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Billet de blog 19 octobre 2011

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2012: victoire au plus petit dénominateur commun...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si quelqu’un pense, honnêtement, que l’actuel président peut être reconduit à l’Elysée, il a trois solutions: voter pour lui dès le premier tour s’il le veut vraiment, voter pour la fille à papa au premier tour histoire de bien encourager l’actuel locataire de l’Elysée à poursuivre dans sa voie (en fait, son impasse) sécuritaire, avant de voter pour lui au second, soit voter au premier tour pour le très charismatique ex-ministre de la Défense Hervé Morin, qui a d’ores et déjà habilement fait savoir que, de toutes façons, au second tour, il voterait pour le président sortant (Celui-là, il est vraiment fracassant d’intelligence, vous ne trouvez pas?)

A l’inverse, si quelqu’un pense, toujours honnêtement, que l’actuel président ne peut et ne doit, en aucun cas, rester au pouvoir, son choix est infiniment plus compliqué: au premier tour, il peut voter François Bayrou, François Hollande, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, par exemple. Je cite ces quatre-là, parce qu’en principe, ils ne viennent pas là pour faire juste de la représentation, mais avec l’espoir de gagner l’élection ou alors de peser fortement sur les élections législatives qui suivront.

Premier problème : le candidat socialiste, tout en «normalitude», explique qu’après avoir rassemblé les siens lors de la primaire, il est prêt à ouvrir des portes pour les Verts, ce qui semble acquis, vers le Front de gauche, pour qui il est hors de question de gouverner avec le centre, trop à droite, et vers le MODEM, qui, lui, se montre réticent à partager le pouvoir avec une gauche trop radicale.

Deuxième problème : seul un ou deux des candidats qui représenteront ces quatre forces d’opposition a des chances raisonnables de gagner l’élection présidentielle, mais après? Je veux parler des élections législatives et de la mise en service d’un gouvernement : il faudra bien une majorité. Chacun de ces quatre mouvements peut-il être sûr à lui seul de disposer d’une majorité? Et même une alliance PS-Verts le permettrait-elle?

La solution, c’est de trouver le plus petit dénominateur commun. Entre le PS et le MODEM? Ca ne suffira pas, parce qu’il exclurait ceux qui sont plus à gauche. Entre le PS et le Front de Gauche? Il repousserait elle à droite bien des centristes.

Pourtant, ces quatre-là, MODEM, PS, EELV (Les Verts) et Front de gauche, ont une responsabilité écrasante : celle de réussir le changement ardemment espéré par une majorité grandissante de Français, majorité qui croît à mesure que s’étendent les malheurs de la crise...

En plus d’un changement à l’Elysée, les Français attendent aussi ces quatre-là au tournant : malheur à ceux qui n’auront pas su se démerder pour qu’on change de président! 65 ans ou pas, ils devront prendre leur retraite politique définitive.

Il serait donc assez responsable de leur part de se mettre d’accord sur un... plus petit commun dénominateur.

C’est un peu à l’image du programme du Conseil national de la résistance (CNR), à la fin de la Deuxième guerre mondiale: contrairement à une idée répandue, ce n’était pas un programme exclusivement de gauche, mais un programme acceptable par tous, du communiste Maurice Thorez au Général de Gaulle, issu d’un milieu plutôt conservateur, en passant par les socio-démocrates, radicaux de tout poil, chrétiens-démocrates et autres...

Il s’agissait tout simplement d’assurer (je cite) «l'établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ; la pleine liberté de pensée, de conscience et d'expression ; la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l'égard de l'État, des puissances d'argent et des influences étrangères ; la liberté d'association, de réunion et de manifestation ; l'inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance ; le respect de la personne humaine ; l'égalité absolue de tous les citoyens devant la loi».

Tiens, tiens... Certains points semblent toujours à l’ordre du jour, non? Comme par exemple le contournement du «non» français au référendum sur l’Europe. Mais là n’est pas le sujet.

La question est: serait-ce trop demander à nos quatre sus-nommés de se mettre d’accord sur un «minimum acceptable» en s’inspirant du CNR et de son programme économique en prônant, par exemple, «l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie ; une organisation rationnelle de l'économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général ; le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d'énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d'assurances et des grandes banques ; le droit d'accès, dans le cadre de l'entreprise, aux fonctions de direction et d'administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l'économie

On peut encore citer, parce que toujours d’actualité, les points suivants du programme : «le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l'amélioration du régime contractuel du travail ; un rajustement important des salaires et la garantie d'un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d'une vie pleinement humaine ; la garantie du pouvoir d'achat national par une politique tendant à la stabilité de la monnaie ; un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l'État ; la sécurité de l'emploi, la réglementation des conditions d'embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d'atelier ; une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ; la possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l'instruction et d'accéder à la culture la plus développée quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires». Et j’en passe...

Faute d’un accord du même genre que celui du CNR, qui passe forcément par l’abandon des préventions frileuses du centre vis-à-vis de la «gauche de la gauche», et des préventions de cette dernière vis-à-vis du centre, qu’elle assimile à la droite classique par pure paresse intellectuelle, la possibilité d’une victoire semble compromise...

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