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Billet de blog 5 décembre 2011

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Achtung Deutschland! Cuidado Alemanha! Attention Allemagne!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qui est germanophobe? Cette polémique, qui n’est pas une querelle d’Allemands, m’évoque, allez savoir pourquoi, un Portugais qui m’ a bien fait rire à une certaine époque. J’ai nommé le talentueux Luis Rego, un ancien des «Charlots», devenu avocat de la défense dans l’inénarrable «tribunal des flagrants délires» de France Inter, aux côtés du grand, très grand Pierre Desproges, avocat général. Luis Rego, donc, avait lâché un jour, au coin d’une plaidoirie: «Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit: j’aime les bergers, j’aime les Allemands, je n’aime pas les bergers allemands...» J’en ris encore. Pourtant, cela nous donne-t-il le droit de dire que tous les Portugais sont hilarants? Certes non.

J’en connais d’ailleurs un, de Portugais, qui préside la commission européenne, qui a l’habitude de sourire de toutes ses dents, mais qui ne me fait pas rigoler du tout. D’abord, il a soutenu George W. Bush lors de l’invasion de l’Irak (ce qui est très grave), ensuite, il a tenté d’autoriser les viticulteurs européens à faire du vin rosé en mélangeant vin blanc et vin rouge (ce qui est très con), et enfin il préside (ce qui est très inutile) ce machin appelé commission européenne, ce qui l’a autorisé, à la mi-novembre, à diagnostiquer la crise de la façon la plus originale: «Nous faisons aujourd'hui face à une crise véritablement systémique qui requiert un engagement encore plus fort de tous et d'importantes mesures supplémentaires», a déclaré cet immense penseur, resservant une formule déjà ultra-réchauffée depuis des semaines, ajoutant qu’il était nécessaire d’ «augmenter la surveillance, surtout pour les Etats membres de l'UE qui mettent en danger la stabilité financière de tous».

L’Histoire ne dit pas s’il a tenu ces propos définitifs en français, en anglais, ou autre. S’il les a prononcés en portugais, il a intérêt à relever bien haut le col de son imper et à bien enfoncer son chapeau pour aller passer le réveillon à Lisbonne....

Chers lecteurs, de plus en plus nombreux, m’assurent mes proches (comme si j’allais les croire!), je vous prends à témoins: je viens de tailler un costard pour l’hiver à notre cher président (mais non, pas le mec de l’Elysée, pour une fois, celui de la commission européenne). Doit-on me taxer pour autant de sombrer dans l’anti-portuguisme (attention néologisme) primaire, dans une lusophobie galopante? Que nenni! D’abord, j’ai dit du bien d’un autre Portugais juste avant, na! Alors, vos procès d’intention, vous pouvez vous les mettre où je pense.

Quant à la germanophobie dont la vague, paraît-il, submergerait la France, c’est pareil.Qu’un responsable socialiste comme Arnaud Montebourg compare Angela Merkel à l’un de ses prédécesseurs, Otto von Bismarck (1815-1898), et la droite de tirer illico la sonnette d’alarme de la germanophobie! C’est ridicule à pleurer. Personnellement, je trouve que ce n’est pas terrible de comparer Merkel à Bismarck, parce que si on peut faire des reproches à Merkel, c’est d’avoir en permanence les chocottes, alors que Bismarck était un homme de décision. Conservateur, certes, mais éclairé, il a quasiment imposé le premier véritable système de sécurité sociale au monde à la bourgeoisie allemande, il a même eu sa période protectionniste. Pour faire court, Bismarck n’était certes pas, politiquement du moins, un rigolo, mais il n’y a rien d’infâmant pour la riante Angela Merkel à être comparée à lui, sauf peut-être pour la moustache...

Donc, si on a tort de comparer Angela à Otto, on a encore plus tort de hurler à la germanophobie dès qu’un homme politique français critique une femme politique allemande: je ne vois là qu’un exercice normal dans des pays démocratiques.

Allez, soyons provocants: je souhaite la victoire de l’Allemagne, de la France, et de tous les autres, sur la connerie...

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