Nous nous gargarisons souvent d'être un peuple résilient qui a su transformer les drames de notre histoire en opportunité.
Malheureusement par autodénigrement, nous voyons nos danses traditionnelles réduites en folklore pour l’arrivée des bateaux de croisière, notre langue en verbiage chatoyant pour touristes institutionnels, nos croyances en sortilèges, nos héros en voyous et nos bourreaux en héros. Voilà maintenant que nos plantes médicinales, notre pharmacopée devient la risée de nos gouvernants.
Alors chiche ! Transformons cette dérision en opportunité.
Pourquoi ne pas créer cet Atoumodrome qui serait une usine de transformation de cette plante médicinale bien de chez nous, aux milles vertus en toute espèce de produits soignants ou en médicament. Beaucoup de littératures existent à ce sujet et le PARM en Martinique a fait des études sérieuses et confirme scientifiquement ses vertus médicamenteuses.
On pourrait en plus y faire travailler tous ces jeunes diplômés martiniquais qui font le bonheur d'entreprises étrangères notamment françaises.
Pourquoi pas ?
La capacité de nos gouvernants à intervenir dans le développement économique de notre pays.
Rappelez-vous du 6 juillet au 25 octobre 2007
Le Grenelle de l'environnement, rassemblait État, collectivités locales, partenaires sociaux et ONG investis dans les questions environnementales. Qu'est-ce qu'on nous a bassinés avec la Martinique qui serait un des 36 « hot spot » de la biodiversité mondiale. Que le potentiel économique était énorme en termes de produits pharmaceutiques. On pouvait lire dans les archives des débats du 29 août 2007 « La question écologique et environnementale deviendra non seulement l’urgence des temps qui viennent …C’est pourquoi il me semble absolument précieux de mettre la pensée écologique au centre même de la démarche…Le Pays Martinique est un sanctuaire de biodiversité inouïe... l’approche nouvelle et pertinente, serait donc de placer notre pays sous un statut écologique dérogatoire qui lui servirait de catalyseur général à une nouvelle approche du développement et de l’économie locale. »
Et pourtant on continue à défricher, à bétonner, à vouloir construire une route entre le Prêcheur et le Morne-rouge, on continue à détruire la forêt et à écraser les Manicous sur les routes.
Ça n’a rien donné…
Rappelez-vous le 17 août 2007
L’ouragan Dean touche sévèrement la Martinique en faisant d’importants dégâts. On déplorait officiellement 2 morts et 6 blessés. Le 5 janvier 2008, le premier ministre de l'époque, François Fillon venait visiter la Martinique et se rend à Trénelle pour prendre la mesure de la vulnérabilité de notre pays sujet à des risques sismiques volcaniques, cycloniques, tsunamis. Dans son discours, on pouvait lire « …Il faut donc maintenant ensemble réfléchir à une autre logique, à un autre modèle économique pour l'Outre-Mer. Il faut en réalité donner à la Martinique une capacité de développement plus autonome… ».
Hélas ! La décentralisation n’a jamais été autant foulée aux pieds, accompagnée d’une irresponsabilité totale des élus qui va se confirmer dans la consultation du 10 janvier 2010 sur l’article 74.
Ça n’a rien donné…
Rappelez-vous le 20 août 2010.
En pleine crise de la « Dengue », la ministre de la santé débarque. 18 morts, 25.000 en Martinique, c’est le lourd bilan de l'épidémie de dengue qui nous a frappé fin 2009.
Qu'est-ce qu'on ne nous pas raconté ! Que la Martinique était la « vitrine de l'excellence médicale française dans les caraïbes ». Que l'objectif était de « faire du CHUM un fleuron de la science ». Hélas.
Et quand on souligne les insuffisances et la désorganisation des services, Madame la Ministre répond : "Vous savez, juguler une épidémie de dengue, ça ne signifie pas dresser des administrations ou des responsables les uns contre les autres. C'est au contraire d'œuvrer tous ensemble".
Résultat : un démantèlement de nos structures de soins et particulièrement de l’hôpital qui ne se sont pas relevés des dégâts de la Loi Hôpital Patient Santé Territoire, dite loi HPST, qui découle de la révision générale des politiques publiques (RGPP) de juillet 2009.
Voilà ce que nous payons aujourd’hui.
Ça n’a rien donné…
Rappelez-vous le 7 mai 2015
La visite de la ministre de l’écologie, 48h00 avant la venue du président de la république. Les sargasses à cette époque faisaient l’objet de toutes les attentions et la Ministre s’était prononcée sur un plan en trois volets qui prévoyait ... » …. « Le premier volet vise à une meilleure connaissance du phénomène pour anticiper et agir à la source. » … « ...Le deuxième volet du plan de la ministre de l’écologie porte sur l’aide aux collectivités locales pour ramasser les algues et nettoyer le littoral… » … des brigades vertes constituées d’emplois soutenus par l’État seront mobilisées pour aider les collectivités au ramassage des sargasses. … …un troisième volet « …mettre en place des infrastructures de gestion et de valorisation des sargasses. ...... Les sargasses peuvent servir d’engrais naturel dans l’agriculture. D’autres usages doivent être étudiés comme la transformation en charbon actif ou en bio plastique » ... « doté d’un budget d’1,5 million d’euros, qui seront désignés avant la fin du mois de mai. »
Les sargasses continuent à nous empoisonner la vie sans que personne ne s’en inquiète sérieusement.
Ça n’a rien donné…
Rappelez-vous le samedi 9 mai 2015
A Schoelcher se tenait une réunion des 29 chefs d'état et de gouvernement de la caraïbe préalablement à la COP 21. Une invitation à l’initiative du président de la république française. La Martinique était au centre du monde dans Les discussions sur la protection de l'environnement. Le président de la république de l’époque annonce "la constitution d'un fonds vert qui pourrait dégager 100 milliards de dollars par an à partir de 2020… »
On devait être exemplaire. Hélas, aujourd’hui on n’arrive même pas à gérer nos déchets.
Ça n’a rien donné…
Rappelez-vous en mai 2015 le cancan du cyclotron.
Là, on touche le fond. François Hollande a annoncé que la Martinique et la Guadeloupe seraient dotées chacune d'un cyclotron. Un député de Guadeloupe s’adressait ainsi…… « un égal traitement avec nos amis de la Martinique, pas plus, pas moins ». François Hollande a alors annoncé que l'Etat « ……non seulement autorisera un cyclotron en Guadeloupe mais il participera au financement en complément de la Martinique…… ». « N'opposons pas une île à une autre, chacun a besoin d'avoir son équipement », a conclu le président pour clore ce cafouillage. « …le projet martiniquais serait conditionné au retour à l'équilibre du CHU de Martinique… »
Nos gouvernants n'ont jamais pu mutualiser des efforts et mettre en commun des moyens dans l'intérêt général des peuples de Guadeloupe et de Martinique.
Ça n’a rien donné…
Tous ces rappels pourquoi ?
Pour confirmer si besoin était que la santé des martiniquais, la pharmacopée martiniquaise, la protection de l’environnement n’ont jamais été une priorité pour nos gouvernants. Au-delà de la communication, des effets d’annonces et des campagnes électorales, nos personnels politiques sont absents des grands sujets qui nous concerne. On ne doit pas s’étonner qu’ils poussent à la vaccination obligatoire et au passe sanitaire, c’est plus simple et n’engage pas leur responsabilité.
Résistance
Il y a un véritable intérêt médical et économique à s'occuper de notre biodiversité. C'est là que se trouvent les principes actifs des médicaments qui vont nous sortir de cette crise et nous protéger de celles à venir. Ne vous en déplaise !
Cette crise est une vraie opportunité pour nous. Elle nous commande impérativement de prendre en main notre santé. C’est avant tout une responsabilité individuelle.
En nous alimentant correctement avec les aliments que nous offre notre pays.
En combattant l’obésité, le diabète, l’hypertension.
En pratiquant des activités sportives
En nous sevrant des lieux de vente des poisons qui minent notre santé.
En utilisant nos savoirs médicaux ancestraux
Alors oui ! Plutôt qu'un vaccinodrome, un Atoumodrome pour la Martinique.
En attendant :
Vous devrez vous accommoder de notre colère et de notre insoumission.
Vous devrez affronter notre résistance et notre révolte.
Vous devrez rendre des comptes.
Jeff Lafontaine