
Les temps que nous vivions en ce moment expriment, au-delà de l’exigence sanitaire, le besoin vital d’un sens et d’une cohérence entre l’apparente société démocratique, consumériste et égalitaire et la réalité mesquine qu’affrontera dans l’exclusion, dans la différenciation, une part significative des martiniquais.
La France dite pays des droits de l'homme, de" liberté égalité fraternité", possède aujourd'hui dans sa législation des règles attribuant des droits différents en fonction des personnes, en fonction de leur choix de vie, en fonction de leur santé. Pour mémoire rappelons ici la définition communément admise de l’Apartheid : "Apartheid : Discrimination, voire exclusion, d'une partie de la population, qui ne dispose pas des mêmes droits, lieux d'habitation ou emplois que le reste de la collectivité". Le tri, la différenciation, voire la ségrégation, le classement des femmes et des hommes s'instaurent comme la norme.
Qui l’eût cru ?
Cette nouvelle société s’installe à marche forcée de manière autoritaire et brutale au motif de l’urgence de la mise en œuvre de « La seule solution » face à cette crise sanitaire.
La stratégie de la peur se déploie dans toutes ses déclinaisons.
Inflation règlementaire, répression, sanctions, menaces, scénarisation spectaculaire de la mort, et de l’émotionnel, tout est utilisé pour inoculer « La seule solution ».
Rien n’y fait le peuple ne désarme pas, cette stratégie de la peur ne fonctionne pas.
Et quand l'arme de la peur ne fait plus peur tout est possible, le pire comme le meilleur. Quoiqu’il en soit les martiniquais devront être unis pour affronter cette période et ne pas céder aux stratégies de division qui consistent à parcelliser l'identification des problèmes.
Nous devrons surtout nous garder de faire porter à tel ou tel secteur professionnel ou catégorie de personnes, ou telle communauté, l'incapacité d'une gouvernance à appréhender de manière globale avec des initiatives pertinentes, des actes efficaces, des mots apaisants, les maux d'un pays qui va mal, très mal. Car malgré cet affichage ostentatoire orné de luxueuses berlines et apparats vestimentaires que nous offre cette société de consommation effrénée. On est mal.
Nous avons à déterminer nous-mêmes nos indices d'évaluation, en rapport avec notre environnement, notre contexte, nos faiblesses, nos atouts, nos potentialités, notre réalité irréductible à aucune autre. Les faits sont têtus et l’histoire nous montre chaque jour, ici et ailleurs, que ce qui n’émerge pas d'une maturation collective, d'une pensée autonome, d'une intention endogène largement partagée, est source inévitable d’aliénation et de désordre dont l’unique vertu n’est que d'être désespérante.
Aujourd’hui, l’épuisement de la recette aveugle, de « la seule solution » venue d’ailleurs rend nécessaire de manière urgente la création d’espaces d’initiatives martiniquaises.
Mais.
Traiter l'urgence ne doit pas nous absoudre de nous projeter à moyen long terme, c'est cela qui crée l'espoir.
Traiter l'urgence n'appelle pas seulement une réponse en terme financier.
Traiter l'urgence n'est pas d’infantiliser, réprimer, brutaliser dans l’affolement.
Traiter l’urgence c’est faire face aux affres de la situation.
Traiter l'urgence c'est apaiser les souffrances et non les défier.
Traiter l'urgence c'est surtout et avant tout traiter avec respect et humanité.
Dans cette décrédibilisation ambiante de la parole publique aucune voix ne se fait entendre et n’inspire confiance.
N'attendons pas le salut d'un être providentiel.
Jeff lafontaine