En effet un amendement à la proposition de loi visant à « démocratiser » le sport, a été déposé par la députée LREM Céline Calvez, et a été adopté en commission le 3 février, qui prévoit de créer des associations sportives locales hors de l'Usep*. C'est la porte ouverte à la privatisation de l'enseignement du sport dans le primaire !
Celles-ci n’offriront « aucune garantie en termes de qualité, de sécurité et d’engagement des communautés éducatives pour des activités qui touchent pourtant à des apprentissages corporels décisifs pour les enfants », écrivent la Ligue de l'enseignement et l'Usep*.
En d'autres termes, voilà la porte ouverte à toutes les dérives, et c'est la fin programmée du cadre laïc et républicain à l'école primaire pour les activités sportives. Après cela, la députée Chalas pourra toujours s'afficher en défenseuse intransigeante de la laïcité ...
Un élément clé de notre récit commun sur l'école à été écrit il y a 150 ans avec la création des écoles normales d'institutrices et d'instituteurs, cadre dans lequel le sport scolaire a pris son envol. Jusqu'en 1872 le Cours Normal (créé en 1843), qui avait la mission de former les institutrices et les instituteurs, était annexé a un établissement privé, mais le changement en Ecole Normale l'a libéré de la subordination au privé.
En 1882 l'école normale des institutrices (actuellement rue J.Bock, annexe de l'hôtel du département) a été déplacée de st-Egrève à Grenoble. Le témoignage émouvant de Maria L. (13 ans en 1882) sur la construction de l'école : « J'ai vu construire l'école normale. J'allais voir, comme tous les gens du quartier, enfoncer les pilotis dans l'eau. L'endroit était très humide, à 6 mètres au moins au dessous du niveau de l'Isère ... (et) au fur et à mesure que les murs s'élevaient, on disait que cette école était l'une des plus belles de France. »
En 1924, en face de la plus belle école de France, s'élèverait la Tour Perret, un temps la plus haute tour du monde en béton. La même année Simone de Beauvoir et Francoise Dolto passaient leur Baccalauréat (créé par Camille de See en 1880) comportant pour la première fois les mêmes épreuves que les garçons.
Les premiers cours d'éducation physique pour les filles avaient lieu en le plus souvent vêtements quotidiens (jupe aux chevilles) y compris en gardant le corset ; l'enseignante « officiant en robe à traîne balayant la sciure ou la poussière du préau » (témoignage de 1910).
La première société sportive scolaire pour filles à Grenoble remonte au début de l'année 1924 (elle concernait le basket ball) et la généralisation de la pratique des sports (notamment celle des sports de montagne très prisée à Grenoble) remonte à la période 1926-39. Petain mettra fin provisoirement à cela en fermant l'école normale d'institutrices en octobre 1940.
@jsoldeville
* Union sportive de l'enseignement du 1er degré
** source : Histoire de l'Ecole Normale d'institutrices de Grenoble, Julien Clavel, 1967