Nos “experts” du Proche-Orient, maîtres à penser qui servent leur savoir sur un plateau (télé), se sont lamentablement plantés. Rien de ce qui arrive en Tunisie, en Egypte, en Algérie, au Yémen (et bientôt ailleurs?) n’avait été prévu.
Heureusement que, dans les pays sus-nommés, il y a des peuples qui, eux, se chargent de faire l’Histoire. Sinon, rien n’avancerait...
En outre, qu’il s’agisse des faucons ou des colombes, personne n’a plus de grille d’analyse pour expliquer les événements considérables qui se déroulent de l’autre côté de la Méditerranée, et même un peu plus à l’Est...
Les faucons (qui en sont généralement de vrais, enfin, c’est ce que je pense), d’abord. Encore traumatisés par la révolution iranienne d’il y a... trente ans (!), ils sont persuadés que la même chose va se reproduire au Caire, à Alger, sans tenir compte de réalités qui, pourtant crèvent les yeux: les opinions des pays concernés ont évolué depuis, le monde a tourné, et, surtout, les peuples sont différents les un des autres. L’Iran n’est pas un pays arabe, l’Iran ne pratique pas le même islam qu’ailleurs, l’Iran a une histoire autre que bon nombre d’autres pays musulmans.
Les faucons encore (quand je vous disais qu’ils sont plus vrais que nature!) qui avaient applaudi des deux ailes, par pure solidarité entre rapaces, lorsque l’aigle américain avait fondu sur l’Irak.
“Vous allez voir, les Irakiens accueilleront les soldats de la coalition en libérateurs...” (si, si, un expert patenté - je ne le nommerai pas, il sévit toujours!- d’un tas de chaînes francophones, avait osé lâcher ça à la télévision juste avant l’intervention américano-britannique). Foutaises!
Foutaises encore lorsqu’on nous disait qu’avec l’intervention en Irak, la “greffe démocratique” allait s’étendre dans tout le Proche-Orient.
Non, ce n’est pas à Bagdad que le vent de la liberté s’est levé, mais à Tunis, au Caire, à Alger, et tout ça, sans GI’s ni Marines....
Les faucons aiment agiter la peur, bien commode instrument de domination. Alors aujourd’hui, on nous dit qu’avec la révolution égyptienne, c’est Israël qui est menacé. Que le manifestants cairotes aient reproché à Moubarak les accords passés avec l’Etat hébreu, c’est une chose. Mais cela en fait il des guerriers enragés? Non, ces gens-là ne veulent pas la guerre, et Israël n’a rien à redouter de ce côté-là. Les Israéliens, qui vivent depuis le création de leur Etat dans une économie et une organisation sociale essentiellement tournés vers la guerre, devraient commencer à réfléchir à ce qu’ils feront, à ce qu’ils seront, en temps de paix: ce sera sans doute l’un des plus grands défis qu’ils auront à relever.
Les colombes, souvent portées sur la culpabilisation, voire l’autoflagellation, elles aussi se sont aussi plantées. Non, les Egyptiens et les Tunisiens ne se sont pas levés contre les occidentaux, même s’ils conspuent les alliés de ces derniers, Moubarak et Ben Ali. Ces pays-là n’en sont plus à la guerre de décolonisation, et leur éblouissante révolution de 2011 administre au monde la preuve éclatante de leur indépendance: ils l’ont faite tout seuls! Ils l’ont simplement faite sans nous! C’est leur affaire. C’est leur espoir. Mais, cet espoir, c’est aussi le nôtre.