Comme évoqué dans un précédent billet, le rouleau compresseur de la Révision Générale des Politiques Publiques va continuer à être déployé à la rentrée 2012 avec 5 postes d'enseignants supprimés et un nombre non déterminé de postes d'administratifs qui risquent bien eux aussi de « passer à la trappe ».
Mais encore faut-il rappeler le contexte très particulier dans lequel ces suppressions s'inscrivent: alors qu'à la rentrée 2010, le lycée Mounier accueillait près de 240 élèves en 2nde (soit 7 classes avec un effectif maximum de 35 élèves), suite à une décision illégale du président de Région, ceux-ci ont été réduits à 105 élèves par le recteur (soit 3 classes).
Or, cette décision illégale est intervenue dans le cadre de la réforme des lycées qui consiste en classe de 1ère à diminuer les besoins dans un certain nombre de disciplines comme le français, les mathématiques ou l'histoire-géographie en regroupant les élèves de sections différentes (par exemple L et ES) dans ces matières. On aura compris que cela permet d'effectuer de substantielles économies de moyens, même si cela ne se fait pas toujours dans l'intérêt des élèves...
Cette réforme pénalise également les petits établissements et les petites structures : c'est la raison pour laquelle certains recteurs ont fait le choix d'accorder des moyens supplémentaires corrigeant l'inégalité de fait entre petites et grandes structures. C'est le cas de l'académie de Lille qui accorde une dotation supplémentaire de 30 heures aux établissements dont les effectifs sont inférieurs au niveau de 1ère à la médiane de 152 élèves en enseignement général « de manière à leur offrir une marge de manoeuvre ».
On le comprend donc ainsi : le lycée Mounier, un établissement oeuvrant pour la mixité sociale, qui voit disparaître plus de la moitié de ses élèves de 2nde suite à une décision jugée illégale par un tribunal se voit l'année suivante à nouveau pénalisé en terme d'attribution de moyens dans le cadre de la mise en oeuvre de la réforme des lycées! Qu'est-ce donc, si ce n'est une « double peine » infligée à un établissement, à ses équipes pédagogiques, aux parents et aux élèves?
La question est posée : veut-on faire « payer » à une communauté éducative l'outrecuidance de s'être levée contre l'injustice, d'avoir résisté à l'arbitraire, avant d'avoir finalement gain de cause au tribunal? « Ils parlent toujours au nom de la loi, même en la violant, quiconque ose la défendre contre eux est un séditieux, un rebelle : il doit périr ».