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Billet de blog 22 décembre 2010

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Courage! Il fait froid et nul n'y peut rien...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ca y est! Le froid hivernal a flingué les dernières (petites) fleurs encore écloses dans mon jardin. D’accord, ce n’est pas grave. Mais il a surtout flingué le courage politique qui aurait permis à un Premier ministre, entre autres, d’avouer aux Français (qui s’en doutent bien, pourtant), que contre l’hiver, la neige, tout ça, “l’Etat ne peut pas tout”.

Lionel Jospin avait, en son temps, testé la formule à propos des licenciements. Il paraît que c’est cette petite phrase qui lui a valu sa défaite à l’élection présidentielle de 1995. Ca reste à vérifier...

Pourtant, la météo et le social, ça n’est pas la même chose, non?

Mais tel est l’un des paradoxes de l’époque: nous avons un gouvernement dont plusieurs membres ont des penchants assez prononcés pour le libéralisme et qui vous déclarent volontiers tout bas, mais vraiment tout bas, que “l’Etat ne peut pas”... enrayer indéfiniment le déficit des caisses de retraite, loger dignement tous les habitants de ce pays, donner du travail à tout un chacun, rénover les universités, débloquer davantage de moyens pour l’Education nationale, que sais-je encore?

C’est que l’aveu d’impuissance est électoralement contre-productif. Même pour la neige, qui enquiquine les humains depuis avant même qu’ils soient devenus humains. Alors ont dit qu’on peut. Au cas où un jour, les Français seraient suffisamment crétins pour porter au pouvoir celle ou celui qui promettrait la fin de la neige sur les routes en hiver...

Donc, en cas d’hiver rude, pas question de dire que l’Etat ne peut rien ou pas suffisamment! Surtout pas!

Non, non, contre la neige, on peut. Et comme chaque hiver, après les premières chutes un peu violentes c’est la même ritournelle. Sur une grande chaîne de télévision privée, j’ai entendu, moins de 24 heures après les premières grosses neiges dans le nord-ouest de la France que “le sentiment qui domine ici, c’est l’exaspération” (sic!). Mécaniquement, pourrait-on dire, les réactions gouvernementales suivent, accusant, par exemple, la météo qui, pourtant avait bien fait son travail et annoncé l’arrivée massive des flocons...

Ensuite, les "plans-coms" se suivent et se ressemblent: cellules de crise, préfets sur le pied de guerre, tout comme les pompiers, les gendarmes, les saleuses, etc.

Sur le fond, ça ne change rien: l’an prochain, il y aura aussi un hiver, avec de la neige là où on n’en attend pas (ou si peu).

Je n’éprouve pas un amour immodéré pour ce gouvernement, mais je trouve qu’on pourrait s’ingénier à lui faire parler d’autre chose que des intempéries en hiver. N’importe quel gouvernement ferait ce qu’il peut en pareille circonstance pour dégager les routes et faire circuler les transports en commun.

Non, je préférerais qu’on lui parle d’une récente (14 décembre) recommandation du conseil d’Etat préconisant, en pleine vague de froid, et c’est une première, d’”accueillir” les demandeurs d’asile sous des tentes en l’absence de places disponibles dans les centres d’hébergement ou les hôtels. Et pourquoi pas des igloos, tant qu’à faire?

Mais, c’est vrai, j’oubliais, “l’Etat ne peut pas tout” et surtout pas pour tout le monde...

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