Je n'avais que 15 ans en mai 68. Pas spécialement en avance ni trop en retard dans ma scolarité, et né dans une famille catholique, j'étais en classe de 4e, à Lille, chez les pères jésuites ! Autant dire que pour les barricades et les pavés, j'avais raté le coche....
Histoire de me déformater un peu, quand même, j'ai tenté de me rattraper quelques années plus tard, en lisant un max. De la masse d'essais en tous genres que j'ai dévorés dans les années 1970, j'ai toujours gardé en tête « La cuisinière et le mangeur d'hommes » et « Les maitres-penseurs » d'André Glucksmann, deux ouvrages qui m'apparaissaient alors lucides et courageux. Et ils m'apparaissent encore tels aujourd'hui. André Glucksmann y faisait notamment montre d'un art de la déconstruction, entre autres, d'un discours communiste institutionnel devenu aussi ridicule qu'insupportable. C'était de l'air frais pour nos cerveaux.
L'auteur, en outre, avait son charisme et c'était un plaisir de le voir pourfendre les bien-pensants de cette époque à la télévision ou à la radio.
Je n'ai donc jamais pu le détester vraiment, André Glucksmann, même si son cheminement intellectuel et politique, depuis... pas mal de temps maintenant, s'est avéré pour le moins difficile à comprendre et donc à suivre.
Ca m'a même fait un peu mal, je m'en souviens, de le retrouver un jour partisan de Bush, puis de Sarkozy ! C'est dire si je l'aimais bien...