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Billet de blog 11 mars 2025

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Sauver la Maison des écrivains et de la littérature

Le gouvernement s’emploie à assécher la culture. La Maison des écrivains et de la littérature, malgré ses actions indispensables en particulier dans les écoles, subit cette politique au point que sa survie est compromise. Pendant ce temps, LVMH détourne vers des formations courtes les élèves de Seine-Saint-Denis, avec le soutien de la presse y compris publique. Signez la pétition pour la MEL !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a quelques jours, LVMH organisait son salon annuel à Clichy-sous-Bois pour présenter ses « métiers d’excellence » aux élèves de collège. Les classes amenées par leurs enseignants ont pu bénéficier d’« une immersion dans l’univers des Maisons du groupe, à travers des pavillons pensés comme des petits magasins, des ateliers participatifs, des coachings personnalisés ». L’événement a été couvert par France Inter, France bleu, le Journal du Dimanche, etc. Pas un journaliste n’a noté qu’ « aller chercher les talents là où ils se trouvent » voulait dire détourner les collégiens de Seine-Saint-Denis vers des CAP en alternance « métiers du luxe » et commerce, LVMH manquant actuellement de main d’œuvre peu qualifiée.

Au même moment, la MEL, Maison des écrivains et de la littérature, qui diffuse la littérature française en organisant des événements et des rencontres, qui finance par exemple la visite des écrivains dans les classes de collège et de lycée, se bat pour que son budget ne soit pas encore divisé par deux d’une année sur l’autre : sans information préalable, sans obtenir la moindre réunion de travail avec son administration de tutelle, elle a appris qu’elle devait survivre cette année avec la somme misérable de 200 000 euros. Il paraît que ses actions ne sont pas assez « visibles ».

Il s’agit de savoir si demain les élèves vont « faire vivre aux clients de LVMH des expériences uniques », ou s’ils vont plutôt continuer à parler avec celles et ceux qui font la littérature française contemporaine: parler d’écriture, de fictions, d’art, cela souvent en l’absence de la presse, mais peut-être avec l’envie de lire, d’écrire eux-mêmes, ou tout simplement de rester à l’école.   

LVMH a un chiffre d’affaires de 85 milliards d’euros, des groupes de presse dédiés, un soutien complaisant des radios publiques. La MEL a sa propre notoriété, incomparable parce qu’infiniment plus valable, ses soutiens, mais aussi, depuis aujourd’hui, une pétition pour la défendre que vous pouvez signer.       

NB : Sur le site de la MEL, des textes excellents à ce propos, dont « Les temps sont durs » d’Eric Pessan, et « La culture, une affaire privée ? » de Sylvie Gouttebaron.

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