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Billet de blog 24 janvier 2025

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À Davos, Milei en croisade civilisationnelle

Négationniste climatique, anti-avortement, antiféministe, anti-LGTB, anti-migrants, contre les droits de toutes les minorités - sauf ceux de l’infime minorité des richissimes - , le discours de Javier Milei au sommet de Davos ce jeudi a condensé son idéologie.

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Négationniste climatique, anti-avortement, antiféministe, anti-LGTB, anti-migrants, contre les droits de toutes les minorités -sauf ceux de l’infime minorité des richissimes-, le discours de Milei à Davos a condensé son idéologie. Celle-ci avait été soigneusement minorée ou ignorée par la vague d’articles, reportages et commentaires qui ont accompagné l’anniversaire de son investiture le 10 décembre dernier dans nombre de médias français.

Ces médias ont préféré applaudir la baisse spectaculaire du chiffre global de l’inflation mensuel en Argentine, alors que les prix des denrées de consommation courante et des loyers ont explosés cette année, appauvrissant la grande majorité de la population.

Le discours de Milei à Davos a ainsi une grande vertu : la presse internationale ne pourra plus feindre d’ignorer que l’ultra-libéral Javier Milei fait partie de la droite la plus extrême. Du moins c’est ce que nous pourrions espérer si nous n’étions pas dans un monde où nombre de commentateurs sont capables de mettre en doute qu’un bras tendu à la mode hitlérienne soit un salut nazi.

A ce propos, Milei n’a pas manqué de défendre le « geste innocent » d’Elon Musk dans son discours. Il l’avait déjà fait quelques heures plus tôt sur le réseau X, tout en menaçant les « fils de pute de gauchiste » d’aller « les chercher jusqu’au dernier recoin de la terre ». C'est le langage coutumier du président argentin qui use de son pouvoir à la tête de l’État pour intimider toutes les oppositions, au nom de la liberté d'expression. Chez lui, la forme et le fond se rejoignent dans une même abjection.

Précisons que les « gauchistes », pour Milei, c’est à peu près quiconque plaide pour la moindre intervention de l’État, que ce soit en faveur de la justice sociale ou pour encadrer ce que peuvent faire les entreprises. Autant dire que la moindre norme environnementale est taxée de bolchevik. C’est ce qu’il a dit à Davos et ce qu’il s’applique à mettre en œuvre en Argentine, en offrant les conditions d’un saccage sans précédent du pays par les grandes entreprises multinationales qui sont appelés à venir se servir.

Le libéralisme, dans sa version actuelle, n’a que faire du bien-être et du droit des personnes. D’ailleurs, il n’a que faire de l’État de droit. Ainsi,  cette semaine, l’un des principaux conseiller de Milei, Santiago Caputo, a lancé un sondage sauvage sur internet. L’une des questions portait sur le type de régime auquel les sondés aspirent. Les réponses proposées indiquent la voie qu'entend prendre le sondeur: 

"Dans quel pays préfère-tu vivre ?

  • Dans un pays démocratique qui respecte les droits individuels des personnes.
  • Dans un pays avec un gouvernent autoritaire qui parvient à des résultats économiques
  • Ne sais pas

 Les masques tombent. Capitalisme ou démocratie, il faut choisir.

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