Bilbao et le pays basque célèbrent ces jours-ci avec une grande ferveur Aste Nagusia ou « La Grande Semaine » ; mais comment faire la fête sur un fond d'évènements historiques tragiques et de génocide ?
Des peintures murales réalisées pour l'occasion font référence à l'année 1937, au bombardement tragique de Guernica par la Légion Condor et à la prise de la capitale de la Biscaye qui s'ensuivit par l'armée nationale-catholique.
Doit-on alors être surpris par l'importance du soutien populaire accordé au peuple palestinien au pays Basque, qui contraste avec la timidité, voire parfois même le silence qui règne en France à ce sujet. Ainsi beaucoup d'édifices publics sont ornés du drapeau palestinien, dont la mairie de Guernica. Un symbole très puissant !
Mais pourquoi ce soutien ? Les Basques n'ont pas oublié l'anéantissement de Guernica le 26 avril 1937 qui produisit alors un effet de sidération propre à empêcher toute résistance. Le général Mola à la tête de l'armée des fascistes ne menaçait-il pas Bilbao d'une destruction totale ?

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La propagande jouait à fond. La presse bourgeoise en Espagne comme en France accusait les « rouges » et les « séparatistes » des pires maux.
Les groupes d'extrême-droite comme l'Action française usaient déjà de leurs puissants relais dans la presse. Par exemple n'étaient-ce pas les «rouges» qui avaient en fait incendié l'église San Juan et étaient à l'origine de la destruction de Guernica ? Déjà des fake news reprises à l'envi par Franco et ses sbires !
Mais, en France la résistance s'organisait : un Comité pour Bilbao chargé d’envoyer des vivres dans la capitale de la Biscaye. Aujourd'hui, la Flottille de la liberté reprend une nouvelle fois la mer afin de tenter de briser le blocus qui affame Gaza.
Cette campagne était également associée à la publication d’articles critiquant la politique de la France dans le conflit espagnol comme celui paru dans L'Humanité, le 3 mai 1937 : « Que faudra-t-il, quelles nouvelles horreurs, combien de morts supplémentaires, combien de femmes et d’enfants massacrés pour que le gouvernement français rompe avec sa tragique erreur et sa déplorable illusion ? Il n’a pas voulu nous entendre lorsque nous lui disions que, dans la pratique, la fausse non-intervention, la non-intervention duperie, était meurtrière pour la démocratie et la paix. »
Des mots qui conservent leur sidérante actualité dans un contexte différent.
Pourtant, il y eut en 1937 une sorte de miracle quand Blum décida d'envoyer la marine française pour sauver les femmes et les enfants basques pris au piège du siège de Bilbao.
Qu'en sera-t-il en 2025 avec les Palestinien·nes ? Il y aura-t-il enfin un sursaut moral des Etats européens ?