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Billet de blog 3 avril 2022

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Macron et Le Pen : non à la France des Thenardier

Alors que les débats de l'élection présidentielle devraient être l'occasion pour le pays de se tourner vers les enjeux du 21e siècle, la nécessité de la bifurcation écologique, de l'égalité hommes femmes, du progrès démocratique et de l'égalité sociale, de manière symptomatique, ils semblent plutôt nous ramener tout droit au 19e siècle. Là-dessus, E. Macron et M. Le Pen sont en fait d'accord !

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Lorsqu'on visite l'exposition « Fait main. Quand Grenoble gantait le monde » au musée Dauphinois à Grenoble, l'attention est attirée par des photos d'ateliers, où de très jeunes femmes cousaient des gants vendus par douzaines à destination de clientes et de clients sur tous les continents. Ces photographies du début du 20e siècle renvoient aux programmes des Thenardier du 21e siècle, Macron et Le Pen.

Ainsi, le candidat-président Macron a annoncé il y a quelques jours vouloir l’alternance, l’apprentissage, et l’orientation vers les métiers dès 12 ans, soit au niveau de la classe de 5ème. Une proposition aurait été inimaginable dans le débat public il y a encore quelques années.

Arrive-t-on à croire que dans la France de 2022 on puisse vouloir remettre les enfants à 12 ans au travail ? Et que soit considéré comme une idée normale ? Quel mépris de Macron, qui ose encore se déclarer de gauche, pour les luttes de nos anciennes et de nos anciens menées depuis près de deux siècles pour avoir une vie digne. Qu'il y ait des millions de personnes qui cautionnent cela en dit beaucoup sur l'état de notre société gangrénée par l'individualisme.

Il y a quelques jours, c'était justement le 140ème anniversaire de l'instauration de l'instruction obligatoire en France à... 13 ans révolus ; il fallut attendre le Front populaire de 1936 pour que celui-ci passât à 14 ans et enfin 1959 pour la fixer à 16 ans. L'idée même de progrès social est-elle devenue à ce point étrangère dans la France de 2022 ?

L'électorat de Macron, qui est composé d'actives et d'actifs aisé-es et de retraité-es ayant bénéficié des conquêtes de la Résistance et de l'élection de 1981 ne semble guère s'en offusquer. Laisser entendre qu’on pourra envoyer les enfants de classes populaires en apprentissage dès la cinquième ne les concerne pas, ce qui est tout simplement révoltant. Et extrêmement violent.

Ce projet macroniste concernant la jeunesse populaire est cohérent avec la proposition de la retraite à 65 ans. Cela nous ramène aux standards sociaux de la loi de 1910, que la Confédération Générale du Travail avait alors dénoncé en la qualifiant de « retraite des morts » (en effet seul 8% de la population atteignait alors cet âge). La situation actuelle avec la retraite à 62 ans, est que ce sont 25% des salarié-es les plus pauvres qui sont déjà décédé-es et que l'espérance de vie en bonne santé connaît un recul (elle s'établit à 64,1 ans pour les femmes et 62,7 pour les hommes). Donc avec E. Macron, c'est la promesse d'une grande marche arrière toute !

M. Le Pen est l'autre Thenardier de l'élection présidentielle, qui partage avec E. Macron les projets de mise au pas des salarié-es et de régression sociale ! Avec son programme toute personne entrée dans l’emploi à partir de 24 ans devra cotiser 42 annuités pour toucher la retraite à taux plein. Si vous - ou vos enfants - souhaitez faire des études jusqu'à Bac +5, votre retraite sera à 67ans, c'est-à-dire bien au delà des seuils moyens d'espérance de vie en bonne santé actuels ! M. Le Pen est bien aussi l'autre candidate de l'accroissement des inégalités : entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres, rappelons qu'il y a 13 années d'écart d'espérance de vie à la naissance !

Il reste donc quelques jours pour que tous les jeunes qui votent Mélenchon aillent convaincre leurs grands parents de ne pas voter Macron ou Le Pen. Pour cela un argument simple à faire valoir : Macron et Le Pen partagent un projet commun, celui de vouloir faire travailler les enfants et les voir mourir au travail comme au 19ème siècle !

@jsoldeville

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