Il y a quelque temps, l’hebdomadaire «Le Point» avait réalisé un dossier sur François Bayrou, candidat à l’élection présidentielle, et ce dossier était titré, en couverture «Le Prophète».
En fait, «Le Point» s’est trompé. Ce n’est pas Bayrou, le prophète. Les prophètes, car il y en a deux, sont le président-candidat et le candidat du PS qui savent, eux, alors que les Français n’ont pas encore voté, qu’ils seront tous les deux présents au second tour.
Ils le savent même tellement qu’ils refusent de débattre directement avec les concurrents du premier tour, comme si, eux, ne jouaient pas dans la même cour.
Ils ont tort.
Certes, en 2007, le 2e tour a mis en lice la candidate et le candidat prévu par les sondages. Mais en 2002? L’irruption du chef du FN, vous savez? Et en 1995,vous en souvient-il? Les sondages nous prédisaient un Balladur en tête au premier tour. Ce fut Jospin, suivi de Chirac...
Ils ont tort, ces deux-là disais-je, car non seulement ils privent les français d’une légitime confrontation, revivifiante pour notre démocratie un peu mal en point ces temps-ci (enfin, je trouve...), mais ils prennent un risque : si l’un des deux n’est pas au deuxième tour, il ne pourra pas débattre à la place de celle ou de celui qui l’aura battu, et il n’aura finalement pas débattu du tout. Il aura fait, en somme, un... tour pour rien! Tant pis pour lui, tant pis pour la cause qu’il dit défendre...
Et si... (là je l’écris exprès parce que j’en connais que ça met véritablement en rage, mais, moi, ça me fait bien rigoler) aucun des deux n’était présent au deuxième tour, il ne resterait plus au candidat de l’UMP et au candidat du PS... qu'à aller débattre au bistrot du coin! Et je ne parle pas du ridicule...
J’exagère à peine. N’oublions pas que, depuis 1995, sur les trois scrutins présidentiels en France, un seul, le dernier, s’est déroulé à peu près conformément au prévisions des sondeurs, sans être toutefois exempt de quelques surprises de taille, notamment le score très élevé de Bayrou et exceptionnellement bas du candidat du FN.