L’Union européenne, au vu de ce qu’elle a encore à dire, a une fois de plus perdu l’occasion de se taire, en se disant prête à des sanctions contre la Libye. Enfin, contre Kahafi et son régime.
Elle a perdu une occasion de la boucler, parce qu’en pratique, des sanctions contre Kadhafi et son régime, ça ne veut rien dire.
Boycotter le pétrole libyen? C’est le despote lui même, qui, entre deux massacres de ses concitoyens, a fermé les robinets, il a sans doute largement les moyens financiers de le faire.
Cesser (notamment la France) de lui vendre des armes? La belle affaire! D’une part, il semble en avoir des stocks, d’autre part, les marchands d’armes se bousculeraient au portillon pour prendre le relais.
Et encore faudrait-il que la situation évolue en faveur du tyran libyen, ce qui n’est pas certain.
Alors, parler de sanctions dans un tel contexte relève de l’hypocrisie la plus totale. Sauf à parier sur une victoire de Kadhafi: dans ce cas-là, des sanctions du type de celles infligées en leur temps à l’Irak, ne toucheraient que le peuple libyen, le frappant, pour avoir osé se révolter, de double peine: massacrés par Kadhafi, le plus grand criminel qui ait sévi dans le pays depuis Rommel, affamés du fait de la bonne conscience des Occidentaux.
Franchement, nos dirigeants pourraient faire profil bas et se montrer modestes face à une situation absolument imprévisible. Qu’ils admettent ne pas savoir et qu’ils la ferment, au lieu de couvrir de paroles vides de sens, le vacarme assourdissant produit par l’effacement européen de la scène internationale.
“Wait and see”, la sagesse d’attendre avant de parler, ne se décline pourtant pas qu'en Anglais dans nos bien frileux pays.