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Billet de blog 13 juin 2012

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Valérie Trierweiler : elle «twitte», elle cause, elle flingue. Et alors?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’est fou ce que les Français sont formalistes !  Un «tweet» de la compagne du président fraîchement élu, Valérie Trierweiler, et plus rien d’autre n’existe dans la vie politique ! De ce seul point de vue, le quinquennat de François Hollande commence bien mal.

De quoi s’agit-il? Du soutien de la sus-nommée à Olivier Falorni, candidat dissident du PS à La Rochelle face à la «parachutée» des instances nationales du parti, Ségolène Royal, l’ex-du président, l’ex-candidate du PS à l’Elysée, et désormais candidate, si elle est élue dimanche (ce qui n’est pas sûr), à la présidence de l’Assemblée nationale. Excusez du peu.

Evidemment, c’est le bordel, et je pèse mes mots. Mais ça ne devrait pas. Pas du tout. Valérie Trierweiler n’est pas membre du PS. Elle n’est pas élue, mais journaliste. Elle est la compagne de François Hollande.

Alors, on invoque un «devoir de réserve». Tiens donc! Et il est mentionné ou ce «devoir de réserve» de la conjointe (ou du conjoint) du président de la République dans la constitution? Dans la loi? Nulle part. Fermez le ban.

Depuis quand, lorsque l’on est «femme de...» ou «homme de...» serait-on obligé de fermer sa gueule. Autrement dit: la compagne de François Hollande doit-elle devenir, en raison du job de son mec, devenir une citoyenne de seconde zone, avec moins de droits que les autres?

Je préfère savoir que le président et sa compagne ne sont pas d’accord absolument sur tout (d’autant que l’élection législative dans la circonscription de La Rochelle, à bien y regarder, n’est quand même pas un enjeu national...), que de savoir qu’ils pensent exactement la même chose sur tout, ce qui serait, au fond, inquiétant.

On ne peut pas soutenir sérieusement l’idée que, parce qu’on partage la vie d’un dirigeant politique, il faille absolument se mettre en retrait. Ce serait balayer des décennies de combat féministe.

Après, c’est à chacun ou a chacune d’assumer ses choix. En toute liberté. En 1992, on a vu le président d’alors, François Mitterrand, interviewé par Christine Ockrent et Anne Sinclair, deux «femmes de...» ministres en exercice! Ca a choqué, surtout  à l’étranger. 

Qu’un ou une journaliste, dont la conjointe ou le conjoint exerce des fonctions publiques, s’abstienne de travailler sur une matière trop politique, laissant ce soin à d’autres membres de sa rédaction, pourquoi pas? Audrey Pulvar, compagne d’Arnaud Montebourg, l’a fait, et c’est très bien.

Mais de là à se taire complètement, à ne plus avoir le droit de manifester, plus ou moins publiquement (un «tweet», c’est public ou privé? En voilà une bonne question pour nos législateurs à venir...) la moindre préférence sur tel ou tel choix anecdotique de son homme (car c’est bien d’anecdotique qu’il s’agit), il y a un pas que je ne veux pas franchir.

Tous les couples de France ont le droit de ne pas partager les mêmes idées sur tout. Et il n’y a aucune raison de faire exception pour le couple présidentiel. Valérie Trierweiler et François Hollande ne sont pas d’accord, pour les raisons que l’on sait, sur le futur élu ou la futur élue de La Rochelle, eh bien qu’ils se démerdent. Je trouve qu’il y a plus urgent, non?

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