Habituellement, les nouveaux gouvernements de droite, élus pour leurs discours répressifs ou de « rétablissement de l’autorité », commencent par annoncer des mesures de répression contre la délinquance et le petit ou plus gros trafic de drogues illégales.
Le nouveau gouvernement de Javier Milei a souhaité exprimer clairement une autre priorité. La ministre de la Sécurité a ainsi dédié sa première conférence de presse non pas à la délinquance ou au trafic de drogue mais exclusivement à la répression des mouvements sociaux.
Durant une déclaration d’une vingtaine de minutes, Patricia Bullrich (la nouvelle ministre de la Sécurité, qui occupait déjà le même poste durant la présidence de Mauricio Macri) a annoncé différentes mesures visant à criminaliser les manifestations et les « blocages de routes » (la pratique courante depuis les années 90 des mouvements sociaux, consistant à couper rues, avenues ou routes).
Contre la Constitution et la jurisprudence (dont une décision de la Cour de Cassation) qui garantit le droit de protester publiquement -y compris en gênant la circulation des personnes et des biens-, Bullrich a décrété des interdits de manifester.
Pour cela, elle a octroyé des pouvoirs judiciaires à la police, dans une évidente violation du principe de la séparation des pouvoirs, afin que celle-ci intervienne contre les manifestations sans la moindre décision de juge.
En cohérence avec le « programme » de Milei, les mesures de Bullrich (pompeusement baptisées « Protocole de Sécurité ») sont entièrement dédiées à assurer la circulation des marchandises et des travailleurs (les « gens de bien » dans le vocabulaire de Milei).
Le commerce, et uniquement le commerce, comme seul droit fondamental d’un monde entièrement marchand.
Ces multiples violations des droits fondamentaux des Argentins annoncées par la ministre de la Sécurité seront affrontées ce mercredi 20 décembre dans la rue.
À l’appel de nombreuses organisations syndicales, sociales et de défense des droits humains, les « gens de mal » (donc) sommes convoqués pour défendre les droits de l’ensemble des Argentins.
Les 19 et 20 décembre sont les dates commémoratives de la grande répression du gouvernement De La Rua (dont Patricia Bullrich était déjà ministre) qui tua 39 personnes en 2001. Suite à ce massacre, le président De La Rua fuyait le palais présidentiel (la Casa Rosada) en hélicoptère.