, notamment autour des événements récents dans le monde arabe, le mouvement "Occupy", des mouvements sociaux en Amérique latine comme au Japon après Fukushima, ou encore les usages répressifs de ces musiques ou l'instrumentalisation de ces musiques par les régimes autoritaires à des fins de propagande.

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Changing the Tune:

Musiques populaires et politique au XXIe siècle.

De la chute du communisme au Printemps arabe.

Conférence internationale

Université de Strasbourg

7-8 juin 2013.

La revue Volume !, l'Université de Strasbourg, la branche francophone de l'IASPM (International Association for the Study of Popular Music - la plus grande organisation internationale dédiée à l'étude des musiques actuelles) et l'association allemande ASPM (une branche allemande de l'IASPM) organisent un colloque international sur les rapports entre musiques populaires et politique au XXIe siècle, début juin à Strasbourg. Il s'agit du premier colloque en France creusant la question des usages politiques des musiques actuelles au XXIe siècle, notamment autour des événements récents dans le monde arabe, le mouvement "Occupy", des mouvements sociaux en Amérique latine comme au Japon après Fukushima, ou encore les usages répressifs de ces musiques ou l'instrumentalisation de ces musiques par les régimes autoritaires à des fins de propagande.
Voici le programme :
volume.revues.org/3444 (la conférence aura lieu en anglais)

45 intervenants dans 15 panels + 2 invités :

  • Martin Cloonan (Professeur de musiques populaires et de sciences politiques, Université de Glasgow)
  • Dietrich Helms (Professeur d'histoire de la musique, Université d'Osnabrück)

La présentation du colloque :

Les informations pratiques pour y assister (gratuit pour les étudiants, 30 € pour les autres) et s'y rendre :

Venez nombreux !

Volume ! la revue des musiques populaires

Voici l'appel à contributions :

Le champ d’étude dédié aux musiques populaires a abondamment exploré la question politique. S’y est développée une tradition, féconde, d’analyse des rapports entre musique et pouvoir, des pratiques symboliques par lesquelles passe l’affirmation identitaire des subcultures (cultural, gender, postcolonial studies), ainsi que de la politisation des musiques populaires, depuis les mouvements syndicaux du XIXe siècle jusqu’aux héritiers de la contre-culture des années 1960. En revanche, rares sont les auteurs à s’être penchés sur les effets du nouveau contexte géopolitique et technologique de la fin du XXe et du début du XXIe siècles. Les transformations géopolitiques, culturelles et technologiques suivant la chute du bloc soviétique, l’accélération de la mondialisation, l’avènement de l’ère numérique et d’internet ou, plus récemment encore, les bouleversements politiques tels que le Printemps arabe et les différentes déclinaisons du mouvement « Occupy », par exemple, sont encore trop timidement étudiés par les chercheurs. Depuis plus de vingt ans désormais, les musiques populaires ont recomposé les formes de leur engagement en puisant dans la diversité du matériau qu’offrent un long héritage tout autant que ce nouvel environnement. C’est sur ces nouveaux usages, pratiques et significations politiques que nous souhaitons réfléchir à l’occasion de cette conférence internationale.

Notre réflexion s’organisera autour de cinq axes :

1. La musique comme arme politique

Les musiques populaires ont accompagné l’histoire des luttes sociales, culturelles et politiques. Comment pouvons-nous analyser leur efficacité ? Quel est leur rôle dans l’accompagnement de luttes sociales : servent-elles à cimenter des mouvements déjà constitués et à galvaniser des troupes ? ou peuvent-elles véritablement porter un message et persuader, provoquer ou déstabiliser leurs adversaires ? Si ces musiques sont « la bande-son » de changements politiques ou sociaux, n’en constituent-elles qu’un simple accompagnement, ou participent-elles à leur avènement ?

La manière dont ces musiques fédèrent les masses ne doit cependant pas être conçue naïvement, en termes seulement progressistes. La question du rapport entre musique, action et imprégnée d’ambiguïté et de contradictions. Nous invitons donc les participants à interroger également l’envers de cette politisation : quelles sont les musiques populaires qui refusent toute « contamination » politique ou encodent dans leurs formes et significations mêmes un refus du politique ? N’y a-t-il pas des usages ambivalents de telles musiques, qui en contrediraient les fonctions d’origine et remettraient en cause cette dichotomie trop évidente entre musiques engagées et musiques « apolitiques » ? De même, si la musique peut accompagner une violence moins manifestement politique, voire nihiliste, et dont les usages ignorent ou méprisent ces objectifs émancipateurs , quel tableau dresser aujourd’hui de la politique des subcultures musicales ?

2. Musiques politiques, entre héritage et révolution

Dans la mesure où ces musiques s’inscrivent dans une tradition, il faut interroger leur originalité et la façon dont elles jouent avec leur héritage. Le nouveau contexte historique a-t-il bouleversé les choix et les formes de politisation des musiques populaires ? Quels sont les formes-sens qui, désormais, portent une parole politique, et à quelles conditions ? Et quel est le rapport que ces musiques entretiennent avec les traditions de politisation qui les ont précédées (phénomènes de reprises, de détournements divers : correspondances musicales en 2005 entre Katrina et d’autres inondations, participation de musiciens de la contre-culture des Sixties à Occupy Wall Street, etc.) ? Il s’agira de considérer les relations que les musiques protestataires entretiennent d’une époque à une autre, mais aussi entre mouvements contemporains. La question se pose également d’un point de vue géographique : y a-t-il une circulation mondiale entre les différentes traditions musicales de lutte ? Les musiques populaires jouent-elles le même rôle dans les différents mouvements actuels (Printemps arabe, mouvement #Occupy, Printemps Érable au Canada…) ? Les études comparatives seront privilégiées.

3. Musique, identité et nationalisme

Les musiques populaires accompagnent la cristallisation et la construction de nouvelles communautés (sub)culturelles. Ce fut le cas à l’occasion du processus d’effondrement du bloc soviétique, de l’éclatement de la Yougoslavie, ainsi que des ruptures politiques récentes dans de nombreux pays latino-américains. Certaines affirmèrent de nouvelles identités progressistes, opposées aux injonctions de l’ordre ancien. Les musiques populaires permettent également de rassembler des communautés d’immigrés, et de jeter un pont entre passé et présent en alliant structures traditionnelles et genres, instruments, médias nouveaux – nostalgie et revendications sociales. Elles peuvent ainsi se faire le support d’une transition identitaire, d’une assimilation d’une culture à une autre. Mais il arrive inversement qu’elles reflètent de nouveaux antagonismes de classes et de cultures, traduisent une radicalisation identitaire et accompagnent des mouvements nationalistes, comme ce fut notamment le cas dans les Balkans, en Europe de l’Est ou en Russie.

4. Esthétique, pratiques numériques et politique

Les développements de l’informatique musicale et des nouveaux réseaux sociaux (de partage, de création) ouvrent un champ radicalement neuf aux pratiques tant esthétiques (reprises, sampling, mashups, shreds…) que sociales (réseaux sociaux, peer-to-peer & filesharing) au cœur des musiques populaires. En quoi cette nouvelle révolution musicale entraine-t-elle simultanément de nouveaux usages et de nouvelles significations politiques ? Ces changements technologiques participent-ils au développement de la puissance politique des musiques populaires ? Comment évaluer politiquement l’ambivalence de ces « arts de faire » qui, tout en exprimant une grande créativité esthétique, peuvent du même élan ignorer ou contribuer à faire disparaître des héritages symboliques ou politiques ? Les nouvelles technologies sont peut-être le lieu d’une collaboration ou d’un conflit entre engagement politique et émancipation culturelle.

5. La mise au pas des musiques populaires : censure, torture et propagande

La charge politique et la puissance fédérative des musiques populaires peuvent se mesurer à la réaction qu’elles suscitent des autorités. Certains États les identifient à une menace à leur stabilité et à la perpétuation d’un ordre dans lequel le peuple a peu voix au chapitre. Les musiques populaires sont, au XXIe siècle, encore la cible de censures et de répressions, partout dans le monde. Des chansons interdites après le 11 septembre à la violence à l’égard des « emos » en Irak, en passant par le procès de Pussy Riot, récemment, les régimes contre lesquels s’élèvent déviants et/ou contestataires prennent (parfois) les critiques musicales et l’anticonformisme artistique très au sérieux.

Conscientes de la puissance de la musique, les autorités politiques et morales cherchent également à s’en servir comme arme de propagande, qu’il s’agisse de « soft power » américain ou de l’instrumentalisation de succès musicaux pendant les guerres en Ex-Yougoslavie. Les états moraux et psychologiques des troupes peuvent également être altérés par l’écoute de musique lors d’opérations militaires. Reconnues comme armes de contestation et de propagande, les musiques populaires trouvent enfin leur détournement politique le plus extrême quand un régime les utilise à des fins de torture.

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