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Billet de blog 19 septembre 2011

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Ce que l'Europe doit à la Grèce...

Ceci n'est pas une énième démonstration de l'apport colossal de la Grèce antique à la civilisation européenne. Non, je veux parler de l'Europe d'aujourd'hui et de ce qu'elle doit à la Grèce d'aujourd'hui. En effet, la plus endettée des deux pourrait très bien ne pas être celle que l'on croit généralement.

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Ceci n'est pas une énième démonstration de l'apport colossal de la Grèce antique à la civilisation européenne. Non, je veux parler de l'Europe d'aujourd'hui et de ce qu'elle doit à la Grèce d'aujourd'hui. En effet, la plus endettée des deux pourrait très bien ne pas être celle que l'on croit généralement.

J'en connais, des ultra-libéraux notamment, qui s'étrangleront rien qu'à lire ces lignes. Ce sera toutefois pour eux un entraînement salutaire en vue du jour, pas si lointain, où il leur faudra admettre que, quoi qu'il arrive, la dette grecque ne sera pas remboursée par la Grèce puisque, vu avec leurs oeillères, la Grèce n'a pas d'argent.

D'autant que, une fois cette évidence admise, soit la dette grecque sera purement et simplement annulée (même si, pour ne pas donner de mauvaises idées à tous les endettés de la terre, particuliers ou Etats, on camoufle ça en échelonnement sur x années, x décennies...), soit elle sera partagée par l'ensemble de l'Union européenne, ce qui serait logique: si les 27 Etats de l'UE ne sont pas solidaires, ça valait pas le coup de nous courir sur le haricot depuis tant d'années avec l'Europe, «en sautant comme un cabri», aurait dit le grand Charles...

Donc, les ultra-libéraux doivent s'entrainer à manger leur chapeau. Bon courage, que je leur souhaite...

Leur chapeau, d'ailleurs, pourrait bien ressembler à un Stetson (celui des cow-boys, vachement grand), voire à un sombrero (encore plus grand), puisque ce qui se passe actuellement en Grèce met à bas le fondement de leur théorie, qui énonce, grosso-modo, que trop d'Etat, ça entrave le développement économique, que l'Etat doit arrêter de chipoter avec ses taxes en tout genre, et que les entreprises et les particuliers se porteraient bien mieux sans impôts.

L'argent de manque pas en Grèce: c'est, certes, la crise, mais il y a de la nourriture, des logements, des ressources,des gens qui travaillent. Simplement, nous dit-on, c'est l'Etat grec qui n'a pas d'argent. Eh bien, l'Etat grec n'a pas d'argent parce qu'il n'est pas assez fort: il ne sait pas imposer un paiement suffisant de l'impôt, par exemple. Il y en a même certains qui pensent qu'en Grèce, il n'y a pas d'Etat, et que donc ça ne sert à rien de lui demander de l'argent.

Pour le coup, ce sont donc les Européens qui ont une dette envers les Grecs, car les Grecs leurs disent: voyez donc ce qui se passe quand l'Etat n'est pas assez costaud, quand il n'y a pas assez d'Etat, nous nous retrouvons dans la m...

Il n'est donc pas absurde d'envisager, pour remercier la Grèce de cette mise en évidence, d'effacer vite fait son ardoise et de ne lui imposer qu'une seule condition: la remise sur pieds de services de l'Etat digne de ce nom. Mais attention: il faudra donner l'exemple...

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